La vie d’Elinor Frey, originaire des États-Unis, désormais citoyenne canadienne et résidente de Verdun, se déploie comme une partition en constante évolution. La violoncelliste enchaîne les projets et les défis musicaux, les abordant avec une vocation profonde. Cette femme est dévouée à sa carrière musicale et ne connaît ni repos ni limites en cherchant constamment à repousser les frontières de son art.
La musicienne ambitieuse a eu la piqûre pour le violoncelle à l’âge de cinq ans, quand elle a assisté à un concert de quatuor à cordes. Le groupe était constitué de trois hommes et d’une femme, cette dernière jouait du violoncelle.
« J’ai vu ce concert dans les années 1980. Les métiers étaient beaucoup plus séparés par genres dans ces années-là, explique la violoncelliste. Alors, j’ai absorbé ce concept et je me suis dit : « si cette femme peut jouer de cet instrument, moi aussi je peux le faire » ».
Malgré l’envie débordante qu’avait la fillette de commencer à pratiquer l’instrument, elle a attendu quelques années avant de s’y mettre, car elle était trop petite pour le format régulier du violoncelle.
Quelques années plus tard, Elinor Frey a amorcé sa passion avec des leçons privées à Seattle. Elle a commencé sa carrière dans les petits orchestres d’école. Mme Frey avait toujours une avance sur les autres grâce à ses leçons privées. « J’étais toujours assise à la première chaise et je recevais beaucoup de compliments. C’était une grande motivation pour moi d’être meilleure », se rappelle la violoncelliste.
La musicienne a obtenu une maîtrise à la Juilliard School, une école de musique située dans la ville de New York, puis a auditionné pour faire partie d’un groupe de musique de chambre à Toronto. Elle a réussi son audition et s’est installée au Canada.
Quatre mois plus tard, elle a réalisé qu’elle ne voulait plus faire partie de ce groupe dans lequel régnait, selon elle, une ambiance négative. La musicienne a donc quitté cet environnement qui ne lui convenait pas. Malgré cela, elle désirait rester au Canada.

La jeune femme avait l’ambition d’obtenir la bourse Fulbright Canada, l’un des plus prestigieux programmes d’échanges universitaires, dans le but d’aller étudier en Italie pendant un an. Elle a donc commencé par faire un doctorat à l’Université McGill et a appliqué pour la subvention.
Mme Frey a atteint son objectif et elle a résidé en Italie l’année suivante soit, en 2010. Elle a appris l’italien et a fait l’acquisition d’un nouveau type de violoncelle : le violoncelle baroque. Cette expérience a été significative dans sa carrière, puisque son cheminement a pris une tout autre tournure avec cette expansion de ses connaissances instrumentales.
C’est d’ailleurs en Italie qu’elle a travaillé sur son premier projet de recherche qui l’a menée à la sortie de son premier album solo, La voce del violoncello, un peu plus tard en 2013.
« Avant, je me cherchais. Je suis allée à l’université et je prenais n’importe quelle opportunité qui s’offrait à moi parce que je me laissais porter par les décisions des autres. Après mon passage en Italie, je me suis orientée vers un parcours qui m’était plus authentique, un parcours lié à mes intérêts, qui valorise mes forces. Ça m’a pris beaucoup de temps de trouver ce que j’aimais vraiment faire et j’ai essayé beaucoup de choses avant d’y arriver », admet-elle.
Une carrière riche en défis et en opportunités
Elinor Frey se trouve maintenant à l’endroit dans sa vie où elle a toujours voulu être. Elle enseigne à l’Université McGill la musique qui l’intéresse, le baroque, et donne des concerts solos et des concerts de chambre, en plus de jouer dans des orchestres.
De plus, elle a une grande quantité de projets qui ne cessent de se multiplier, tels que la sortie de son prochain album, prévu en 2026.
« Je suis très chanceuse, je gagne ma vie en faisant les choses que j’aime ! », s’exclame-t-elle. Aussi, la musicienne et l’ensemble de l’académie artistique, Accademia de’ Dissonanti, sont lauréats du Prix Opus 2024, attribué par le Conseil québécois de la musique, pour l’album de l’année dans la catégorie de la musique médiévale et de la renaissance pour l’album Jean Baur :Chamber Music.
Mme Frey souligne que la musique est indispensable pour elle. « Quand je joue, je suis plus connectée à ma respiration et à mon corps. Je me sens chanceuse, car chaque jour, je suis obligée de rentrer en relation avec tout mon être et ainsi vivre le moment présent », dit-elle.
La musicienne croit fortement que, lorsqu’elle joue de son instrument, elle effectue une pratique méditative. « C’est bénéfique pour ma santé mentale et j’ai l’impression que ça m’aide dans les autres sphères de ma vie, comme mes relations familiales ou amicales. Tout commence avec la relation que j’ai avec moi-même et la musique me permet d’avoir ce privilège », confie la violoncelliste reconnaissante.
Mme Frey travaille de façon acharnée et cela provoque parfois une énergie négative, car elle confronte constamment ses forces et ses faiblesses. Plus elle gagne de l’expérience dans sa carrière, mieux elle est outillée pour repousser ces énergies négatives.
Ce qui la motive à s’investir autant dans sa carrière de violoncelliste, c’est qu’elle ne connaît pas les limites de ce qu’elle peut faire. Elle peut optimiser ses connaissances et son niveau de jeu sans barrières. « Ça vaut la peine d’essayer d’atteindre nos pleines capacités ! », s’exclame-t-elle avec un grand sourire.
Mme Frey explique que sa carrière de musicienne peut durer bien plus longtemps qu’une carrière professionnelle conventionnelle. Il lui reste encore des dizaines d’années à poursuivre sa passion. Elle voit le futur comme une chose très intéressante.
« En environ 30 ans de carrière, j’ai fait beaucoup de choses : j’ai fait des disques, des concerts, j’ai donné des cours. Il me reste surement encore 30 autres années pour continuer mon parcours, donc j’ai hâte de voir tout ce que j’accomplirai de nouveau ! J’ai encore beaucoup d’aventures musicales qui m’attendent ! J’aimerais jouer le dernier jour de ma vie, si mon corps me le permet », affirme-t-elle.

Alicia Allard
Collaboration spéciale
Résidente de Lasalle, Alicia Allard est étudiante en journalisme multimédia au cégep André-Laurendeau. Elle s’intéresse à la culture québécoise et au sport.
La photo en haut de cet article a été prise par Alicia Allard.
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