Bec-fin a offert un emploi à Gabriel Laporte
Actualités Affaires d'ici Ensemble Entreprises Gens d'ici LaSalle

Bec-Fin à LaSalle : bien plus qu’une boulangerie, un véritable milieu d’intégration

Pourquoi laisser Facebook décider si les nouvelles d'ici sont importantes pour vous ?Abonnez-vous à notre infolettre gratuite du vendredi pour continuer de vous informer sur l'actualité et les activités de votre quartier à Lachine, LaSalle, Verdun-IDS et dans le Sud-Ouest !

L’entreprise familiale Bec-Fin international à LaSalle se fait un devoir d’engager des personnes vivant avec des limitations fonctionnelles comme le trouble du spectre de l’autisme (TSA). C’est le cas de Gabriel Laporte pour qui ses patrons et collègues sont devenus une deuxième famille.

À l’emploi depuis le 20 septembre dernier de cette boulangerie à LaSalle, M. Laporte a rejoint l’équipe après un court entretien. Il a commencé dès le lendemain de son entrevue de sélection. C’est après des discussions avec la mère du jeune homme, Kathleen Pellerin, que Lucia Spallone, l’une des co-propriétaires de Bec-Fin, a voulu lui donner sa chance, puisque les autres employeurs n’osaient pas le faire.

Titulaire d’un diplôme d’études secondaire régulier, d’un diplôme d’études professionnelles (DEP) en comptabilité et ayant déjà suivi des cours de cuisine à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), M. Laporte est le candidat idéal pour le rôle qu’on lui a confié.

Il est à la fois commis-comptable, commis de bureau et commis d’aide générale à la cuisine. Ces tâches incluent de s’occuper des paies des employés, faire du classement, gérer le dossier de la santé et sécurité au travail, mais aussi faire des recettes et des commissions à l’épicerie.

« Enfin, j’ai réussi à me trouver un travail où je me sens bien. C’est un bon environnement. Ils sont tellement gentils, Lucia, Stephan, Fanny. À chaque matin, j’ai hâte de travailler ici », s’exclame Gabriel Laporte avec beaucoup de fierté en parlant du travail où il peut se rendre à pied tous les jours.

Tout comme sa pâtissière Fanny, Mme Spallone a été surprise dès les premiers jours par le calme et la capacité de compréhension du jeune homme.

« Il embarque. Il a toujours le sourire. Il ne dit jamais : non », affirme la co-propriétaire.

Quatre personnes dans une cuisine
Bec-Fin est comme une grande famille – crédit photo: Carl Sincennes

Difficile de s’adapter pour Gabriel ?

« Ça n’a pas été difficile de m’adapter, parce qu’ils ont tout de suite compris qu’il faut me donner les consignes par écrit. C’est plus facile pour moi de me rappeler. Je suis moins stressé aussi. Si j’ai besoin d’aide, je n’hésite pas à poser des questions, surtout pour une nouvelle tâche », dit Gabriel Laporte.

Ce n’est pas le premier employé TSA qu’engage Bec-Fin. Le plongeur de l’entreprise vit également avec certains enjeux de santé mentale.

« Au début, j’ai vu tout de suite dans son regard qu’on doit écrire. Ça me donne la chance de me poser deux secondes et lui, je ne le stresse pas, je ne l’énerve pas. Ça ne sert à rien de stresser quelqu’un. Ce ne sont pas des urgences, ça doit simplement être fait », précise Lucia Spallone.

Le reste de l’équipe s’est aussi adapté facilement à la présence de Gabriel Laporte, à l’exception d’une seule personne… qui ne travaille plus chez Bec-Fin.

« C’est l’un de nos premiers critères d’embauche. Il faut être à l’aise de travailler avec les personnes avec un TSA. On est une équipe très serrée. Si tu ne veux pas embarquer, ce n’est pas long que c’est toi qui débarques. C’est une famille», s’exclame-t-elle.

Depuis son jeune âge, M. Laporte a toujours dû travailler fort pour compenser, mais ça le sert bien au travail, car il ne lâche jamais, malgré les défis rencontrés, comme notamment des difficultés avec sa motricité fine. Il compense avec son grand souci du détail.

« Il est super fiable, authentique, honnêtement, c’est vraiment une bonne personne ! Il s’applique tout le temps. Depuis le début, sa confiance a beaucoup augmenté », renchérit Mme Spallone.

« Quand il était petit, c’était tout un défi. C’était difficile de juste prendre un crayon et dessiner et maintenant, il coupe des légumes », se réjouit sa mère.

Un message aux employeurs

Le trio est unanime et croit que davantage d’employeurs devraient donner une chance aux personnes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme.

« Donnez-nous la chance de prendre le temps avec les adaptations nécessaires. S’ils prennent le temps de faire ça, ils vont voir que c’est plus payant à long terme pour eux », affirme Gabriel Laporte.

« J’ai déjà approché d’autres entrepreneurs, mais ils ont toujours une excuse. Donnez-leur une chance, ce sont les meilleurs employés. Ils sont là tous les matins, ils sont heureux. Parfois, c’est le seul moment qu’ils peuvent communiquer avec quelqu’un. Tu te couches le soir heureux, car tu as aidé quelqu’un », mentionne Lucia Spallone.

Selon elle, les employés avec un TSA ne manquent le travail que lorsqu’ils sont malades et se sentent même coupables lorsque ça arrive.

« Les employeurs peuvent avoir de l’aide. Il y a des organismes, des subventions. Certains ont plus de besoin, mais les organismes sont là pour ça. J’espère que d’autres employeurs vont donner leur chance. Aux familles et aux personnes sur le spectre de l’autisme : Courage, continuez », souligne Kathleen Pellerin.

Après son DEP en comptabilité, M. Laporte a effectué deux stages en entreprise, mais elles n’ont pas voulu l’engager, car elles ne pouvaient faire les adaptations nécessaires pour lui, principalement lui donner des tâches par écrit et réexpliquer certaines choses.

Pour Mme Spallone et son conjoint Stephan Larouche qui est aussi co-propriétaire de Bec-Fin, c’était tout naturel d’engager des gens vivant avec des limitations, puisque des membres de leur propre famille vivent avec d’autres enjeux de santé physique et mentale.

Bec-Fin à LaSalle d’hier à aujourd’hui

Bec-Fin était à la base un restaurant au début des années 2000, pour ensuite devenir un traiteur. Juste avant la pandémie, Stephan Larouche désirait ouvrir une boulangerie, ce que le couple a fait. La pandémie est d’ailleurs venue leur confirmer que c’était le bon choix. Depuis l’ouverture de l’espace boulangerie, il y a 3 ans, l’entreprise a grandement réduit ses activités de traiteur. Toutefois, elle fournit d’autres établissements.

Mme Spallone ne cache pas que la pandémie a été difficile, mais que cela a justement permis d’effectuer la transition plus en douceur en prenant le temps de tester des nouveaux produits.

Les activités du groupe ont toujours lieu dans les mêmes locaux de la rue Jean-Milot et de l’avenue Lafleur avec leurs 9 employés. Une autre embauche est prévue en mars.

Bec-Fin est ouvert du mardi au vendredi de 7h à 17h et le samedi de 7h à 17h.

Les photos dans cet article ont été prises par Carl Sincennes.


Dernières nouvelles d’ici


L’information locale, c’est important pour vous ?

Saviez-vous que vous pouvez vous impliquer dans ce journal numérique 100% local, à but non lucratif et indépendant qui a rejoint 199 135 lectrices et lecteurs en 2023 avec une équipe majoritairement composée de bénévoles.
Rejoignez notre équipe pour couvrir l’actualité locale de LaSalle, Lachine, Verdun et du Sud-Ouest ou si vous avez une entreprise, un commerce ou un organisme, devenez un Partenaire d’Ici pour vous faire connaître des milliers de personnes qui nous lisent chaque semaine tout en aidant à assurer la viabilité de notre journal à but non lucratif.

Pourquoi laisser Facebook décider si les nouvelles d'ici sont importantes pour vous ?Abonnez-vous à notre infolettre gratuite du vendredi pour continuer de vous informer sur l'actualité et les activités de votre quartier à Lachine, LaSalle, Verdun-IDS et dans le Sud-Ouest !
Carl Sincennes, Initiative de journalisme local
En tant que journaliste, Carl couvre les affaires municipales et civiques pour Nouvelles d’Ici dans le cadre de l’Initiative de journalisme local. Il couvre l'actualité du sud-ouest de Montréal depuis 2019. Après avoir fait ses classes dans plusieurs stations régionales de Radio-Canada au pays, il a été journaliste pour le Messager LaSalle (devenu Métro LaSalle, durant son passage) et la radio CKVL, avant de rejoindre Nouvelles d’Ici. Carl a un baccalauréat en journalisme de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM). Intégrer l’équipe de Nouvelles d’Ici était donc pour lui la suite naturelle des choses.