Conférence sur un moment marquant de l’histoire de LaSalle : Retour sur l’explosion du 1er mars 1965

Article mis à jour le 23 mars 2024 avec l’ajout d’une sélection de livres sur l’histoire de LaSalle.

C’est cette semaine au centre Henri Lemieux que Denis Gravel, historien de LaSalle, a présenté sa conférence sur la tragédie du 1er mars 1965, le sujet de l’un de ses livres.

Environ 70 personnes, tous des LaSalloises et LaSallois intéressés par le sujet, avaient fait le déplacement pour assister à cette conférence. Les membres de l’assistance avaient tous entendu parler du drame de différentes façons, par leurs propres souvenirs ou des discussions avec leurs parents.

Denis Gravel a publié de nombreux livres sur l’histoire de LaSalle et des autres arrondissements. Plusieurs sont disponibles à la bibliothèque de l’Octogone ou en vente auprès de la Société Historique. Ces livres répondent à de nombreuses questions sur le chemin parcouru par les personnes qui ont contribué à bâtir le LaSalle d’aujourd’hui.

La tragédie de LaSalle Heights

La conférence de M. Gravel portait sur un moment marquant pour LaSalle. Tous les journaux du monde en ont parlé à l’époque. Beaucoup de titres de presse au Québec y ont consacré leurs manchettes le lendemain, comme La Voix de l’Est à Granby.

Le 1 mars 1965 à 8h05 du matin, les bâtisses des 0363, 0365 et 0367 de la rue Bergevin explosent. Un violent incendie s’ensuit et le 0361 y passe au complet. Les 24 logements sont une perte totale et le bilan est tragique : 28 morts. Principalement des femmes et des enfants en bas âge, à la maison en ce lundi matin. 

Il s’en est suivi beaucoup d’actes de bravoure. Tous sont accourus : les voisins, les pompiers-policiers (qui étaient les mêmes dans ces années-là), les marins de la base navale non loin… 700 personnes se sont précipitées pour dégager les rescapés. Les pompiers de Lachine et d’Anjou sont appelés à la rescousse. 

Avant le drame,  il y avait eu des signes avant-coureurs de fuite de gaz :  quelques odeurs, des bulles dans les flaques d’eau… Des employés de la compagnie Gaz naturel étaient d’ailleurs sur place pour cette raison.Les bâtiments sont une perte totale. Parmi les morts, la famille Peard (une mère et ses 3 enfants), les familles Bishop, Sylvia, Czopco perdent leur mère et 2 enfants. 

Le petit Bernard Quesnel, 7 ans, s’était éloigné de la maison ce matin-là pour aller voir un voisin. Lorsqu’il cognait à la porte, tout a explosé. Sa mère qui était dans la cuisine est décédée à l’âge de 33 ans, sa sœur de 3 ans dans le  salon a survécu. Son père a dû identifier sa mère à la morgue, établie à l’aréna (aujourd’hui Aréna Jacques-Lemaire) après la tragédie.

Les photos d’archives montrent un quartier où toutes les fenêtres sont cassées, une voiture qui a été déplacée par le souffle s’est encastrée dans la maison d’en face. Les blessés sont amenés à l’hôpital de LaSalle qui venait d’ouvrir en 1961.

Une commission d’enquête sera requise par le Ministre Laporte. Le rapport d’enquête révèle les négligences de la compagnie de gaz naturel qui n’avait pas fait d’inspection depuis longtemps. 

Un tuyau fissuré a été découvert. Il était sur un sol instable. Il a laissé s’échapper le gaz. Le mercaptan qui est ajouté au gaz naturel afin qu’on puisse détecter son odeur, était absorbé par le sol. 

Un Téléthon a été organisé. Différents organismes ont amassé des fonds : CKVL, CFCF-12, CBC, le canal 10.  $450,000 sont recueillis (une valeur de 4,2 M $ aujourd’hui) et seront versés aux sinistrés. Des artistes, comme Janette Bertrand, ont offert d’aller chercher eux même l’argent chez ceux qui offraient plus de $100.

Des poursuites ont aussi été entamées, certaines familles ont reçu des compensations.

Mémorial à la place du 1^er-Mars-1965

Que reste-t-il de tout ça aujourd’hui ?

Un stationnement, au coin de Bergevin et de Jean Milot. Par respect pour toutes les personnes disparues et les familles. on n’a jamais rebâti au même emplacement.

En 2015, les enfants Quesnel ont fait une demande pour avoir un mémorial afin de commémorer l’évènement. Le conseil y était d’abord réticent.

Les Jardins LaSalle qui sont maintenant les propriétaires avaient des craintes en rapport avec leurs résidentes et résidents actuels.

Finalement un emplacement a été identifié sur le bord de l’eau, près de la piste cyclable où le mémorial est plus visible. Une plaque y énumère les noms de toutes les personnes disparues dans la tragédie du 1er mars 1965.

Ce ne fut pas la seule explosion à LaSalle. Une autre dans le même secteur avait fait 7 morts en 1956. Une troisième à l’usine Monsanto, à proximité du futur site de l’usine de biométhanisation de LaSalle, a coûté la vie à 11 ouvriers en 1966. Mais, c’est l’explosion de LaSalle Heights qui a le plus marqué les esprits dans l’arrondissement.

À côté du stationnement où le drame s’est joué le 1er mars 1965 se trouve aujourd’hui le parc Ménard. S’il n’est pas possible de changer le passé, on peut construire selon ce passé. Le parc Ménard est l’un des plus beaux parcs pour enfants à LaSalle.  Un beau retour des choses.

La prochaine conférence de la Société historique Cavelier-De LaSalle aura lieu le 28 mai 2024 et portera sur Les Canadiennes pendant la guerre.

Sélection de livres de Denis Gravel sur l’histoire de LaSalle

• Dictionnaire biographique de LaSalle 1667-2002 (2013)
• Les biographies LaSalloises, de 1667 à nos jours (2005)
• Propriétaires et promoteurs à LaSalle : plus d’un siècle d’évolution économique (2010)

Karine Joly a collaboré à la rédaction finale de cet article.