« Le soleil est haut ! » clame l’animateur, ironisant sur la météo plutôt maussade samedi 28 juin au Parc Lefebvre à LaSalle, où a eu lieu le 3e Festival interculturel organisé par Bienvenue à l’immigrant (BAI). Quelques instants après, le DJ lance un morceau de Djamboola, les danseurs illuminent la scène, et le public ne se fait pas prier pour venir défier la pluie, comme pour conjurer le sort.
À 14 h, le site de l’événement est planté, tous les exposants et exposantes ont pris place sous leurs kiosques, et il ne reste plus qu’à voir arriver le public. Mais, les prévisions météo disent plus vrai. Il faut faire contre mauvaise fortune bon cœur et avancer. Après quelques déhanchements, la pluie est oubliée. L’équipe d’organisation, inquiète face à la persistance des averses, reprend espoir. Tout le monde y met du sien. Sous la tente de Montréal la + heureuse, le sourire est de la partie. L’organisme communautaire participe pour la première fois au Festival interculturel de LaSalle, avec une fresque où tout le monde peut dessiner son idée du vivre-ensemble. Les enfants y trouvent beaucoup de plaisir. « Le but est de créer une œuvre collective dédiée à ce que nous aimons, ce qui nous rend heureux, et ce qui nous représente à Montréal en appartenant à différentes cultures. », explique Rossana Bruzzone, directrice générale de l’organisme.
Une richesse indéniable
Le stand de brochettes à la camerounaise, relevées au Penja, est pris d’assaut. Les costumes traditionnels rivalisent de beauté. Le Boubou ivoirien, et les robes afritude, du Sénégal et du Cameroun, dominent. Les tenues tibétaines ne se laissent pas intimider.
La présidente de BAI, Henriette Mvondo n’arrête pas d’arpenter le terrain, comme une abeille travailleuse. La pluie persiste, mais les gens dansent toujours. Sur scène, l’Ivoirien Gotta Lago fait swinguer avec ses rythmes ternaires. Des Pugs sikhes se joignent à la fête. Le stand de jus de Bissap attire les curieux. Dans ce mouchoir de poche humide qu’est le parc Lefebvre, la diversité fait étalage de toute sa richesse à LaSalle.
« Pour l’arrondissement, sa population est d’une grande diversité, et ce qui fait chaud au cœur c’est de savoir que des gens, d’un peu partout, ont choisi le Québec pour immigrer, et LaSalle pour s’enraciner », souligne la mairesse, Nancy Blanchet, présente pour l’occasion avec son équipe.
Il y a plus de 28 000 personnes issues de l’immigration à LaSalle, selon les données de recensement de 2021. Et tous les continents sont représentés. « LaSalle fait face à une réalité à laquelle elle ne peut plus se dérober. La diversité est là, elle est présente. », insiste Henriette Mvondo avant de souligner l’implication de tous les paliers de gouvernement à LaSalle pour accompagner le brassage et garantir le vivre-ensemble.
Pour sa part, l’ambassadrice du Mali au Canada et marraine du festival, son excellence Fatima Braoulé Meïté, encense le rôle joué par BAI pour aider les immigrants et immigrantes. « C’est une association indispensable pour la communauté, pour les nouveaux arrivants au Canada, pour s’intégrer dans la société. Le Canada est un pays d’accueil magnifique, mais certains éléments sont complexes et nécessitent un accompagnement de proximité pour les arrivants pour qu’ils s’intègrent harmonieusement dans la société canadienne. »
Rendez-vous l’année prochaine
En dépit du mauvais temps, les personnes présentes au festival rayonnent. Pour la symbolique, c’est la farandole animée par la troupe traditionnelle québécoise des Danseux qui scelle le grand cercle de fraternité au festival.
À la fin de la journée et à l’heure du bilan provisoire de l’événement, Mme Mvondo ne contient pas sa joie. « Mes impressions sont celles de la gratitude et la joie : quand la météo annonce 100 % de pluie et qu’on a 100 participants et un public qui est là, qui danse et prend du plaisir, ça, ça vaut tout l’or du monde. Nous avons un festival interculturel qui réunit des personnes d’origines diverses, c’est ça notre objectif. Et nous croyons que la population laSalloise y répond très favorablement. », estime-t-elle. Une conclusion partagée par la mairesse d’arrondissement, qui se projetant déjà pour la suite, confie : « On aimerait que BAI répète l’expérience dans les prochaines années. »
Djely Tapa, la chanteuse canadienne aux origines maliennes, venue du pays des griots, met un point d’orgue au bonheur musical qui a enveloppé cet après-midi.
La photo en haut de cet article a été prise par Nouri Nesrouche
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