Quel bilan pour la piétonnisation estivale de la rue Wellington à Verdun ?

Cet été encore, la piétonnisation de la rue Wellington à Verdun a connu un vif succès avec de nombreuses personnes au rendez-vous pour y déambuler. Au total, ce sont 2 021 773 passages qui ont été comptabilisés par la SDC Wellington.

« Ça a été une très belle édition. Les gens étaient au rendez-vous, malgré la météo particulière que nous avons eue cet été. Les chiffres sont stables par rapport à 2022 », explique la directrice des opérations à la SDC Wellington, Julie Pilon-Cousineau.

Selon elle, les commerçants ont particulièrement aimé la programmation cet été. Cette programmation était offerte par la Maison de la culture – Quai 5160, des appels à projets pour les citoyens et les commerçants, mais aussi par la SDC, avec notamment le Festival de marionnettes et la traditionnelle vente-trottoir.

Enjeux de cohabitation sur la Well

« Au niveau des enjeux, il y a beaucoup la cohabitation piéton-vélo qui ressort, mais aussi les autres modes de transport. On a essayé de faire de nouvelles initiatives pour passer le message. L’Arrondissement de Verdun a installé des dos d’âne à certains endroits. Des délinquants à vélo, il va toujours y en avoir », nuance-t-elle en ajoutant que la question du stationnement a aussi été soulevée.

Une consultation publique sur la piétonnisation à l’année s’amorcera bientôt.

« On le prend comme une belle tape dans le dos, comme quoi on fait du bon travail et que les gens apprécient notre projet. On a hâte de voir ce qui va sortir de cette consultation. On espère que tous les commerçants et les résidents de la Well pourront être consultés », dit-elle en soulignant que l’accessibilité demeure un enjeu à surveiller.

Mme Pilon-Cousineau se garde bien d’émettre une opinion officielle sur la piétonnisation de la rue Wellington à l’année, puisque la SDC devra consulter ses membres sur la question. Mais, elle mentionne que certains types de commerce en bénéficieraient grandement, tandis que d’autres pourraient constater un impact négatif sur leur chiffre d’affaires.

Il est encore trop tôt pour connaître les dates de la piétonnisation en 2024. Elles seront annoncées plus tard.

Un bilan positif et une envie de prolonger l’expérience

Manuel Perrier est copropriétaire du Café Jardin depuis quelques mois, mais il travaille depuis plus de 12 ans sur la rue Wellington.

Il explique qu’avant les efforts de revitalisation et la piétonnisation saisonnière, la vitalité commerciale n’était pas au rendez-vous.

« Ma clientèle évolue : en plus des locaux, on a des touristes. La rue piétonne, c’est devenu une attraction touristique. C’est dommage que ça dure peu de temps. La qualité de vie, quand on a des autobus et des camions et des pots d’échappement, ce n’est pas pareil. La période de piétonnisation, c’est précieux », analyse-t-il.

Sa clientèle est fidèle à Verdun tout au long de l’année, mais va généralement partir en vacances durant l’été. C’est à ce moment-là que les touristes prennent un peu leur place. Ainsi, le chiffres d’affaires de son café demeure stable, mais ses heures d’achalandage sont très différentes.

« La totalité de notre clientèle regrette que [la piétonnisation] ne soit pas plus longue et attend avec impatience le début à chaque année », conclut-il.

Un bilan plus mitigé et davantage de flexibilité réclamée

De son côté, la propriétaire verdunoise de la Fromagerie Copette, Cristel Henssen, apprécie la rue piétonne, les soirs et le weekend, mais pas le jour.

Les camions de livraison doivent continuer à passer et la piétonnisation complique également la collecte des ordures le mercredi, selon la commerçante.

« C’est plus agréable une rue piétonne qu’avec des voitures, mais il y a beaucoup de trafic à vélo (…) c’est dangereux, » remarque-t-elle avant d’ajouter que « les gens sont moins portés à se promener quand la météo est incertaine ».

Mme Henssen voit également une différence entre les restaurants et les commerces de détail avec une clientèle plus large qui est davantage susceptible de se déplacer en voiture.

« Une rue piétonne, il faut la modifier. Il faut qu’elle arrive à plaire au plus grand nombre. Les personnes âgées ou avec des problèmes de mobilité ne viennent plus. Il faut aussi penser à eux », plaide-t-elle.

Elle cite en exemple des rues à Québec qui sont ouvertes à la circulation automobile, seulement avant 16h. Elle croit que cela favoriserait la vitalité et la mixité commerciale.

La photo en haut de cet article de la rue Wellington piétonne à Verdun a été prise en juin 2023 par Karine Joly.