Au large de LaSalle et Verdun : l’Île Rock, le bastion de la carmantine d’Amérique gardé par Héritage Laurentien

Article mis à jour le 25 juillet avec les informations pour s’inscrire aux prochaines expéditions citoyennes.

Cinq fois par été, l’organisme Héritage Laurentien réalise des « corvées citoyennes » sur l’Île Rock, une petite oasis de biodiversité nichée aux pieds des rapides de Lachine entre l’Île des Sœurs et l’Île aux Chèvres. Ces expéditions ont pour but de protéger et de valoriser la carmantine d’Amérique, une plante fragile, mais résiliente qui, tout comme l’île, a traversé de nombreuses épreuves.

De la découverte à la préservation

Fidèle à son nom, l’Île Rock est restée dépourvue de végétation pendant des milliers d’années en raison de sa composition rocheuse. Il y a quelques décennies, alors que les rives nord et sud du petit îlot se développaient, la carmantine s’est mise à pousser sur l’île isolée du contact humain. 

Officiellement désigné par le gouvernement provincial comme un habitat floristique protégé en 1998, ce havre pour la carmantine a connu d’importants changements face à la démocratisation des embarcations nautiques (kayak, jet ski, etc.) et de l’essor des médias sociaux. De plus en plus de personnes ont commencé à visiter l’île sans tenir compte de la fragilité de la carmantine détruisant ainsi son habitat. L’arrivée du phragmite sur l’île, une plante envahissante, a considérablement détérioré l’environnement de la carmantine qui ne compte, au Québec, que quatre sites où elle subsiste encore.

En 2016, grâce au financement du ministère du Développement durable, Héritage Laurentien a pu lancer ses opérations de protection de l’île et engager Duane Boisclair comme gardien pour assurer, notamment, une présence sur l’île et coordonner les corvées citoyennes.

Une île et une fleur en danger à plusieurs coups de pagaie du Natatorium de Verdun

Samedi dernier, M. Boisclair a pris place sur une grande planche à pagaies propulsée par un groupe de citoyens et citoyennes ne se connaissant pas encore. La trajectoire de l’embarcation a remonté le courant alimenté par les rapides de Lachine, tandis que le gardien rythmait les efforts de son équipage par ses mots passionnés décrivant l’île, à peine visible au départ de l’expédition.

À l’approche de la destination, des petites fleurs de carmantine, détachées de leurs tiges, flottent autour de l’embarcation. Un envol d’hirondelles accueille l’équipe à l’île que Duane Boisclair surnomme aussitôt « mon amour ».

S’installant sur l’île avec les bénévoles pour manger, Duane Boisclair découvre un autre groupe de trois hommes. Leur bateau accosté dans l’habitat fragile de la carmantine, ils sont sur le point d’allumer un feu de camp, avant que le gardien ne les invite à partir.

L’équipe citoyenne commence alors à installer des balises flottantes attachées à des blocs de béton à la nage pour délimiter les zones marines où pousse la carmantine. L’objectif de ce périmètre de sécurité est d’empêcher les bateaux de s’en approcher. 

Une fois la corvée terminée, l’équipe repart aussitôt vers la rive et son point de départ : le quai derrière le Natatorium de Verdun. En chemin, le gardien de l’île partage les projets d’Héritage Laurentien. Maintenant que la carmantine y est protégée, il prévoit d’en planter davantage pour la propager. 

Soutenu par les organismes Tous au Fleuve et Demain Verdun, Héritage Laurentien refuse d’entreprendre des expéditions à l’île à bord d’embarcations motorisées. Ce choix vise à favoriser une connexion profonde entre l’écosystème de l’île Rock et les personnes participantes, dans le but de les sensibiliser à sa fragilité.

Où se situe l’Île Rock ?

Les photos de cet article ont été prises par Renaud Vaillancourt le 20 juillet 2024 lors d’une expédition citoyenne à l’île Rock.