Michel Jean et une sélection de ses livres disponibles à l'Octogone de LaSalle
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Mois de l’histoire autochtone : rencontre avec Michel Jean à la bibliothèque L’Octogone à LaSalle

C’est dans le cadre de sa programmation pour le mois national de l’histoire autochtone que la bibliothèque L’Octogone a invité Michel Jean à venir parler des réalités autochtones et de sa propre quête identitaire à travers ses livres. S’il est bien connu comme journaliste d’enquête et chef d’antenne à la télévision, fort apprécié du public québécois, Michel Jean est également un écrivain innu de Mashteuiatsh, au bord du Lac-Saint-Jean. C’est donc l’auteur qui est venu parler de l’empreinte qu’ont laissé ses origines dans ses écrits à l’occasion d’une conférence le 9 juin dernier dans la salle communautaire de l’Octogone.

Après une courte présentation de l’auteur par un membre de l’équipe de l’Octogone, Michel Jean a mis la soixantaine de personnes présentes à l’aise en leur confiant l’importance, pour lui, de venir à la rencontre de ses lecteurs et lectrices.

Conférence de Michel Jean à l'Octogone de LaSalle
Conférence de Michel Jean à l’Octogone de LaSalle (9 juin 2024) – Crédit photo : Lise Schetagne

Sa passion pour l’écriture commence tôt, avant ses dix ans. La lecture aussi ; il lit pour son grand-père. M. Jean raconte sa chance de gagner des livres à l’école pendant son enfance à Sorel : « tous les vendredis, je gagnais des livres, » dit-il le sourire aux lèvres.

À 40 ans, faisant le point, il constate qu’il n’a jamais écrit malgré cette passion. Il décide alors de s’y mettre, et rédige Envoyé spécial en 1990. Suivront Une vie à aimer en 2010, Un monde mort comme la lune en 2009 et d’autres livres sans rapport avec ses racines autochtones.

Une quête identitaire à travers l’écriture de ses romans

Puis, Michel Jean s’intéresse à ses origines. Il participe à des collectifs, dirige deux recueils mettant de l’avant des voix autochtones : Amun en 2016, des textes qui révèlent la réalité des Premières Nations au Québec et au Canada, et Wapke en 2021, des textes écrits par 14 auteurs de différentes nations et générations.

Dans ses livres, il fait découvrir aux lecteurs et lectrices la lutte des Premières Nations et des Inuits pour la survie, la langue et le respect des autochtones. L’auteur voit la littérature comme « la meilleure arme des autochtones pour exprimer ce qu’ils vivent. » 

« Si, nous, on n’écrit pas qui va le faire ? ». Cette histoire est encore trop mal connue du grand public. Le but ultime de ses romans est que « le monde comprenne », grâce aux histoires qu’il raconte dans ses livres. Chacun a un thème. C’est là que Michel Jean commence. Puis, il choisit ses personnages.

Selon lui, la force de la littérature réside dans sa capacité à faire vivre une histoire. « Lorsqu’on ressent, on est convaincu », confie-t-il avant d’ajouter : « le roman parle à l’intelligence et au cœur. »

L’histoire au présent

Dans ses romans, M. Jean met en évidence des blessures intergénérationnelles. « Il n’y a pas un Autochtone dans tout le Canada qui n’est pas affecté par l’héritage des pensionnats, tous ont vécu des traumatismes », explique-t-il.

L’auteur mentionne la solidarité qui existe chez les Autochtones. Il souhaite que la lecture de ses romans sensibilise les gens aux réalités autochtones. Pédagogue, il explique que l’existence des comportements telle la violence, l’usage de drogues et l’alcoolisme sont des séquelles de la maltraitance. 

Les cours d’histoire du Québec et du Canada dont le contenu est plutôt limité, ne permettent pas de voir l’évolution des Autochtones, selon M. Jean. Les premières Nations existaient il y a 10 000 ans et notre histoire ne débute qu’avec Jacques Cartier et la colonisation ? Il y a trois peuples différents au Québec. Les Premières nations existaient il y a 10 000 ans, les Inuits 5 000 ans et les Métis ont suivi.

Lire l’oeuvre de Michel Jean

Conférence de Michel Jean à l'Octogone de LaSalle
Conférence de Michel Jean à l’Octogone de LaSalle – Crédit photo : Lise Schetagne

La période de questions ne sera pas très longue, car Michel Jean invite les personnes participant à sa conférence à poser leurs questions au cours de la présentation.

Interrogé par Nouvelles d’Ici sur le roman qu’il recommande de lire en premier, il répond Kukum. C’est la pierre d’assise, puis il suggère Le vent parle encore « dans lequel on suit les enfants aux pensionnats », et enfin TiohtIà : Ke, qui fait suite aux deux livres précédents, mais dont l’ordre importe peu d’après leur auteur.

Une participante prend la parole pour dire que depuis quelques années, les scandales des pensionnats au Québec-Canada et du traitement de Joyce Echaquan à l’hôpital ont sensibilisé la population aux drames vécus par les Autochtones. L’auteur et journaliste acquiesce.

Ce dernier ne parle pas la langue innue bien que plusieurs mots soient présents dans ses écrits. Il salue toutefois ses auditeurs dans son émission à TVA Midi avec une formule polie utilisée par les Innus. On l’entend dire « Kuei Bienvenue tout le monde », une approche qui met en évidence le lien de solidarité.

À la découverte des réalités autochtones dans les romans de Michel Jean

– Atuk, elle et nous (réédition 2021) où ses origines innues sont abordées. Une phrase prononcée par sa grand-mère “L’Indien, tu l’as en toi’’ exprime ce calme caractéristique pour faire face aux situations, dit-il.
 – Le vent en parle encore (réédition 2021) aborde le sujet de la violence dans les pensionnats ;
 – Tiohtià:ke (2021) parle de l’itinérance autochtone à Montréal ;
 – Qimmik (2023) aborde la sédentarisation forcée dans les années 50-60, et le génocide des chiens nordiques ;
 – Kukum (2019), raconte le parcours d’Almanda Siméon (arrière-grand-mère de Michel) qui se déroule sur un siècle, et la sédentarisation forcée à travers la famille Siméon. L’auteur commence à l’écrire en 2017, une écriture qu’il qualifie de lente. Il confie partir du Il au Je. Il s’appuie sur des histoires racontées qui font partie de la tradition orale bien ancrée dans ces cultures. C’est l’histoire d’une ascendante Irlandaise orpheline qui habite chez des colons français et qui apprend à vivre en innue, à la suite de sa rencontre avec Thomas Siméon.

Kukum a décroché le Prix littéraire France-Québec, mais n’avait pas été reconnu, alors, au Québec. Une année après sa parution, 5 500 exemplaires avaient été vendus. Le passage à l’émission Tout le monde en parle aura contribué à la hausse de la popularité du livre. Renaud Bray a commandé 10 000 exemplaires au lendemain de l’émission. À présent, 207 000 exemplaires ont été vendus au Québec et le roman a été traduit en 9 langues. Une adaptation à la télévision ainsi qu’une adaptation théâtrale sont en cours.

Nouri Nesrouches et Karine Joly ont collaboré à la rédaction de cet article.

Le collage en haut de cet article est composé de 2 photos de Michel Jean et d’une sélection de ses livres, clichés pris par Lise Schetagne le 9 juin 2024.

Lise Schetagne

Lise Schetagne
Collaboration spéciale
Résidant à LaSalle, Lise Schetagne est une infirmière enseignante retraitée qui a rejoint les équipes de vaccination lors de la COVID-19. Elle fait du théâtre, chante comme choriste dans un ensemble vocal et se passionne pour les jeux avec ses petits enfants. Elle est aussi membre de la première cohorte des ateliers d’initiation au journalisme citoyen de Nouvelles d’Ici.


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