Participer au Vendredi fou pour rembourser le prêt pandémie ?

Plusieurs entrepreneurs ont dû contracter des prêts durant la pandémie afin de pouvoir survivre aux périodes d’arrêt obligatoires de leurs activités. Ce fut entre autres le cas de Marigold qui crée, produit et vend des vêtements sur la rue Wellington à Verdun. C’est pour éviter de payer les frais des intérêts que sa propriétaire, Maryline Baril, a dû se résoudre à participer au Vendredi fou cette année.

Au-delà de sa boutique à Verdun, elle produit des vêtements pour d’autres enseignes un peu partout au Canada.

Plus difficile pour l’achat local aujourd’hui

« Durant la pandémie, j’avais toute ma collection prête et les boutiques de vente en gros m’ont dit : non, on ne veut pas recevoir ton stock. L’après COVID-19 est difficile pour les entrepreneurs. Il y a eu une montée de l’achat local pendant la pandémie, mais les gens sont revenus à la normale », explique Marilyne Baril, designer propriétaire de Marigold.

Même si elle fait du « slow fashion », elle doit tout de même produire un peu plus que ses commandes, au cas où il y aurait des défauts, mais aussi au cas où la collection s’écoule et que les détaillants en veulent plus.

« Le gouvernement nous demande de rembourser un prêt qui nous a aidé durant la pandémie, mais on n’a pas fait deux fois plus de ventes cette année pour être capable de rembourser le prêt en totalité. J’en connais beaucoup dans le domaine qui décident de fermer et de changer de métier », raconte-t-elle.

Plus spécifiquement, c’est le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC) qui est en cause ici. Le taux d’intérêt du CUEC est de 0 % par année jusqu’au 18 janvier 2024. Il va ensuite passer à 5 % par année. Les entreprises ont jusqu’à 2026 pour rembourser l’intégralité de ce prêt.

« Là, il faut que je fasse un gros boom, même si pour moi, de vendre un vêtement à 80% de rabais, je trouve ça ridicule, parce que le vêtement, il a la même valeur qu’au début. Mais là, j’ai de l’inventaire et je dois le liquider pour être capable de continuer sans prendre un prêt à 12 %, par exemple », se résigne la designer propriétaire.

Il y a donc une méga vente de ses anciennes collections du 22 au 29 novembre.

Pour Mme Baril, la transparence est une valeur clé et c’est pourquoi elle en parle sans gêne. Elle a ainsi publié une vidéo sur le sujet sur la plateforme Vimeo qui a été repartagé par des clientes et des entrepreneurs de son réseau.

« Mon but, ce n’est pas de faire acheter le plus de vêtements possibles pour m’enrichir, je veux juste vivre de ma passion. Cela ne fait pas de sens de faire des méga ventes, de liquider à chaque fin de saison et d’envoyer le restant aux poubelles, comme les grosses entreprises de « fast fashion » », dit-elle.

Elle souligne d’ailleurs la solidarité des Verdunoises et des Verdunois depuis le début de son aventure.

D’autres aides disponibles pour les commerces locaux d’ici ?

Parallèlement, PME MTL Grand Sud-Ouest était responsable de la distribution de deux aides d’urgence : le Fonds d’aide et de relance régionale (FARR), provenant du fédéral et le Programme d’aide d’urgence pour les PME (PAUPME), venant du provincial.

Au total, ce sont 8,4 millions qui ont été octroyés juste pour le Grand Sud-Ouest (LaSalle, le Sud-Ouest et Verdun). « 56% de ces 8,4 millions ont déjà été remboursés et les entreprises, selon leur entente, ont entre 36 et 60 mois pour rembourser le capital », confirme Juliette Belle, conseillère communication-marketing de PME MTL Grand Sud-Ouest.

Questionné à ce sujet, le député de LaSalle-Émard-Verdun, David Lametti, n’avait pas encore répondu à notre demande d’entrevue au moment d’écrire ces lignes. Toutefois, sa conseillère principale, Nicole Picher, nous a répondu par courriel que « le prêt CUEC a été accordé pour aider les petites entreprises, pendant une période où les revenus étaient faibles. Il ne porte pas d’intérêt et est partiellement renonçable ; un délai de remboursement a été prévu ».

La photo en haut de cet article provient de CANVA.