Mur à l'entrée de Physio Verdun
Actualités Affaires d'ici Entreprises Social Travail Verdun

Vivre avec un handicap : une entreprise de Verdun où l’inclusion par le travail est une réalité

Pourquoi laisser Facebook décider si les nouvelles d'ici sont importantes pour vous ?Abonnez-vous à notre infolettre gratuite du vendredi pour continuer de vous informer sur l'actualité et les activités de votre quartier à Lachine, LaSalle, Verdun-IDS et dans le Sud-Ouest !

Les personnes vivant avec un handicap physique ou mental ont le droit de travailler, comme les autres. Ce sont des personnes à part entière, rappelle Samuel Benamron, propriétaire de Physio Verdun. Trois personnes neurodivergentes font partie intégrante de son équipe, dont deux depuis 5 ans.

« On a décidé de les intégrer et de leur donner des tâches plus simples au début pour leur donner un sentiment de réussite. Une fois que la confiance est venue, on leur a donné plus de tâches. Ici, ce sont des aides-thérapeutes. Au début, ils devaient nettoyer les tables de traitement, faire le lavage, etc. », explique-t-il.

Durant la pandémie, des tâches reliées à la désinfection ont été ajoutées, des tâches que les thérapeutes n’avaient pas vraiment le temps d’effectuer.

Une expérience qui développe le sentiment de fierté de tous

Ainslie MacDonald travaille 20h/semaine à Physio Verdun tandis que ses deux autres collègues neurodivergents effectuent chacun 10h/semaine.

« J’aime beaucoup les tâches que je fais. Ça me donne l’impression de travailler fort. Je suis fière. J’aime beaucoup ce travail et je penses rester longtemps, » affirme Mme McDonald.

Pour les aider, des systèmes ont été mis en place, comme un système de carton qui indique lorsque l’équipement doit être nettoyé, que l’employé va tourner au vert pour indiquer que sa tâche est terminée. Des indications sont aussi données avec des listes et des pictogrammes.

« L’intégration s’est très bien passé. Il a fallu qu’on y aille par étapes. Chaque employé avait des besoins différents. On a commencé vraiment plus en mode observation pour qu’ils se sentent bien dans l’environnement », explique Mathilde Montambault, chef du département de physiothérapie en ajoutant que toute l’équipe agit en soutien, au besoin.

« J’ai toujours été, avec mes partenaires, quelqu’un qui aime redonner, surtout dans le monde dans lequel on vit aujourd’hui. Chaque année, on faisait déjà quelque chose pour redonner à la communauté », dit-il. C’est après avoir vu une pièce de théâtre donnée par des adultes en situation de handicap, leur avoir donné un certificat cadeau et avoir vu la fierté dans leurs yeux qu’il s’est demandé ce qu’il pouvait faire de plus.

Un modèle exportable ?

Il explique que son modèle est maintenant imité dans d’autres cliniques et qu’il se fait un plaisir de répondre aux questions des autres gestionnaires. Il donne également des conférences sur le sujet.

Cependant, il leur fait cette mise en garde : « Offrir un travail, c’est facile. N’engagez pas quelqu’un pour être « cool », pour être « mainstream » ou pour faire parler de vous. Je leur dis que l’important, c’est le support : au début, ce n’est pas facile ».

Samuel Benamron
Samuel Benamron

Contrairement à d’autres entreprises, il emploie directement ses employés, sans passer par une agence ou des programmes de subventions. « Je voulais qu’ils sentent qu’ils font partie de la famille et quand il y a des choses qu’on doit discuter et bien, on en discute. Ma seule condition est que les personnes dans l’entourage soient impliquées », précise le propriétaire. Un suivi régulier est effectué avec les membres de la famille.

Mais tout cela porte ses fruits. « Un employé est non-verbal. Quand il a commencé à travailler, il fallait que quelqu’un l’accompagne. Maintenant, il prend le métro tout seul. Il va faire des petites courses. Il va même s’acheter ses propres vêtements qu’il est tout fier de nous montrer, parce qu’il les a acheté avec son propre argent », s’enthousiasme Samuel Benamron.

Pour lui, c’est une chose tout à fait normale d’engager des personnes neurodivergentes et ça apporte beaucoup aux autres employés par leur empathie.

« Ça apporte une sensibilité à l’équipe. Ils sont toujours de bonne humeur. C’est un beau projet. Ça nous aide, mais ça fait aussi une différence pour eux. Ils sont super fiers de leur travail et ça leur fait un support social. Aussi, ça améliore leur indépendance. J’ai une fierté par rapport à ça », renchérit Mme Montambault.

Des défis et des préjugés

Toutefois, cela n’a pas empêché un client de dire « de mettre une affiche dehors pour dire qu’on a du monde comme ça qui travaille chez-nous ». Ce à quoi des employés solidaires ont répondu sarcastiquement : « Vous avez raison, on va mettre une affiche qu’on traite des patients comme vous dans notre clinique ».

M. Benamron ne joue pas à l’autruche et sait que d’employer des personnes en situation de handicap comporte son lot de défis. Par exemple, il est plus difficile d’entrer en communication avec son employé non-verbal, lorsqu’il vit des moments plus difficiles dans sa vie personnelle. Un autre utilisait une trop grande quantité de produits désinfectants, car il se stimulait avec la réflexion de la lumière sur les gouttelettes en suspension. On l’a donc assigné à d’autres tâches où il était plus efficace.

Il a aussi un message pour tous : « ce serait bien d’être un peu plus inclusif et de s’écouter un peu plus. De voir c’est quoi nos différences et c’est quoi nos forces afin d’inclure tout le monde, sans exclure à cause d’une race, d’une couleur, d’une intelligence ou d’une compétence. On est tous nés avec un cœur. L’inclusion, c’est important », conclut-il.

Physio Verdun a remporté la mention « Coup de cœur du jury » du prix À part entière, décerné par le gouvernement du Québec en 2020. Cette mention souligne les personnes et les organisations qui contribuent à accroître la participation des personnes handicapées dans la société. L’entreprise a aussi été l’instigatrice d’Included, un documentaire réalisé en 2018 qui met de l’avant la diversité au travail.

Octobre est le mois national de la sensibilisation à l’emploi des personnes vivant avec un handicap. Ces dernières et les employeurs peuvent visiter le site web de l’Office des personnes handicapées du Québec pour trouver toute l’information nécessaire aux démarches d’emploi et de recrutement. Plusieurs programmes, mesures et services gouvernementaux sont offerts.

Les photos dans cet article ont été prises par Carl Sincennes le 16 octobre 2023.


Dernières nouvelles d’ici


L’information locale, c’est important pour vous ?

Saviez-vous que vous pouvez vous impliquer dans ce journal numérique 100% local, à but non lucratif et indépendant qui a rejoint 199 135 lectrices et lecteurs en 2023 avec une équipe majoritairement composée de bénévoles.
Rejoignez notre équipe pour couvrir l’actualité locale de LaSalle, Lachine, Verdun et du Sud-Ouest ou si vous avez une entreprise, un commerce ou un organisme, devenez un Partenaire d’Ici pour vous faire connaître des milliers de personnes qui nous lisent chaque semaine tout en aidant à assurer la viabilité de notre journal à but non lucratif.

Pourquoi laisser Facebook décider si les nouvelles d'ici sont importantes pour vous ?Abonnez-vous à notre infolettre gratuite du vendredi pour continuer de vous informer sur l'actualité et les activités de votre quartier à Lachine, LaSalle, Verdun-IDS et dans le Sud-Ouest !
Carl Sincennes, Initiative de journalisme local
En tant que journaliste, Carl couvre les affaires municipales et civiques pour Nouvelles d’Ici dans le cadre de l’Initiative de journalisme local. Il couvre l'actualité du sud-ouest de Montréal depuis 2019. Après avoir fait ses classes dans plusieurs stations régionales de Radio-Canada au pays, il a été journaliste pour le Messager LaSalle (devenu Métro LaSalle, durant son passage) et la radio CKVL, avant de rejoindre Nouvelles d’Ici. Carl a un baccalauréat en journalisme de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM). Intégrer l’équipe de Nouvelles d’Ici était donc pour lui la suite naturelle des choses.