Commerces sur Centrale à LaSalle : la tendance semble s’inverser

La série de fermetures de commerces de la rue Centrale au cœur du Bronx semble tirer à sa fin. Avant même que le projet de développement d’une nouvelle image de marque pour ces commerces de LaSalle, porté par l’Arrondissement et PME-MTL, ne soit complété, le cycle de vie des commerces locaux a l’air de reprendre le dessus.

« Difficile pour moi de dire si les commerces vont bien ou mal, mais l’accès aux biens est plus difficile pour la population », reconnaissait la mairesse de LaSalle, Nancy Blanchet, lors d’une entrevue avec Nouvelles d’Ici. La fermeture de la crèmerie Think Sunshine suscitait alors de l’inquiétude. En l’espace de six mois, c’était le troisième commerce de Centrale à fermer. Un récent tour sur l’artère commerciale semble indiquer un renversement de tendance.

Le Think Sunshine deviendra Mi Amor

Le local qui abritait la crèmerie ne restera pas portes closes pendant longtemps. Un couple d’investisseurs venus de Verdun a repris le commerce. Leur intention est d’y servir des coupes de glace, mais aussi du café et des sandwichs, du matin au soir. Valérie Allard et Thomas Marisianne ne comptent pas laisser passer la période estivale pour s’installer, la nouvelle enseigne ouvrira avant les premiers jours de juillet, selon leurs prévisions. 

Le duo provient du monde de la rénovation. Ouvrir un café est une nouvelle aventure qui semble leur procurer autant de défis que d’enthousiasme. « On cherchait un local où on pouvait ouvrir un café, et on a trouvé cette crèmerie qui, en plus, fonctionne très bien avec la communauté. Donc on a décidé de l’acheter pour servir du café, mais en gardant la crème glacée. » 

Comment entrevoient-ils l’avenir de leur nouveau commerce ? « J’espère voir une file d’attente jusqu’au bout de la rue! », lance Mme Allard en riant.

Réjouissance dans le quartier

Sur la rue Centrale, les propriétaires de commerces, qui avaient remarqué les premiers signes de dévitalisation du quartier, accueillent avec soulagement les derniers rebondissements. Ève Champagne, membre du Regroupement des commerçants du Bronx et copropriétaire du Café Eviza, commente avec satisfaction les événements qui ont jalonné les derniers jours, à commencer par l’initiative pilotée par PME-MTL du Grand Sud-Ouest pour donner à l’offre commerciale du quartier une nouvelle image de marque.

« Je pense que ça va créer quelque chose de plus fort dans le quartier, un sentiment d’appartenance, une fierté. » Mme Champagne se félicite de l’implication des commerçantes, des commerçants, des citoyennes et citoyens, et de PME-MTL investie dans ce projet financé par une subvention de la Ville de Montréal. Les fruits de cette collaboration commencent à voir le jour, pense-t-elle : « Déjà on le voit. Il y a une couturière au coin qui vient d’arriver, et ça c’est fun ! Un commerce va ouvrir à la place de la crèmerie Think Sunshine, et il y a également quelque chose d’autre qui s’en vient sur le coin de la 7^e où était anciennement Gravity sport. »

Est-ce suffisant pour parler de renouveau commercial dans le Bronx ? Mme Champagne répond par l’affirmative. Les choses avancent tranquillement, précise-t-elle, mais sûrement.

Nouvelle réglementation

Interrogée sur la conversion de l’actuel regroupement des commerçants en association, cette dernière explique que c’est ce qui est souhaité, mais que l’idée reste tributaire de la formation d’un noyau assez stable de commerçants et commerçantes, selon elle.

Par ailleurs, les propriétaires implantés sur les zones C01-12, CO2-07 et C02-11 de la rue Centrale ont tous reçu une copie de l’avis de motion émanant de l’Arrondissement LaSalle et daté du 3 juin dernier. Ce document annonce le projet de modification réglementaire « afin d’adapter les usages autorisés sur les rues commerciales du Village des Rapides (Bronx) ». 

Motivée par le souci de « créer une artère commerciale dynamique », la direction de l’Arrondissement dit viser notamment « à favoriser l’utilisation des rez-de-chaussée commerciaux par des types d’usage moins présents dans le secteur et qui sont reconnus pour maximiser l’achalandage ». 

La présence des activités de service aux rez-de-chaussée des immeubles longeant les artères principales ne favoriserait pas la dynamique dans ces quartiers. Cependant, cette nouvelle réglementation ne s’appliquera qu’aux futurs commerces.

Des exemples de nouvelles restrictions d’usage pour les locaux commerciaux sur la rue Centrale

Lors du conseil d’arrondissement du 3 juin, le conseiller Richard Deschamps avait cité des exemples de restriction d’usage en soulignant que tout sera précisé dans le règlement. 

Le niveau rez-de-chaussée sera interdit, entre autres, aux agences de voyages, studios de danse, graphistes, photographes et assureurs, à la vente de portes et fenêtres et aux commerces de pièces neuves d’automobiles sans service d’installation. L’interdiction s’appliquera aussi aux cliniques médicales sans hospitalisation et aux cliniques vétérinaires sans pension. Pour les services professionnels, exception faite des optométristes, les bureaux d’affaires et les organismes ne pourront plus occuper les rez-de-chaussée.

Autre exemple, concernant les services de restauration, la superficie maximale sera exigée pour l’usage comptoir-minute au rez-de-chaussée, alors que l’usage traiteur sans service sera interdit.

La photo en haut de cet article a été prise par Karine Joly en septembre 2021.