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Un camp de jour à LaSalle pour apprivoiser le français pendant les vacances

Entre deux périodes de lecture, les enfants s’amusent à dessiner des lettres sous le contrôle des animatrices, portant toutes le chandail du camp de jour du Centre d’accompagnement KEDA. Ni les gouttes d’eau qui tombent du plafond dans un bac installé à côté des tables, ni l’activité du ventilateur posé par terre pour mettre un peu de fraîcheur dans le local ne déconcentrent ces jeunes.

L’organisme à but non lucratif (OBNL) qui fournit un service de tutorat et d’aide aux devoirs pour les élèves du primaire et du secondaire tient ce camp de jour à l’ambiance studieuse au parc Ménard à LaSalle. Spécialisé en lecture et écriture, il accueille 16 enfants, âgés de 5 à 12 ans. Résidant à LaSalle et Lachine, ces jeunes y viennent chaque jour pour devenir des « écrivains en herbe. »

Organisée dans le cadre du Shack communautaire du parc Ménard, cette intiative est destinée aux enfants de ce quartier de LaSalle, qui est l’un des plus défavorisés de l’arrondissement.

Le besoin d’apprentissage du français

Que ce soit à Côte-des-Neiges ou à LaSalle, il y a un réel besoin d’apprentissage de la langue française, surtout chez les familles nouvellement arrivées au pays quand ce n’est pas leur langue maternelle, constate Keslie Datus, la présidente du KEDA.

Cette dernière a accumulé les formations et l’expérience en éducation spécialisée tout au long de son parcours communautaire et institutionnel.

C’est à partir d’un constat très simple qu’elle a fondé cet OBNL en 2018, puis son camp de jour spécialisé. « À LaSalle, beaucoup de gens parlent anglais. Ajoutez à cela les familles qui arrivent et ne comprennent ni français ni anglais, et tous doivent côtoyer le système francophone. Arrivés à l’école, c’est le choc pour les jeunes. »

À travers sa propre expérience de tutorat et d’aide aux devoirs, Mme Datus souligne de sérieuses difficultés d’apprentissage du français chez les plus jeunes. « J’ai constaté que les élèves que j’ai reçus sont des enfants qui ont des difficultés en lecture, et qui dit difficulté de lecture, dit que la compréhension et l’écriture ne sont pas là. »

Keslie Datus (assise à droite) utilise des méthodes spécialisées lors des ateliers « Les écrivains en herbe » (18 juillet 2024) – Crédit photo : Nouri Nesrouche

L’impact de la pandémie et de la grève

Deux des enfants présents au camp du jour viennent d’arriver il y a tout juste un mois au Canada. Leurs parents ont eu de la chance de leur trouver une porte d’entrée pour l’apprentissage de la langue française, aussi vite et dans un cadre spécialisé et ludique. Mais, ce n’est pas le cas de tout le monde. Cette semaine, le centre a dû refuser d’intégrer 5 enfants avec des troubles du spectre de l’autisme (TSA), faute d’accompagnatrices spécialisées.

Mais, certains des enfants que reçoit le centre KEDA ne sont ni fraîchement arrivés au pays ni face à des besoins spéciaux tel un TSA. Pourtant, leurs difficultés sont réelles. Mme Datus dit ne pas s’expliquer les raisons de ces difficultés, mais elle souligne les conséquences désastreuses du temps passé devant les écrans des téléphones et autres tablettes, notamment durant la pandémie ou encore durant la grève enseignante lors de la dernière année scolaire.

Les OBNL, relais pour les communautés

Depuis que le KEDA est devenu un organisme reconnu par l’Arrondissement, le nécessaire a été fait pour lui permettre de s’installer dans la communauté. Cependant, il ne dispose pas encore de local approprié et propre à lui pour mener à bien sa mission. « Il existe une crise de locaux pour les organismes communautaires. Je ne sais pas ce qu’il faut faire, mais on doit en avoir pour pouvoir travailler. Celui-là (le sous-sol de la piscine) est inapproprié », affirme-t-elle.

Face à la problématique de la langue, les organismes communautaires jouent un rôle important, estime-t-elle. Ils pourraient avoir un plus grand impact pour les personnes nouvellement arrivées au pays avec plus de moyens.

« J’appelle les autorités à prendre en charge les communautés qui arrivent, et de mettre aussi des outils dans la communauté par le biais des organismes existants, parce que ces organismes sont la porte d’entrée des immigrants », conclut la présidente du KEDA.

La photo en ouverture a été prise au camp de jour le 18 juillet 2024 par Nouri Nesrouche


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Nouri Nesrouche
Nouri Nesrouche pratique le journalisme depuis 23 ans. Après avoir travaillé pour deux grands titres francophones en Algérie, il a intégré la rédaction de Nouvelles d’ici en juin 2024 grâce à la Bourse média de la Fondation canadienne des relations raciales. Durant sa carrière, Nouri a produit de grands reportages, notamment à l’étranger, des chroniques politiques, et beaucoup d’informations de proximité. En plus de la politique et des affaires civiques, il s’intéresse beaucoup à la culture.