Montréal dévoile son projet de plan d’urbanisme et de mobilité pour 2050

Après plusieurs années de consultations et de planification, la Ville de Montréal a dévoilé son projet de Plan d’urbanisme et de mobilité (PUM) 2050. Sa vision : « Faire de Montréal en 2050, une ville verte, juste et résiliente ».

Il s’appuie sur le Plan stratégique Montréal 2030, le Projet de ville, le Plan climat 2020-2030, le Chantier Montréal abordable et la Stratégie de réconciliation avec les peuples autochtones, sous trois principes directeurs : la transition écologique et la biodiversité, la santé urbaine et la sécurité ainsi que l’équité sociale et territoriale.

Du transport collectif, beaucoup de transport collectif, dont le retour de la ligne rose et du tramway

« Dans une optique d’implantation du bon mode au bon endroit, le tramway constitue un mode tout désigné pour assurer le maillage et la performance du réseau de transport collectif montréalais dans les quartiers centraux et péricentriques de la métropole en complémentant l’offre de service existante », est-il énoncé dans le document.

D’ici à 2050, la Ville rêve d’ajouter 360 km de transport collectif structurant, dont près de 200 km en tramway, le mode principalement favorisé pour atteindre cet objectif.

« Pour aménager un réseau de mobilité durable efficace, on mise sur la consolidation et l’entretien du réseau, l’implantation d’un réseau de tramway, la multiplication de liens cyclables de qualité et l’aménagement de parcours piétonniers d’envergure », précise le document de référence.

À terme, ce serait près de 70 % des déplacements qui seraient réalisés en transport collectif ou actif et 44 % des pôles d’emplois qui seraient desservis de cette façon.

Par la même occasion, l’espace sur rue sera dorénavant consacré en priorité aux modes de transport actif, collectif, partagé et à la logistique urbaine « décarbonée ».

30 % de l’emprise publique des rues serait consacrée aux infrastructures éponges et à la mobilité durable.

Densifier les quartiers existants et à venir

« Le déploiement du réseau de mobilité durable prend en compte les secteurs d’opportunités à développer et à valoriser, comme l’écoquartier Lachine-Est et les secteurs commerciaux péricentriques qui constituent autant de sites privilégiés de transformation urbaine » est-il spécifié dans le plan.

« Que ce soit Bridge-Bonaventure ou Lachine-Est, on a la possibilité de faire des villes dans les villes. Cet outil-là va nous aider à le faire, mais ça va aussi nous aider à faire une meilleure densité dans certains coins, où il y a déjà du patrimoine bâti. On va y aller de façon intelligente », a tenu à préciser la mairesse de Montréal, Valérie Plante, lors d’un panel visant à présenter le PUM le 11 juin, dans les locaux de Fabrik8. Elle a aussi ajouté qu’il est important de ne pas refaire les erreurs du passé, comme Griffintown qui a été développé sans équipements collectifs au départ.

« Plus on va faire des quartiers denses autour du transport collectif, dans les nouveaux quartiers, moins il y aura de voitures, mais surtout plus d’utilisateurs. N’oublions pas que les utilisateurs, c’est eux qui financent le transport collectif », analyse-t-elle. 

Montréal se fixe comme ambition de répondre à la crise du logement en renforçant l’abordabilité. Pour cela, l’offre résidentielle sera grandement augmentée, soit plus de 200 000 nouveaux logements, et la Ville veut que 20% d’entre eux soit hors marché d’ici à 2050.

« Cette approche repose sur une vision qui permet de densifier le cadre bâti, d’augmenter le nombre de logements, de services, d’équipements et d’assurer une mixité d’activités, tout en valorisant et en préservant les caractéristiques distinctives du territoire », indique-t-on.

Pour améliorer l’équité territoriale, Montréal s’engage à prioriser les interventions dans les quartiers cumulant plusieurs types de vulnérabilités avec son approche de « Quartiers inclusifs et résilients » (QIR).

Par ailleurs, la Ville de Montréal vise à ce que 40 % du territoire soit verdi, avec 125 kilomètres de corridors verts

Une valeur juridique

Le PUM 2050 fait suite aux deux premières moutures du Plan d’urbanisme, adoptées en 1992 et 2004 et il a une valeur juridique, puisque son contenu est déterminé par la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme.

Le contenu du Plan d’urbanisme et de mobilité doit être conforme aux orientations et aux objectifs du Schéma d’aménagement et de développement de l’agglomération de Montréal (Schéma). Le Schéma découle des exigences contenues dans le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) de la Communauté métropolitaine de Montréal.

Des consultations à venir cet été

Depuis novembre 2017, plus de 100 activités de consultations ont été pilotées par la Ville pour développer le PUM 2050.

La Ville de Montréal va maintenant mandater l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) pour mener une consultation sur le projet de PUM 2050.

À cette occasion, l’OCPM organise une soirée de lancement le 18 juin à 19h. La démarche de consultation et le projet seront présentés par les représentants de la Ville de Montréal, avec une période de questions. Elle aura lieu en ligne ou en personne dans les bureaux de l’OCPM.

Par la suite, l’organisme mènera des d’ateliers de discussion et de commentaires en ligne ainsi que des questionnaires. Il y aura également un forum citoyen le 29 août avec un panel d’expertes et d’experts sur des thématiques de la consultation, ouvert à tous à la Grande Bibliothèque. 

Finalement, une séance d’informations et de questions-réponses aura lieu le 5 septembre à 19 h, en ligne ou en personne dans les bureaux de l’OCPM, avec une présentation détaillée du projet de PUM par les représentants de la Ville de Montréal.

La rédaction du rapport de consultation se fera entre octobre 2024 et janvier 2025 par les commissaires. La Ville de Montréal vise l’adoption finale du PUM en 2025, juste à temps pour les élections municipales.

Un plan d’action, des plans locaux d’urbanisme et de mobilité dans les arrondissements, de nouvelles règlementations et des planifications détaillées suivront.

Par ailleurs, le responsable de l’urbanisme, de l’OCPM et de l’itinérance au comité exécutif de la Ville de Montréal, Robert Beaudry, a indiqué que le PUM fera l’objet d’une révision dans des cycles de 5 à 7 ans, durant son application.

La photo en haut de cet article a été prise par Carl Sincennes, le 11 juin 2024.