Initier le zéro déchet dans les camps de jour d’ici

Au total, 37 camps de jour de Montréal, dont 4 à LaSalle et Verdun, participent cette année au programme « Camp de jour Défi zéro déchet ». Cette initiative du Regroupement des écoquartiers vise à favoriser la réduction à la source et la bonne gestion des matières résiduelles autant auprès des enfants que de leurs parents.

Un défi zéro déchet, lancé il y a 16 ans

Financé par la Ville de Montréal, le programme en est à sa 16^e édition. « Il invite les camps de jour à faire un pas de plus pour l’environnement. Ils doivent, entre autres, mettre en place la cueillette du recyclage et du compostage, au moins une activité qui a rapport avec le zéro déchet et doivent informer les parents que le camp participe au programme et former leur personnel », explique Renée-Claude Nadeau, chargée de projets et des communications au Regroupement des écoquartiers.

Selon elle, les enfants apprennent vite et cela permet de continuer les efforts à la maison ou à l’école. Mme Nadeau fait aussi remarquer que les camps qui participent mettent durablement en place des mesures pour être le plus possible zéro déchet.

Le Regroupement contacte directement les camps de Montréal pour savoir s’ils veulent participer au programme ou encore pour renouveler l’expérience qui est entièrement gratuite pour eux.

En plus des formations et des capsules vidéo qui sont offertes, le Regroupement fait acheminer des bacs de recyclage et de récupération des matières organiques aux camps participants.

À Verdun, une première année d’expérimentation pour Toujours Ensemble

« On essaie d’être le moins polluant possible. Zéro déchet, c’est idéaliste pour l’instant, mais on tend vers cet objectif », dit Myriam Courtemanche, responsable de la programmation estivale à Toujours ensemble à Verdun. Pour sa première année de participation depuis son entrée en poste, elle a mis plusieurs mesures en place, dont la récupération des mémos de sorties. L’endos est réutilisé pour dessiner, bricoler ou prendre des notes, même chose pour les affiches de la programmation.

Les rouleaux de papiers de toilette et d’essuie-tout sont aussi récupérés pour les bricolages. Toujours Ensemble essaie également de limiter l’achat de matériel en trop. L’organisme choisit plutôt d’acheter le strict nécessaire pour ensuite y aller au compte-goutte afin d’éviter le gaspillage. 

Mme Courtemanche a reçu une formation du Regroupement des écoquartiers avant le début du camp et a ensuite offert une mini-formation à ses moniteurs et monitrices.

Au camp de jour, la sensibilisation est constamment faite auprès des jeunes pour leur rappeler de mettre leur boîte de jus au recyclage et de nettoyer les contenants souillés. Durant les sorties, les animateurs et animatrices récupèrent les matières organiques dans des sacs bruns, mais aussi le recyclage et les déchets pour éviter de remplir les poubelles des parcs. Cette pratique d’emporter ses déchets est connue comme l’approche sans traces.

Pour l’an prochain, la responsable de la programmation estivale de Toujours ensemble aimerait davantage impliquer les parents et augmenter le nombre d’initiatives mises en place. Elle aimerait aussi augmenter les activités de sensibilisation.

« La prochaine génération, c’est elle qui va vivre avec la Terre qu’on voit cet été. Oui, les changements climatiques existent, ce n’est pas un mythe. On le subit. C’est bien de les faire participer, sans les culpabiliser et qu’ils soient acteurs de ça, pas juste de le faire, parce qu’on leur dit de le faire », conclut Myriam Courtemanche.

À LaSalle, Héritage Laurentien continue sur sa lancée du zéro déchet

Héritage Laurentien était déjà en avance sur les autres camps zéro déchet. C’est dans sa mission. Cependant, son camp de jour a profité du programme pour consolider la réduction des matières résiduelles, raconte Virginie Michaud, coordonnatrice de l’éducation relative à l’environnement et responsable du programme des camps de jours depuis 6 ans.

Mme Michaud souligne le changement des collations. Auparavant, des « Mr Freeze » étaient offerts tous les jours. Ils ont été remplacés progressivement par des melons d’eau. De plus, tout ce qui peut être remplacé par du réutilisable l’est. 

Les efforts se concentrent aussi sur la composition de la boîte à lunch.  Quotidiennement, chaque jeune avec une boîte a lunch zéro déchet obtient une participation à un tirage. Tous les cadeaux ont un lien avec l’environnement ou sont, eux-mêmes, zéro déchet.

« On ne veut pas que ce soit quelque chose qui est punitif. On essaie de valoriser, de faire de l’émulation positive. Par exemple de dire : Ah Amélie, tu as une belle bouteille pour ton jus, c’est bien tu peux la remplir à la maison. Regardes comme c’est une bonne idée. Montre aux autres amis », expose Mme Michaud.

Les naturalistes qui accompagnent les jeunes dans les activitiés du camp de jour sont aussi invités à montrer l’exemple. Ces exemples incitent les enfants à demander à leurs parents des choses zéro déchet et à inculquer le jugement critique. Plusieurs parents lui racontent que leurs enfants continuent les efforts durant l’année scolaire.

Dans la même veine, ils sont invités à ramener ce qu’ils ne mangent pas à la maison pour le composter, plutôt que de tout jeter dans la poubelle au parc.

« On essaie de transmettre des valeurs écocitoyennes. On croit vraiment que les jeunes sont des vecteurs de changement. Si on transmet ces informations-là par les enfants, il y a des chances que ça fasse boule de neige, dans leur vie, dans leur choix », conclut-elle.

La photo, en haut de cet article, a été prise par Carl Sincennes dans les locaux de Toujours Ensemble en juillet 2023.