Dès cet automne, tous les cégépiennes et cégépiens du Québec inscrits dans le programme préuniversitaire de Sciences humaines suivront le nouveau cours d’histoire, Histoire du monde depuis le 15e siècle. Coécrit par Guillaume Breault-Duncan, professeur et historien au Cégep André-Laurendeau, ce manuel d’enseignement porte un nouveau regard sur l’histoire.
« C’est un gros changement, cela faisait presque 30 ans que l’on donnait le même cours d’histoire dans les cégeps. L’Histoire du monde depuis le 15e siècle offre une différente perspective sur le monde de façon globale et illustre à quel point l’homme a toujours été très pratico-pratique en empruntant aux autres peuples d’une époque à une autre autant au point de la nourriture, de la culture, des mœurs, et j’en passe. En prenant le café, par exemple, on peut constater tous les emprunts que l’homme a faits à travers l’histoire. C’est facile de penser que le café a été créé au Brésil ou en Colombie, pourtant cela vient du Yémen. Les produits qu’on pense typiquement d’un pays ne le sont pas vraiment. Bien avant les colonisations, les civilisations non occidentales étaient très développées et fonctionnaient bien. Ce cours déconstruit les idées préconçues et permettra aux étudiantes et étudiants de réaliser à quel point elles et ils sont tous pareils, et ce, peu importe les époques ! », affirme Guillaume.
L’histoire du monde depuis le 15e siècle en 11 chapitres
Enseignant d’histoire au Cégep André-Laurendeau depuis 2010 et exerçant le métier depuis 2009, Guillaume a réalisé la conception et la structure du manuel avec sa collègue, Viviane Gauthier, également enseignante d’histoire au Collègue Montmorency. « Puis, Boris Déry, enseignant en histoire du Cégep de Victoriaville, s’est joint à nous. Nous avons également pu compter sur l’expertise de Georges Langlois, un enseignant retraité qui a publié plusieurs manuels sur la civilisation occidentale. D’une certaine façon, c’est comme si Georges nous avait passé le flambeau », mentionne ce dernier.
Ce manuel découle du remaniement du programme de Sciences humaines au collégial imposé par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec.
« Après trois étés à travailler sans relâche, nous sommes très fiers de présenter ce manuel publié aux éditions Chenelière », ajoute Guillaume, sourire aux lèvres.
Les corédacteurs se sont divisé la rédaction de ce manuel de 11 chapitres, incluant l’introduction qui parle du métier de l’historien et de l’approche globale à l’histoire, puis une conclusion qui fait référence aux enjeux et rapports de l’homme avec son environnement sur une période de 500 ans. Guillaume a coécrit l’introduction, L’histoire, une science en mouvement, puis le chapitre 9, La grande crise mondiale, 1914-1945 et le chapitre 10, Trois mondes sous tension.
« L’idée n’était pas d’accumuler l’histoire nationale de chaque pays, mais plutôt de faire des rapprochements entre plusieurs civilisations. Évidemment, il y a des événements qui sont des incontournables comme les guerres mondiales ou les grandes explorations. En revanche, on prend le temps d’expliquer comment cela a encore un impact aujourd’hui dans notre quotidien. On a défait aussi certains mythes comme le théorème de Pythagore (formule de géométrie reliant les carrés des mesures d’un triangle) souvent associé à la période de la Grèce antique, alors que les Mésopotamiens l’avaient découvert des siècles avant. On fait un rappel sur les héritages de l’Antiquité et du Moyen âge sur nos sociétés d’aujourd’hui, etc. J’espère surtout que cet ouvrage permettra de changer la perspective de l’histoire et de rééquilibrer les faits auprès de nos étudiantes et étudiants », mentionne Guillaume.
L’importance de comprendre l’histoire
« L’histoire, c’est qui nous sommes, c’est pour ça que c’est universel ! On regarde toujours le passé avec notre paire de lunettes d’aujourd’hui. Souvent ce sont nos préoccupations du présent qu’on projette dans le passé. Je m’explique. Pendant longtemps, tout ce qui était l’histoire des femmes n’était pas d’intérêt pour les historiens alors qu’aujourd’hui, c’est important. En regardant l’histoire avec cette préoccupation, on découvre que la femme romaine pouvait divorcer, alors qu’il n’y a pas si longtemps, c’était interdit pour nos grands-parents ! », ajoute celui-ci.
En prenant un autre sujet d’actualité comme le déboulonnage des statuts, on constate que cette pratique ne date pas d’aujourd’hui et qu’elle a toujours semé la controverse. « L’homme a toujours fait un peu ça avec l’histoire. C’est-à-dire, il garde ce qu’il aime et enlève ce qu’il aime moins. Comme humain on cherche toujours à créer un récit en les alignant les uns aux autres selon nos yeux d’aujourd’hui et l’on essaie d’y faire un sens. Pourtant, l’histoire ce sont des événements qui flottent et elle n’a pas de vertu morale, ce n’est pas de la philosophie », ajoute Guillaume. Alors, comment faire pour aborder les sujets plus délicats ? « Comme prof on se doit de présenter tous les sujets et souvent le dilemme vient de là. Je crois qu’on doit le faire, mais sans faire l’apologie. On doit mettre l’accent sur le contexte de l’époque. Je crois que si l’on veut combattre le racisme, il faut le montrer et en parler. L’enjeu dans les débats modernes, c’est le réflexe de s’attarder à certains mots sans prendre connaissance de la situation dans laquelle ils ont été utilisés ».
L’objectif du programme
Guillaume et ses collègues espèrent que ce nouveau cours permettra aux étudiantes et étudiants d’aller un peu plus loin dans leurs réflexions afin de mieux apprendre à se connaître.
Chose certaine, les étudiantes et étudiants du Cégep André-Laurendeau sont privilégiés de l’avoir comme enseignant. Grâce à son talent hors pair de conteur, Guillaume Breault-Duncan réussit d’une main de maître à rendre ses cours fascinants. Il n’y a pas de doute, ce passionné d’histoire, débordant d’énergie et d’enthousiasme, sera certainement capable de convaincre les plus réticentes et réticents d’aimer l’histoire.
« Je ne pense pas qu’on peut rester neutre quand on enseigne l’histoire. Il faut se choquer devant l’injustice et s’émerveiller devant les belles choses. On réserve le militantisme pour nos week-ends en dehors des classes », ajoute ce dernier en riant.
Apprécié tant par ses collègues au cégep, que tous celles et ceux qui le côtoie à travers l’Association des professeures et professeurs d’histoire des collègues du Québec (APHCQ), Guillaume est reconnu pour son implication. Nous lui souhaitons bon succès et longue vie au nouveau programme d’enseignement de l’histoire au collégial.
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À propos du nouveau programme préuniversitaire Sciences humaines
Le nouveau programme de Sciences humaines au cégep André-Laurendeau, permet aux étudiantes et étudiants de s’initier à un plus grand nombre de disciplines de sciences humaines, et ce, dès la première année. Puis, en fonctions de leurs intérêts, elles ou ils construisent leur parcours d’études parmi quatre profils, soit : Monde en action, Individu et relations humaines, Administration et économie ou Sciences humaines avec mathématiques.
Au Cégep André-Laurendeau, les étudiantes et étudiants en sciences humaines ont leur propre quartier. Cet espace réunit toutes les salles de classe, les bureaux, les laboratoires, et j’en passe. Ce qui permet aux étudiantes de se retrouver ensemble et de créer ainsi un sentiment d’appartenance fort. Pour tous les détails, cliquez ici !
Pour en savoir plus sur les quatre profils du nouveau programme préuniversitaire Sciences humaines, visitez la section Explorez nos programmes.
Cette publication “Partenaires d’Ici” a été écrite par le Service des communications du Cégep André-Laurendeau.
Les photos illustrant cette chronique ont été prises par l’Association des professeures et professeurs d’histoire des collèges du Québec (APHCQ) à l’exception de la couverture du livre qui apparaît dans le montage.
