Le PPU de l’écoquartier Lachine-Est dévoilé

La version finale du Plan particulier d’urbanisme (PPU) du futur écoquartier Lachine-Est a été présentée mardi par la Ville de Montréal et l’Arrondissement de Lachine, à l’intérieur d’un des hangars de Dominion Bridge.

Jusqu’à 7800 logements devraient être construits sur ce vaste espace d’environ 70 hectares, dont 1200 logements sociaux et 620 abordables, grâce au Règlement pour une métropole mixte, aussi connu sous le nom de «20-20-20». Initialement, le zonage ne le permettait pas.

Même si rien n’a encore été confirmé officiellement concernant la ligne rose, l’implantation d’un mode structurant de transport collectif est inscrite dans le PPU. Durant la conférence de presse, la mairesse de Lachine, Maja Vodanovic et Robert Beaudry, le responsable de l’urbanisme, de la démocratie et de la participation citoyenne au comité exécutif de la Ville de Montréal, ont réitéré que le tramway est la voie à privilégier. L’intersection de la 6e Avenue et de la rue Victoria est même indiquée dans le plan d’ensemble.

Ce serait d’ailleurs « une condition sine qua non » pour la réalisation de l’écoquartier, selon Mme Vodanovic.

« On va désenclaver tout un secteur. Grâce au développement qui va se faire ici, grâce aux nouveaux arrivants, on va avoir une masse critique pour justifier le tramway et refaire l’échangeur Saint-Pierre de la bonne manière », s’exclame-t-elle.

Le PPU prévoit aussi, un parc, un centre sportif et communautaire, ainsi qu’une nouvelle école primaire. À ce propos, les discussions avec le Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB) sont en cours. Pour sa part, le terrain de 2044 mètres carrés sur lequel sera bâti le centre a déjà été acquis par Lachine, grâce au droit de préemption.

Jusqu’à 15 étages dans le futur écoquartier

Concernant les hauteurs et les densités, elles seront modulables, mais les bâtiments s’élèveront entre 4 et 15 étages. Aussi la zone du PPU va un peu au-delà de Lachine-Est pour mieux s’arrimer avec les environs.

« On ne peut pas faire autrement que mettre de la densité. C’est dense, mais de manière intelligente. C’est vraiment un bon secteur pour faire ça. Il y a un potentiel de faire différent sans déranger personne, mais au profit des gens qui vont habiter-là », précise Maja Vodanovic en entrevue avec Nouvelles d’Ici en ajoutant que sans cette densité, le projet ne serait pas viable pour les promoteurs, en raison des coûts de décontamination des sols.

Il est prévu que plus ou moins 22% du quartier soit composé de parcs ou d’espaces publics pour un taux de canopée de 25% et que le patrimoine industriel soit mis en valeur.

«On ne veut pas que l’auto soit devant chaque maison. On veut que les autos, soit en dessous de la terre, ou à côté du projet. On ne veut pas que les camions de poubelle et de compostage passent dans les rues. On veut une autre solution. On veut de la rétention d’eau en surface et de la biodiversité », a ajouté la mairesse de Lachine.

La rue Notre-Dame serait prolongée de quelques centaines de mètres, à l’intérieur du projet.

M. Beaudry souhaite que l’écoquartier se réalise au cours des vingt prochaines années et permet de soutenir 4000 emplois dans le quartier.

« C’est le fruit d’une démarche collaborative vraiment innovante entre la Ville, l’Arrondissement, les représentants du milieu, les propriétaires et beaucoup d’experts de l’urbanisme. C’est une excellente nouvelle, pas juste pour l’Arrondissement, mais pour la métropole et son avenir », ajoute-t-il.

Un Bureau partagé a été créé durant le processus de consultation et de préparation. Par ailleurs, la démarche citoyenne collaborative « L’Atelier Lachine-Est » (ALE), une démarche portée par l’organisme Concert’Action Lachine, continuera d’être financée par l’Arrondissement.

Imagine Lachine-Est réagit favorablement

« Ce qui m’a agréablement surpris, c’est de voir à quel point les forces communautaires, municipales et civiles sont vraiment regroupées. On parle d’une même voix dans le projet. C’est l’aboutissement d’une longue démarche. Je suis content de ce qui en est ressorti », affirme Arnaud G. Veydarier, président du conseil d’administration d’Imagine Lachine-Est, un organisme sans but lucratif, ayant pour mission de faire la promotion de pratiques et de politiques favorisant le développement urbain durable et écologique.

Il ajoute que l’option retenue du tramway est très intéressante et pense que Lachine-Est pourrait devenir un modèle

Pour sa part, le fondateur de cette organisation et chargé de projet, Jean-François Lefebvre, se réjouit que son organisme et le milieu ait été entendu tout au long du processus et souhaite lui aussi que ce modèle soit la nouvelle norme. Par ailleurs, il mentionne que le tramway fait consensus, selon les consultations. « Le retour du tramway est inévitable », dit-il.

D’après lui, le principal élément manquant dans le PPU est l’instauration « d’un programme d’accompagnement personnalisé » pour chaque nouvel arrivant. Cela lui permettrait de savoir quels moyens de transport sont à sa disposition. Il existe des exemples semblables à Portland aux États-Unis et à Strasbourg en France. Sans cela, les gens garderont leurs autos solos et les stationneront autour, pense-t-il.

Il aimerait aussi voir un réseau thermique urbain.

« Ce qui a été choisi comme PPU, c’est quand même beaucoup mieux que ce qu’il y avait avant, mais on n’est pas au stade où on retourne chez-nous et on dit mission accomplie », dit celui qui est aussi chargé de cours en études urbanistiques.

Le PPU vient fixer les règles et les balises d’aménagement et de développement du secteur. Il émane, entre autres, des deux consultations citoyennes réalisées par l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), en 2019 et 2021.

Il est accompagné d’un financement de 64M$ de la Ville de Montréal pour développer les infrastructures municipales.

Le PPU sera officiellement présenté lors de la prochaine rencontre du comité exécutif de la Ville de Montréal, le 7 juin.

Les photos en haut de cet article ont été prises le 6 juin par Carl Sincennes.