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Lutte contre le racisme et le profilage au sein du SPVM : un rapport et des interrogations

Lutter contre le racisme, les discriminations et le profilage au sein de la police de Montréal est un enjeu d’intérêt public qui engage autant le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) que les personnes élues. C’est la raison pour laquelle la Commission de la sécurité publique de la Ville de Montréal a reçu lundi le chef du SPVM, Fadi Dagher, afin de prendre connaissance des mesures mises en place pour favoriser l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) et lutter contre la discrimination et le racisme dans les rangs de la police.

Organisée à l’Hôtel de ville et retransmise sur YouTube, cette séance a permis à M. Dagher de présenter l’état d’avancement du plan de lutte contre les discriminations et le racisme et le Plan d’action EDI 2024-2026. Devant les membres de la commission, présidée par Mme Daphney Colin, le chef de la police a décliné les points qui balisent le chemin « Vers une culture exempte de racisme et de discrimination ». Les groupes priorisés par ce plan sont les autochtones, les groupes racisés, les femmes, la communauté LGBTQ2+ et les personnes en situation de handicap.

Le plan en trois axes est construit sur une terminologie positive qui renvoie à l’écoute, la compréhension et l’information, entre autres, afin de « renforcer les espaces de dialogue », et « d’agir pour une réelle équité ». Plusieurs leviers sont mis en place, selon le rapport présenté, pour engager le corps de police dans la promotion de l’équité et de l’inclusion.

Des questions sensibles

Fady Dagher, le chef de la police répond aux questions lors de la séance du 10 juin
Fady Dagher, le chef de la police répond aux questions lors de la séance du 10 juin – Crédit photo : YouTube -Ville de Montréal

La présentation a été suivie des questions des personnes présentes. La première avait trait au nombre de policiers ayant fait l’objet de sanctions pour avoir dérogé à la norme de conduite et au mécanisme de détection des infractions liées au profilage racial. M. Dagher a reconnu qu’effectivement ses services ont de la difficulté avec le système de détection des infractions. « Mais de dire que de manière systémique on n’est pas capables de relever les comportements inappropriés au sein du SPVM, ce n’est pas tout à fait ça », a-t-il précisé. En réponse à une autre question, il a aussi reconnu l’existence du phénomène de désengagement de certains membres de la police qui préfèrent ne pas agir devant des faits criminels que de subir d’éventuelles accusations de racisme.

Un autre sujet sensible est celui des interpellations policières, abordé par une représentante de la Ligue des droits et libertés (LDL). L’intervenante a rappelé la campagne pour l’interdiction des interpellations policières (contrôle d’identité) sur tout le Québec, pratique, a-t-elle souligné, qui est source de profilage racial et social systémique et qui viole les droits et libertés des personnes. Elle a ainsi dénoncé la position du SPVM contre la recommandation d’un moratoire sur les interpellations publiques, et son refus du débat public sur cette question. Selon elle, “Le SPVM a rejeté la seule recommandation des chercheurs, sans débat public, sans qu’il y ait une séance de la commission de la sécurité publique pour entendre les chercheurs et pour que la population puisse prendre acte de la recommandation.” La même personne a dénoncé au nom de la LDL le suivisme de la Ville de Montréal, tout en reprochant à la commission les promesses non tenues pour organiser des rencontres publiques là-dessus. “On tient à dénoncer à la fois l’inaction de la ville et la mainmise par le SPVM sur ce dossier des interpellations.”, a-t-elle affirmé.

Reprenant la parole, M. Dagher a expliqué que le SPVM a choisi de ne pas tenir compte de la recommandation du moratoire après avoir constaté qu’ailleurs « lorsqu’un moratoire a été mis de l’avant ça n’a jamais donné de résultats ». Il a aussi ajouté que « lorsqu’on touche au moratoire, on touche aux symptômes et pas aux causes des problèmes ».

Rendez-vous à l’automne

Plusieurs questions posées en ligne par des citoyennes et des citoyens ont été lues. À la fin, le tour était venu aux membres de la commission de poser leurs questions, mais seuls la présidente et le vice-président ont saisi le micro. Ce dernier, M. Abdelhaq Sari, a exprimé d’abord son trouble devant les propos tenus concernant le sujet du moratoire, en demandant davantage d’éclaircissements. Il a posé aussi une question sur la méthode de formation des policiers. Un échange entre lui et M. Dagher s’en est suivi, mais le débat souhaité, au moins par M. Sari, n’a pas été suffisamment nourri pour aller au bout des sujets exposés et apporter les éclairages aux questions sensibles de l’avis de tous. Avant de lever la séance, Mme Colin a annoncé qu’une assemblée publique en présence des chercheurs aura lieu cet automne pour permettre d’éclaircir davantage la question des interpellations policières.

À propos du moratoire 

En 2023, un rapport commandé par le SPVM et rédigé par quatre experts universitaires à fait le constat de la surreprésentation des minorités visibles (autochtones, afrodescendantes et arabes) dans les interpellations policières à Montréal entre 2014 et 2021. Le rapport a conclu à la persistance du profilage racial dans la conduite des policiers et policières pour mener ce type d’interventions. Le comité a recommandé la mise en place d’un moratoire pour ainsi empêcher “toute interpellation qui ne soit pas justifiée par l’enquête d’un crime spécifique ou par le soupçon raisonnable d’une activité illégale.”


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Nouri Nesrouche
Nouri Nesrouche pratique le journalisme depuis 23 ans. Après avoir travaillé pour deux grands titres francophones en Algérie, il a intégré la rédaction de Nouvelles d’ici en juin 2024. Durant sa carrière, Nouri a produit de grands reportages, notamment à l’étranger, des chroniques politiques, et beaucoup d’informations de proximité. En plus de la politique et des affaires civiques, il s’intéresse beaucoup à la culture.