L'entrée du Natatorium de Verdun, condamnée depuis plusieurs années ( 21 avril 2024)
Actualités Affaires civiques Affaires d'ici Arrondissements Loisirs Municipal Urbanisme Verdun

Natatorium de Verdun : le pavillon des baigneurs devrait être reconstruit d’ici 2030

Pourquoi laisser Facebook décider si les nouvelles d'ici sont importantes pour vous ?Abonnez-vous à notre infolettre gratuite du vendredi pour continuer de vous informer sur l'actualité et les activités de votre quartier à Lachine, LaSalle, Verdun-IDS et dans le Sud-Ouest !

La mairesse de Verdun, Marie-Andrée Mauger, a annoncé que le pavillon des baigneurs du Natatorium de Verdun devra être reconstruit mais que les bassins extérieurs seront conservés, lors d’une soirée d’information et d’échanges sur le projet qui se tenait à la mairie d’arrondissement le 30 avril. C’est le scénario recommandé par le Service de gestion et de planification des immeubles de la Ville de Montréal (SGPI).

Mme Mauger a toutefois précisé vers la fin de la période de questions que « ce n’est pas coulé dans le béton ».

Questionnée sur l’éventualité que cet espace serve de futur centre aquatique et sportif pour l’arrondissement de Verdun, l’équipe des communications a confirmé dans un courriel à Nouvelles d’Ici qu’« aucun centre aquatique n’est prévu à cet endroit ».

Le bâtiment du Natatorium est fermé à la population depuis plusieurs années. Des travaux de rénovation ont débuté à l’automne 2017, avant d’être suspendus en raison de la détérioration avancée du bâtiment. Des fissures importantes dans le toit du pavillon des baigneurs et de l’amiante ont été trouvés lors des travaux.

Inauguré le 12 juillet 1940, le Natatorium accueille normalement entre 50 000 et 70 000 personnes par année. Avant de pouvoir procéder à sa reconstruction, la Ville de Montréal devra obtenir les autorisations nécessaires pour le démolir. Après, des travaux devraient s’amorcer en 2027, date à partir de laquelle les bassins seront temporairement fermés pour la durée du chantier. La réouverture se ferait alors à l’été 2030.

La reconstruction est évaluée à 30 M$, tandis que la restauration coûterait 40 M$.

En 1973, l’édifice a subi une première restauration avec la reconstruction du toit-terrasse. D’autres travaux ont eu lieu avec, notamment, la construction d’un chalet de service pour la piscine en 1990. Enfin, une troisième restauration a eu lieu en 2005 avec l’ajout d’une pataugeoire chauffée pouvant accueillir 250 enfants.

Le Service de gestion et de planification des immeubles de la Ville de Montréal est responsable des travaux. Après une analyse de différents rapports d’expertise, le SGPI a recommandé ce scénario et un échéancier pour le projet du Natatorium de Verdun. L’ensemble a été dévoilé à la population lors de la séance d’information du 30 avril, devant une salle comble. Le nombre d’inscriptions ayant dépassé la capacité d’accueil de la salle du conseil, une autre salle au 5e étage de la mairie d’arrondissement avait dû être ouverte. La séance était également webdiffusée et plus de 250 personnes l’ont regardé en direct.

Natatorium de Verdun - vue arrière
Natatorium de Verdun – vue arrière (21 avril 2024) – Crédit photo : Karine Joly

Une détérioration avancée du Natatorium

« Au niveau du toit, il y a de grands signes de détérioration des poutres, ce qui a mené à la pose d’un système de soutènement. Au niveau du plancher, il y a une présence d’ions chlorure dans le béton armé qui amène la dégradation. Au niveau des fondations, d’importantes fissures ont été observées », a affirmé Patrick Léveillé, chef de division sports, loisirs et développement social à la Ville de Montréal qui a présenté l’état du bâtiment lors de la soirée.

Les plafonds sont aussi en mauvais état. Il y a des traces d’infiltration d’eau, en plus de la présence d’amiante dans les revêtements de plafond et de murs. Le béton des bassins est en bon état, mais une réfection complète du pourtour et de la tuyauterie devra être faite. Le drain du bassin profond devra aussi être refait.

Les différents scénarios ont été évalués lors d’ateliers de concertation intégrée en 2022. M. Léveillé a aussi présenté les avantages et inconvénients reliés à chacun d’entre eux. La maîtrise difficile des coûts et un écart budgétaire de 36% entre la reconstruction et la restauration ont, entre autres, fait pencher la balance.

Une reconstruction qui inclurait des éléments patrimoniaux

« Ce qu’on propose, c’est de demander à nos concepteurs de réinterpréter les valeurs patrimoniales, mais d’une façon contemporaine », a ensuite déclaré Annie Longpré, chef d’équipe, gestion de projets immobilier à la Ville de Montréal.

La vision proposée est de « construire un bâtiment signature qui offrira l’expérience de la coulée verte et bleue, en intégrant le bâtiment dans le parcours du parc, dont le point culminant sera l’accès à la toiture par une rampe promenade racontant l’histoire du Natatorium ».

Une salle de réunion bondée
Capture d’écran YouTube de la soirée d’information et d’échange sur le projet du Natatorium

Une séance de questions et réponses houleuse

La très grande majorité des personnes présentes ont exprimé leur colère par rapport au scénario proposé. Quelques rares personnes ont toutefois fait valoir les avantages d’une reconstruction.

« Généralement, on privilégie toujours au Québec de détruire et construire quelque chose de nouveau, alors qu’on ne garde pas l’histoire fondamentale d’une ville. Vous avez une tendance malheureuse à tout défaire. Vous allez détruire une pièce unique au monde », s’est exclamé un résident.

« Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on le fait. C’est un bâtiment en béton, très mal en point. Corriger du béton, c’est très coûteux et c’est très difficile. On a eu des expériences où on a essayé de conserver du patrimoine et qu’on a finalement dû reconstruire. On a perdu beaucoup de temps », a répondu Michel Soulières, directeur de gestion de projets à la Ville de Montréal en ajoutant que même en cas de rénovation, la durée de vie demeure plus faible.

« Ne m’arrivez pas avec un bâtiment qui ressemble à une soucoupe volante, moi je veux un bâtiment art-déco comme le Natatorium. Je veux quelque chose qui y ressemble. On l’aime le Natatorium », a tenu à dire une résidente.

Une rare voix discordante dans l’assistance a mentionné « l’odeur, l’état des lieux. Vous demandez à tout le monde de rénover, mais les nouvelles générations pourraient vraiment profiter d’une réfection. Ça coûte beaucoup plus cher de réparer. Je comprends que c’est un bâtiment historique et j’ai un sentiment d’appartenance ». Cette résidente propose un concours public d’architecture où les Verdunoises et Verdunois pourraient s’exprimer.

Une riche histoire qui tirerait à sa fin pour le pavillon des baigneurs

Le Natatorium de Verdun est la première piscine extérieure montréalaise. Dans les premières années de sa construction, il était d’ailleurs considéré comme la plus grande piscine publique extérieure du Canada avec sa capacité totale de 1250 baigneurs, jusqu’à la construction de la piscine du parc Jean-Drapeau.

La ville de Verdun avait reçu une subvention de 500 000 $ en 1938 du gouvernement provincial pour la réalisation de deux projets d’envergure : la construction d’un aréna (le futur Auditorium) et d’une piscine extérieure, le Natatorium.

De style art déco, il est classé comme « bâtiment municipal d’intérêt patrimonial » par la Ville de Montréal. Les plans originaux ont été dessinés par l’architecte et concepteur H.C. Sturgess. La préparation des plans finaux et la construction ont été réalisées par l’ingénieur en chef de la Ville de Verdun, à l’époque, Henry Hadley.

« L’édifice a conservé la majorité de ses caractéristiques architecturales extérieures. En général, l’édifice possède un bon degré d’authenticité à l’extérieur, si ce n’est de la disparition de tous les blocs de verre qui encadraient les fenêtres », indique la Ville de Montréal sur la fiche du bâtiment de son répertoire des propriétés municipales d’intérêt patrimonial.

« Symbole important pour l’arrondissement de Verdun et familier pour la population de l’ouest de l’île de Montréal, il constitue un point d’intérêt important pour la population locale », peut-on y lire également.

De plus, un énoncé de l’intérêt patrimonial a été publié en 2019, sur le site web de la Ville de Montréal, en vertu du processus d’évaluation patrimonial d’un lieu.

La photo en haut de cet article a été prise par Karine Joly le 21 avril 2024.


Dernières nouvelles d’ici


L’information locale, c’est important pour vous ?

Saviez-vous que vous pouvez vous impliquer dans ce journal numérique 100% local, à but non lucratif et indépendant qui a rejoint 199 135 lectrices et lecteurs en 2023 avec une équipe majoritairement composée de bénévoles.
Rejoignez notre équipe pour couvrir l’actualité locale de LaSalle, Lachine, Verdun et du Sud-Ouest ou si vous avez une entreprise, un commerce ou un organisme, devenez un Partenaire d’Ici pour vous faire connaître des milliers de personnes qui nous lisent chaque semaine tout en aidant à assurer la viabilité de notre journal à but non lucratif.

Pourquoi laisser Facebook décider si les nouvelles d'ici sont importantes pour vous ?Abonnez-vous à notre infolettre gratuite du vendredi pour continuer de vous informer sur l'actualité et les activités de votre quartier à Lachine, LaSalle, Verdun-IDS et dans le Sud-Ouest !
Carl Sincennes, Initiative de journalisme local
En tant que journaliste, Carl couvre les affaires municipales et civiques pour Nouvelles d’Ici dans le cadre de l’Initiative de journalisme local. Il couvre l'actualité du sud-ouest de Montréal depuis 2019. Après avoir fait ses classes dans plusieurs stations régionales de Radio-Canada au pays, il a été journaliste pour le Messager LaSalle (devenu Métro LaSalle, durant son passage) et la radio CKVL, avant de rejoindre Nouvelles d’Ici. Carl a un baccalauréat en journalisme de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM). Intégrer l’équipe de Nouvelles d’Ici était donc pour lui la suite naturelle des choses.