« J’adore mon pays natal, le Cameroun ! C’est mon ancrage, ça je ne pourrais jamais le changer. Mais, le Canada restera la terre qui m’a révélé à mes possibilités. » C’est ainsi que Boris Williams Zongo analyse son rapport à sa nouvelle terre d’accueil, Lachine et le Québec. Aujourd’hui, aide-bibliothécaire à la bibliothèque Saul-Below à Lachine, bénévole au Centre culturel et communautaire Henri-Lemieux à LaSalle et étudiant à l’Université de Montréal, le jeune homme a un parcours remarquable et typique à la fois.
C’est en février 2023 qu’il se lance dans le processus de demande de résidence permanente. Fortement encouragé par sa grande sœur, Anne Fergande Zongo, il mène à bout la démarche en quelques mois.
Neuf mois plus tard, à 32 ans, Boris Zongo quitte le Cameroun, le pays qui l’a vu naître et grandir, pour un nouveau départ à Montréal. Sans attendre, il pose ses valises à Lachine.
« Je vois ma venue au Canada comme une sorte de seconde vie, de renouveau »
Lorsqu’il reçoit la lettre d’acceptation de sa demande de résidence permanente en septembre 2023, c’est une seconde chance. Même s’il occupait à l’époque un emploi temporaire d’enseignant de français, d’aide-bibliothécaire et poursuivait ses études à la maîtrise en littérature et civilisations africaines, le jeune trentenaire avait l’impression de vivre dans un état léthargique. « Sur bien des aspects […], j’étais presque spectateur de ma vie », se souvient-il.
Quand sa sœur lui propose de venir s’installer au Canada, il voit une chance de reprendre le contrôle de sa vie. Son objectif était de se libérer de l’étau dans lequel il se trouvait et de se détacher des contraintes sociales que le Cameroun lui imposait. Après son arrivée à Montréal, M. Zongo a voulu s’impliquer socialement afin de faciliter son intégration au sein de la société québécoise.
Il a donc pris l’initiative de s’inscrire à la session d’information Objectif Intégration pour les personnes immigrantes, un guide indispensable pour se familiariser avec le fonctionnement, les valeurs et la culture québécoiss.
Cette formation, offerte en français seulement, a été mise sur pied par le gouvernement du Québec pour faciliter l’insertion des personnes immigrantes. Elle est donnée par plusieurs organismes à travers la province. Après avoir complété les 24 heures obligatoires, chaque personne obtient une attestation de participation et d’apprentissage des valeurs démocratiques et des valeurs québécoises, exprimées dans la Charte des droits et libertés de la personne.
Le trentenaire mourrait d’envie de se trouver un premier emploi, mais on lui a recommandé de s’impliquer bénévolement dans la société avant de trouver son gagne-pain. Ce premier pas lui a certainement permis de se créer un réseau.
Organismes, centres communautaires, bibliothèques
Boris Zongo se lance activement dans la recherche de bénévolat. Il envoie des candidatures spontanées à l’organisme Centraide, le Centre culturel et communautaire Henri-Lemieux (CCCHL) et Passeport pour ma réussite.
Très rapidement, il se retrouve à aider à animer des classes de peinture, de dessin, de ballet et de tutorat. Dans certains cas, c’était la première fois qu’il expérimentait le domaine. « Ça fait en sorte que je découvre un aspect du monde artistique que je ne connaissais pas bien », ajoute-il. Il se voit comme une éponge prête à absorber toutes les expériences possibles et accessibles à lui.
C’est ainsi que ce grand homme de plus de 1m 90 s’est retrouvé à intervenir, en soutien à la professeure, dans une classe de ballet au CCCHL. « Moi aussi, quelque part je laissais ressortir ma part de féminité », lance-t-il, en se remémorant les semaines passées à apprendre des pas de ballet à ces petites filles.
Sur le marché du travail, la persistance de M. Zongo aura finalement porté ses fruits. Au début de l’année, il reçoit enfin un retour de la Ville de Montréal qui lui propose un poste d’aide-bibliothécaire auxiliaire dans les bibliothèques de l’arrondissement de Lachine. Au même moment, Passeport pour ma réussite lui offre de passer de bénévole à tuteur de français au sein de leur organisme. Passionné de littérature, il est aux anges.
« Franchement si ma sœur n’était pas à Montréal, qu’elle ne me soutenait pas, je ne suis pas sûr que j’aurais pu m’épanouir », confie-t-il. Sa sœur, son beau-frère, ses neveux et nièces ont été des piliers pour M. Zongo. Il vit toujours avec eux. Depuis son arrivée, il a aussi fait de nouvelles rencontres qui ont marqué son quotidien.
Une autre famille à la bibliothèque Saul-Bellow
À environ 9000 km de son pays natal, il considère la bibliothèque Saul-Bellow à Lachine comme son premier repère spatial depuis son arrivée à Montréal. Il a immédiatement été attiré par les différents choix d’activités culturelles et le très grand nombre de livres offerts. Quand il a commencé à travailler à cet endroit, il n’aurait jamais cru pouvoir s’y sentir autant chez lui.
En très peu de temps, il a créé des liens très forts avec ses collègues de travail. Caroline Lalonde, une de ses collègues, a particulièrement réussi à percer sa carapace. Au point où il voit en elle une figure maternelle.
« C’est mon petit gars », lance-t-elle à la rigolade. Mme Lalonde avoue avoir une approche maternelle avec les gens, mais dès qu’ils se sont rencontrés, leurs personnalités ont vraiment fonctionné ensemble.
Rapidement, Mme Lalonde a senti qu’elle pouvait lui faire confiance.
Même si M. Zongo se considère plutôt introverti, Mme Lalonde ne le voit pas du tout comme cela. « C’est une personne que l’on ressent assez rapidement, qui a une substance. C’est quelqu’un à la fois sensible, à la fois très intelligent […] ouvert sur le monde et sociable », souligne Mme Lalonde.
Boris Zongo espère avoir un impact positif autour de lui à travers son implication au sein de la communauté de Lachine. « Apporter quelque chose de positif à la société canadienne, à la société québécoise et à la société montréalaise, c’est très important pour moi », insiste-t-il.
Cet automne, il débute une maîtrise en éducation, option enseignant au secondaire, à l’Université de Montréal. La tête toujours dans les nuages, le jeune Lachinois rêve d’avoir une carrière professionnelle stable en tant qu’enseignant, tout en gardant un pied dans le domaine artistique.
Karine Joly et Carl Sincennes ont collaboré à la rédaction de cet article.
La photo de couverture a été prise par Caroline Lalonde.
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