Conférence Les femmes pendant la guerre
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80 ans après le débarquement en Normandie, retour sur le rôle des femmes d’ici pendant la Seconde Guerre mondiale

Enseignant et historien ayant travaillé sur la série télévisée 39-45 en sol canadien avec Claude Legault, Sébastien Vincent a présenté une conférence sur le rôle des femmes pendant la Seconde Guerre mondiale au centre Henri-Lemieux à LaSalle, le 28 mai dernier. Alors que le 6 juin 2024 marque le 80e anniversaire du débarquement en Normandie, c’est aussi l’occasion de revenir sur ce pan de l’histoire nationale et locale.

Les femmes ont beaucoup contribué à cette période, à différents titres. 

Des ménagères pendant la guerre

Comme ménagères, leur rôle traditionnel à cette époque, les femmes sont invitées à se mobiliser. De nombreuses publicités dictent leur devoir tel que de bien nourrir les enfants selon les possibilités de rationnement. Chaque personne, enfant inclus, dispose d’un carnet de rationnement avec la quantité de viande, beurre, café, sucre et autres. Le coupon a une date d’utilisation et doit être déchiré du carnet devant le marchand. 

Les premières versions du guide alimentaire canadien apparaissent à cette occasion. Les livres de cuisine selon les rations prévues deviennent très populaires. C’est à ce moment qu’apparaissent les bas en bouteilles, ainsi nommés, car un produit liquide appliqué sur les jambes permettait de simuler les bas de soie.

Bénévoles et travailleuses pour l’effort de guerre

Comme bénévoles, les femmes font de la couture pour que les soldats au front ne manquent de rien. Le clergé leur donne même le droit de tricoter le dimanche ! Des marraines de guerre envoient en cadeaux des cigarettes, du chocolat, des lames de rasoir à des personnes connues ou inconnues. Des correspondances ont fait naître des histoires d’amour. Les soldats racontent que le moment de la réception des lettres et colis était très attendu.

Comme réserve de main d’œuvre. La crise économique de 1929 a provoqué beaucoup de chômage, mais en 1939, les hommes sont partis au front et la main-d’œuvre est difficile à trouver. Les femmes peuvent alors obtenir des emplois intéressants financièrement, même si elles sont payées au deux tiers du salaire d’un homme. Au Québec, le clergé n’apprécie pas qu’elles sortent de leur rôle de mère de famille. Des débats ont lieu sur les tensions entre le devoir patriotique et le sabotage des valeurs de la nation. 

L'ancienne tour DIL
L’ancienne tour DIL – Crédit photo : Marie Guertin

L’usine de la DIL, Defence Industries Limited, à Verdun, existe depuis 1916. Elle a été construite lors de la Première Guerre mondiale. Remise en opération au moment du second conflit, elle produira 44 millions de cartouches par mois, des munitions destinées aux mitrailleuses. Cette usine crée jusqu’à 6,800 emplois et favorise l’arrivée de nombreux travailleurs et travailleuses dans les quartiers de Verdun. Les femmes ont besoin d’argent et le désir de s’émanciper. Elles sont reconnues pour leurs habiletés à faire du travail de précision tel que requis dans la manipulation de produits explosifs. C’est alors que les premiers programmes de santé et sécurité au travail sont développés. Les travailleuses portent le pantalon et un foulard pour retenir leurs cheveux. Aujourd’hui à Verdun, il reste un vestige de la DIL, une tour située sur la bien nommée rue De la Poudrière.

Si beaucoup de femmes ont pris le chemin de l’usine, nombreuses d’entre elles se sont aussi enrôlées, surtout à titre d’infirmière et de secrétaire. Au Québec, leur enrôlement a été moindre qu’au Canada, car le clergé catholique y était farouchement opposé. Il craint la perte de féminité et les possibilités de mauvaises fréquentations. De plus, le travail dans l’armée, ici comme outre-mer, se fait en anglais. 

À la fin de la guerre, les femmes ont perdu leur emploi. Ayant connu l’indépendance financière et les possibilités d’un rôle différent que celui de mère de famille, plusieurs ont commencé à rêver d’une autre vie.

La guerre mondiale 39-45 a ouvert une fenêtre pour les femmes d’ici en quête d’émancipation. Cette fenêtre s’est refermée après le conflit, mais a établi plusieurs bases sur lesquelles ont pu s’appuyer certaines revendications des années plus tard.

Ici, pendant la Seconde Guerre mondiale

Georges Beurling, héros de guerre Verdunois

Selon Denis Gravel et Hélène Lafortune dans le livre Verdun 125 ans d’histoire de 1875 à 2000, Verdun a eu son héros de guerre: Georges Beurling, qui a donné son nom à une école secondaire du secteur anglophone. Il s’est enrôlé pour la Royal Air Force en 1940. 

“Au cours du mois de juillet 1942, il réussit à abattre 16 avions ennemis, dont 2 en 10 secondes alors qu’il se trouve à Malte. Avant d’être blessé lui-même en 1942, ce valeureux officier détruit 27 avions”, peut-on lire dans le livre d’histoire locale.

Entraînement de pilotes à Lachine

Pour les jeunes recrues qui rêvent de fendre le ciel aux commandes d’un puissant avion, l’entraînement commence dans les Dépôts Manning de Lachine. Ils y reçoivent les cours de base : anglais, drill, maniement d’armes et autres afin d’être sélectionnés pour l’étape suivante. Il ne reste rien de ce site qui était composé de 40 bâtiments aux environs de la 25e avenue et la rue Sherbrooke. Tout a été remplacé par des maisons résidentielles.

À LaSalle

Dans leur ouvrage Propriétaires et promoteurs à LaSalle, Bruno Boucher et Denis Gravel affirment : “En 1942, le gouvernement fédéral acquiesce aux demandes de la municipalité en installant une usine de guerre sur l’actuelle rue Clément.” Mais, les six grands entrepôts navals n’ont finalement été construits qu’en 1951. Les marins sur place ont d’ailleurs contribué au sauvetage des blessés lors de l’explosion du 1 mars 1965. Ces bâtiments ont tous été revendus par la suite. Aujourd’hui, ils sont utilisés à des fins commerciales comme entrepôt ou studio de tournage de films.

Le collage en haut de cet article a été réalisée avec une photo du conférencier prise par Marie Guertin et des affiches d’époque ainsi qu’un cliché de l’usine DIL de Verdun.

Marie Guertin

Marie Guertin
Collaboration spéciale
Résidente de La Salle depuis 40 ans, Marie est nouvellement retraitée. Elle a maintenant du temps pour ses nombreuses passions : les voyages, ses petits-enfants, les évènements culturels, l’histoire, le vélo électrique et le pickleball.


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