Salle de rencontre remplie de gens assis.
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Une formation à Lachine pour mieux agir face à des personnes en situation d’itinérance?

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L’itinérance est maintenant une réalité à Lachine et dans d’autres quartiers à Montréal. C’est donc à l’initiative du Comité d’action en sécurité urbaine de l’arrondissement de Lachine (CASUAL) qu’une formation a été donnée à des représentantes et représentants d’organismes communautaires et institutionnels pour mieux les outiller face à cet enjeu.

Présentée le 27 février à la bibliothèque Saul-Bellow par le programme Dialogue des YMCA du Québec, cette formation a permis de tirer un premier constat dès les premières minutes : tout le monde doit composer, au quotidien ou sporadiquement, avec les personnes en situation d’itinérance. Certains se réfugient d’ailleurs dans les entrées de bâtiments publics, comme c’est le cas au Regroupement de Lachine, mais aussi dans des bâtiments privés.

Des participantes à la rencontre ont souligné que la situation semble s’être améliorée à Lachine depuis l’arrivée de nouveaux agents dédiés à l’itinérance.

Portrait de l’itinérance

Durant la séance, les intervenantes et intervenants ont voulu démystifier ce qu’est l’itinérance et certains préjugés à ce sujet, tout en admettant en avoir eux-mêmes, malgré leur expérience.

Personne itinérante dormant parterre
Personne itinérante dormant par terre – Crédit photo : CANVA

« N’importe qui peut le devenir. On n’est pas à l’abri de l’itinérance. À travers mes années, j’ai rencontré un ancien professeur de biologie. Ce n’est pas parce que tu as un bon métier que ça ne t’arrivera pas », explique la coordonnatrice de Dialogue au YMCA, Centre-ville, Jacinthe Grenon.

Il y a plusieurs types d’itinérance : situationnelle, cyclique, chronique (plus d’un an sans logement fixe). Il y a aussi l’itinérance cachée qui peut inclure de vivre chez des connaissances, de la famille, dans sa voiture ou de vivre dans un logement insalubre.

« La rue, ce n’est pas un choix, c’est une absence de choix », mentionne-t-elle. Elle précise aussi que la grande majorité des personnes en situation d’itinérance ont des antécédents de traumatisme et de pertes multiples et vivent de la méfiance envers les autres et les figures d’autorité. Ces personnes ont souvent divers problèmes de santé mentale et/ou physique.

Par ailleurs, le visage de l’itinérance change. De plus en plus de personnes immigrantes se retrouvent en situation d’itinérance, entre autres, à cause des propriétaires malhonnêtes et de la difficulté de trouver un emploi. De plus, l’âge moyen des personnes sans logement a augmenté. Certaines personnes aînées se retrouvent maintenant à la rue pour la première fois.

Aujourd’hui, les principales causes de l’itinérance sont les expulsions et des revenus insuffisants pour payer son loyer, devant les problèmes de consommation de substances, explique Jordan Hélie, travailleur de rue pour le YMCA.

« La santé mentale et la toxicomanie, c’est un cercle vicieux, ces problématiques-là. », fait-il remarquer en ajoutant qu’obtenir un rendez-vous en toxicomanie ou psychiatrie prend trop de temps. Plusieurs décident donc de s’auto-médicamenter dans la rue. Sa collègue ajoute que la désinstitutionalisation des soins en santé mentale a contribué à l’augmentation du nombre de personnes avec des enjeux de santé mentale en situation d’itinérance.

Connaître les bonnes pratiques d’intervention

La deuxième partie de la formation portait sur la prévention de conflits et sur des approches pour outiller les participantes et participants à mieux interagir, prévenir les conflits et formuler des demandes à ces personnes vulnérables.

Tout d’abord, il est important de garder une distance sécuritaire avec l’individu, surtout lorsqu’on ne connait pas la personne, mais surtout de toujours prioriser sa propre sécurité et son environnement. « Si on ne sent pas en sécurité, on n’intervient pas », souligne Mme Grenon.

Il faut aussi n’appeler les services d’urgence qu’en dernier recours, puisque cela risque de déclencher une crise et de briser le lien de confiance.

« Une personne en situation d’itinérance, c’est un humain avant tout. Elle mérite autant le respect qu’une autre personne. Évidemment, ça va dans les deux sens. C’est la base de toute intervention et toute interaction humaine. Sans respect, il n’y a pas d’interaction constructive », plaide le travailleur de rue.

Les intervenants mentionnent également d’être à la fois curieux et empathique, plutôt que sympathique. Il faut éviter de « vivre les émotions » de la personne qu’on tente d’aider. Il faut également utiliser la communication non violente et pratiquer une écoute active. Idéalement, on tente de créer un lien avec elle.

Station hivernale de Lachine Aux souches et murale
Station hivernale de Lachine Aux souches et murale (janvier 2021)- Crédit photo : Karine Joly

Une bonne façon de faire est de se présenter et d’apprendre le nom ou le surnom de l’itinérant et de lui parler comme on parlerait à une autre personne. Cependant, il faut éviter de toucher les personnes ou d’entrer dans leur bulle ou encore de leur donner des ordres. Si elle est trop intoxiquée ou n’est pas en mesure de parler, on doit appeler les services d’urgence. Il faut aussi tenter d’éviter la confrontation et ne pas utiliser la menace.

Lorsqu’on veut formuler une demande, « il faut comprendre son besoin, mais aussi celui de la personne », indique Jacinthe Grenon. On peut donc ainsi tenter de trouver une alternative qui convient aux deux parties. Il est conseillé de formuler une demande en parlant au « je ».

6 étapes pour désamorcer une crise

Jordan Hélie a dévoilé une liste de choses à faire pour désamorcer une crise que tous peuvent utiliser, une liste qui n’est pas infaillible, selon son propre aveu : 

  1. Rester calme
  2. Pratiquer l’écoute active
  3. Faire des observations et une demande claire
  4. Recadrer
  5. Faire une proposition alternative, si possible
  6. Faire appel à un expert pour prendre la relève

Il est important de rappeler qu’il faut composer le 911, si une personne en situation d’itinérance est en détresse ou très agressive, c’est à dire si elle est en danger ou pose un danger pour les autres.

La photo en haut de cet article a été prise à la Bibliothèque Saul-Bellow de Lachine le 27 février 2024 par Carl Sincennes.


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Carl Sincennes, Initiative de journalisme local
En tant que journaliste, Carl couvre les affaires municipales et civiques pour Nouvelles d’Ici dans le cadre de l’Initiative de journalisme local. Il couvre l'actualité du sud-ouest de Montréal depuis 2019. Après avoir fait ses classes dans plusieurs stations régionales de Radio-Canada au pays, il a été journaliste pour le Messager LaSalle (devenu Métro LaSalle, durant son passage) et la radio CKVL, avant de rejoindre Nouvelles d’Ici. Carl a un baccalauréat en journalisme de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM). Intégrer l’équipe de Nouvelles d’Ici était donc pour lui la suite naturelle des choses.