Rue Notre-Dame à Lachine : à sens unique, avec de plus grands trottoirs et moins de stationnement

Une portion de la rue Notre-Dame à Lachine, entre la 6^e et la 20^e, sera réaménagée au cours des prochaines années. La Ville de Montréal, responsable de cette artère, a présenté le concept retenu au public lors d’une soirée d’informations et d’échanges, le 4 avril, à la mairie d’arrondissement.

« Je suis très fébrile, car c’est un immense pas. Ça s’en va dans un mois en plan et devis pour un début des travaux à l’automne 2025. On va enfouir l’entièreté des fils électriques, de la 20^e à la 6^e Avenue », a affirmé la mairesse de Lachine, Maja Vodanovic, au début de la séance. Cette réfection devenait nécessaire, en raison des infrastructures souterraines vieillissantes dans le secteur.

Un long processus de consultation et des travaux qui débuteront à l’automne 2025

Depuis avril 2021, plusieurs consultations et séances d’informations, dont une au mois de juillet réservée exclusivement aux propriétaires de commerces, ont été menées par Lachine et la Ville de Montréal. En 2023, la ville-centre a entamé la démarche de planification pour le réaménagement. Quelques mois avant les travaux, elle dévoilera le projet définitif. S’amorçant à l’automne 2025, juste à temps pour les prochaines élections municipales en novembre 2025, le chantier devrait prendre de 2 à 3 ans avant d’être complété, jusqu’au retrait des poteaux d’Hydro-Québec, la dernière étape.

Une représentante de la ville-centre a indiqué qu’une étude du territoire avait été faite sur plusieurs éléments, dont le transport. « La rue Notre-Dame est marquée par une forte présence de piétons, avec un achalandage de 19% des utilisateurs, mais l’espace qui leur est alloué est très faible. En contrepartie, 75% de l’espace est dédié à la voiture, alors que le débit n’est pas élevé », dit-elle en ajoutant que la part des vélos et du transport en commun est faible.

Selon l’étude, les aménagements sont déficients et problématiques pour les personnes à mobilité réduite.

Notre-Dame à sens unique de la 6e à la 18e

Trois scénarios ont été étudiés, mais c’est celui de la rue transformée qui a été retenu. La section entre la 6^e et la 18^e sera donc à sens unique avec une voie de circulation au sud et une voie de stationnement au nord, tandis que celle entre la 18^e et la 20^e demeurera à double sens.

Selon la représentante de la Ville de Montréal, 310 places de stationnement resteraient inoccupées dans le secteur et 8 stationnements municipaux hors-rue, gratuits, pour 80 places de stationnement inoccupées. Le nouveau concept pour la rue Notre-Dame prévoit donc le retrait de 50% des places actuelles sur la rue Notre-Dame.

Dans cette proposition, de la signalétique distinctive sera installée au début et à la fin de cette section, à l’image des marquises sur la rue Wellington, à Verdun. Puisqu’il n’y aura pas de piste cyclable sur la rue Notre-Dame, il est proposé d’installer quelques supports à vélo grand format.

Avec le rétrécissement de la chaussée pour les véhicules, la taille des traverses piétonnes sera réduite et les trottoirs seront considérablement élargis. Ils permettront l’installation de mobilier urbain et de la végétation, mais aussi des terrasses pour les cafés et restaurants.

« Ce n’est pas qu’il manque de stationnement, mais celui qui existe est mal géré. Il n’y a pas assez de roulement, il y en a qui sont stationnés très longtemps sur l’artère, ce qui empêche les gens de se stationner devant les commerces », a indiqué une autre fonctionnaire municipale de la ville-centre. L’idée de tarifer le stationnement est donc envisagée.

Les arbres existants seront retirés, car « ils sont en mauvaise santé et à très bas déploiement. Les branches sont très proches des visages. Ce ne sont pas des arbres qui vont jouer le rôle que l’on souhaite », ajoute-t-elle. Environ 105 arbres remplaceront la cinquantaine d’arbres actuellement présents sur Notre-Dame.

De plus, il y aurait du granit sur le bord de la rue, comme dans le Vieux-Montréal et du mobilier personnalisable.

Durant les travaux, un agent de liaison sera mis à la disposition des commerçantes et commerçants ainsi que des résidentes et résidents. L’accès aux résidences et aux commerces sera maintenu en tout temps. Par ailleurs, il n’y aura pas de travaux la nuit.

Des programmes de subventions permettront de compenser les commerces locaux durant les travaux.

De l’engouement, mais aussi beaucoup de questions et de mécontentement

Une longue période de questions et réponses a suivi la présentation.

Bon nombre de personnes ont mentionné l’enjeu du stationnement. « On dit qu’il y a le nombre de stationnements nécessaires, mais ce n’est vraiment pas le cas. Je suis super emballé par le projet, mais c’est sûr que ça va devenir problématique », a affirmé une commerçante en demandant s’il était possible d’adapter les heures de nettoyage dans les rues transversales pour mitiger les impacts.

Un autre commerçant ayant pignon sur rue depuis 60 ans a mentionné qu’il y avait seulement 21 espaces de stationnement sur sa rue pour une centaines de portes et se demande si les locataires devraient avoir priorité.

Une commerçante se demandait ce qu’il se passera avec le transport en commun. On lui a répondu que la STM procède actuellement à une refonte dans le secteur de Dorval-Lachine-LaSalle. La société de transport est au courant des plans pour la rue Notre-Dame. Cette personne se demandait également ce qu’il va arriver pour les vélos. « On fait une étude de circulation dans le secteur de la 25e Avenue, Victoria et Saint-Joseph pour que ça fonctionne bien. Elle devait être finie, mais en raison de la grève dans les écoles, ce n’est pas encore le cas », a précisé Mme Vodanovic.

Une personne a dit de son côté que la rue Notre-Dame est une rue de « commerces de destination, que les clients font 2-3 commerces et s’en vont ». Elle salue la grande place faite aux végétaux, mais ne croit pas qu’il soit nécessaire d’élargir les trottoirs. 

Elle se demandait aussi pourquoi les fils d’Hydro-Québec seront enfouis, tout comme les autres fils d’ailleurs. La mairesse d’arrondissement lui a répondu que ce n’est pas seulement pour permettre à la végétation de s’étendre, mais aussi pour limiter les pannes de courant causées par les intempéries. Cet enfouissement des fils ne sera pas sans frais pour les clients, mais des subventions sont prévues.

« On va utiliser nos stationnements municipaux pour les clients, pour qu’ils soient réservés pour les clients. Je ne pense pas qu’on est rendus au parcomètre. On veut que les gens viennent. On va voir comment on s’adapte », a conclu la mairesse de Lachine.

La photo en haut de cet article a été prise par Carl Sincennes en mars 2023.