Transport structurant du Grand Sud-Ouest : un comité de soutien pour les scénarios avec le tramway

À l’invitation d’Imagine Lachine-Est et du Groupe de recommandations et d’actions pour un meilleur environnement (GRAME), des représentants d’organismes et des gens du Grand Sud-Ouest ou d’autres quartiers montréalais se sont retrouvés le 1^er février afin de lancer un comité de soutien aux options tramway pour le projet de transport structurant du Grand Sud-Ouest et ailleurs dans le Grand Montréal.

Présenter les options de transport structurant

La rencontre s’est amorcée par une présentation de Daniel Chartier, du Collectif en environnement de Mercier-Est qui a relaté la genèse de ce qui devait au départ être le tramway de l’Est. Ce projet s’est ensuite transformé en REM de l’Est, pour finalement être abandonné par le gouvernement du Québec avant qu’un nouveau projet de tramway soit à l’étude.

« Sous tous les aspects, le REM, c’est une catastrophe et CDPQ Infra, c’est une catastrophe. L’idée de financer sur 198 ans un projet, alors que normalement, on fait ça sur 30 ans, c’est monstrueux. Ça viderait les autres transports collectifs. En termes de gouvernance, ils font semblant de consulter », s’est exclamé M. Chartier.

Dans une longue présentation imagée de Jean-François Lefebvre, chargé de cours au département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM mais aussi impliqué dans Imagine Lachine-Est et le GRAME, ce dernier a montré les différentes options de transport structurant pour le Grand Sud-Ouest et le Grand Montréal. Il a également partagé son plan d’un réseau de tramways à grande échelle.

Bien que M. Lefebvre salue le travail de l’ARTM concernant les consultations entourant le projet de transport structurant du Grand Sud-Ouest, il émet quelques critiques.

« Si on veut présenter les choses, il faut le faire de façon comparable. Pour avoir quatre stations de métro, ça coûterait 6 G$ et pour 6 stations de métro, ça coûterait 9 G$. On est rendu à 1 G$/km, même un peu plus. On ne doit pas comparer avec un petit bout de tramway qui coûterait 1,5 G$ », illustre-t-il. Selon lui, il faut donc voir tout ce qu’il est possible de faire en tramway avec 9 G$.

Un grand réseau de tramways pour Montréal

C’est dans ce contexte que Jean-François Lefebvre propose un réseau de 65 stations de tramways sur 40 km dans le Grand Sud-Ouest. Ce plan prend en compte les scénarios proposés par l’ARTM, soit les scénarios E et B combinés. Le GRAME appuie cette une proposition.

Son scénario bonifié aurait des arrêts dans le futur écoquartier Lachine-Est et des antennes dans le parc industriel de Lachine, puisqu’il faut non seulement relier les secteurs résidentiels, mais aussi les pôles d’emploi. Il propose également de se rendre jusqu’à la station Berri-UQAM, par le boulevard René-Lévesque et de créer une extension sur la rue de la Commune dans le Vieux-Montréal.

Durant la rencontre, il en a profité pour présenter les résultats d’une étude qu’il a réalisée avec Marc-Olivier Mathieu et Denis Allard, intitulé : « Analyse des temps de parcours du projet structurant de l’Est : comparaison tramway vs métro automatique léger ».

Cette recherche révèle qu’en tenant compte de l’ensemble du trajet de porte-à-porte, le tramway offre des temps de déplacements plus rapide que le métro automatique léger dans 69 % des déplacements simulés. Cela monte même à 77 % dans le cas d’un tramway-express qui pourrait sauter quelques stations.

« Nous sommes convaincus que ces constats s’appliquent au Grand Sud-Ouest », affirme M. Lefebvre.

L’audience réagit

Après avoir reçu toutes ses informations, l’assemblée était invitée à réagir.

Une première personne a mentionné que c’est la pression populaire de la société civile et des élus locaux qui fera avancer le dossier et a salué tout le travail fait par M. Lefebvre et le GRAME.

Un autre participant de Lachine a dit que « l’union fait la force » et qu’il était intéressé par la proposition. Toutefois, « il faut être prudent, on s’est fait garrocher la ligne rose, même si on savait que ça n’avait pas d’allure et là, on en parle plus du tout ». Il croit également que les citoyennes et citoyens peuvent facilement se perdre avec tous les chiffres. Pour lui, il est primordial de raccorder le réseau de l’Ouest à l’Est. Il a ajouté qu’il a un enthousiasme modéré pour le tramway.

Une résidente de Verdun était heureuse de la proposition. « On a tendance à vouloir des gros transports. Là, on est à l’échelle locale, avec beaucoup de stations. Il faut proposer des choses claires qui sont argumentées et cohérentes pour que les gens y adhèrent. Les gens sont mêlés et ne prennent pas position », a-t-elle dit en ajoutant que tous sont tannés de voir autant de délais dans la réalisation des projets de transports en commun.

Une autre personne a mentionné qu’il faudrait faire pression pour que CDPQ Infra ne puisse plus s’impliquer dans les transports collectifs, ce à quoi un autre participant a répondu que ce n’était pas le bon moment et qu’il faudrait plutôt se concentrer sur le transport structurant du Grand Sud-Ouest.

Prochaines étapes

Tout d’abord, il y aura deux autres présentations similaires, ouvertes au public, les 7 et 8 février. Il est aussi recommandé aux membres du comité d’inviter les gens à participer aux consultations publiques de l’ARTM, jusqu’au 11 février.

De plus, un dépliant intitulé : « Le tramway, clé du Projet structurant du Grand Sud-Ouest » sera distribué par les membres de ce nouveau comité en faveur du tramway.

Au cours des prochains jours, une lettre d’appui public au projet de transport structurant du Grand Sud-Ouest sera publiée. Il est possible qu’une autre, pour dénoncer CDPQ Infra cette fois-ci, le soit également un peu plus tard.

Le nouveau comité se rencontrera au cours des prochaines semaines pour développer ses stratégies.

La photo en haut de cet article a été prise par Carl Sincennes le 1er février 2024.