Tisser la ville : une exposition pour faire découvrir Montréal à travers le regard de personnes immigrantes

Si vous vous intéressez aux problématiques migratoires et à l’univers des immigrants, courez découvrir l’exposition itinérante, Tisser la ville, à la bibliothèque Saul-Bellow à Lachine. Jusqu’à vendredi 12 juillet, les planches accrochées par la chercheuse-géographe Lama Boustani et la photographe Dominique Claire-Marie vous offrent une lecture de la relation entre l’immigrant et sa ville d’accueil, son quartier et les lieux qui structurent de nouveaux liens affectifs.

La recherche s’articule autour d’entrevues sous forme de Marches commentées, réalisées entre octobre 2022 et juillet 2023, dans 13 quartiers de Montréal. Plusieurs participantes et participants au projet de recherche sont des résidentes et résidents de Lachine, LaSalle et du Sud-Ouest. Des visages que vous pourrez reconnaître. 

« La Marche commentée me permet de comprendre, à travers différents sens, ce que les participants et participantes veulent me partager. Elle me permet de coller leur récit à l’image du paysage, aux bruits qui nous entourent, aux odeurs et au mouvement qui nous accompagnent. », explique la chercheuse.

Pourquoi Tisser la ville ?

La branche de la géographie humaine met l’emphase sur les dynamiques sociales, politiques, culturelles de l’espace. « Dans mon cas je m’intéresse aux relations affectives ou émotives entre les personnes migrantes et les espaces urbains d’accueil, ces émotions sont le fruit de dynamiques culturelles et politiques. », explique Mme Boustani.

Cette dernière n’en est pas à sa première expérience dans le sud-ouest. Il y a 2 ans, elle avait réalisé un autre projet de cartographie créative destiné aux personnes immigrantes installées à LaSalle.

Son objectif cette fois, est de permettre aux Montréalaises et Montréalais de découvrir leur propre ville à travers les yeux et l’expérience sensible de ces personnes qui la découvrent et se l’approprient petit à petit. « À travers tout ça, il y aussi le désir d’offrir d’autres discours sur l’immigration, d’offrir des récits de vie, des images du quotidien, pour rappeler que l’immigration c’est avant tout une expérience humaine vécue par des milliers d’individus tous les jours et pas seulement une question de chiffres, d’économie et de politique. », souligne-t-elle.

Des lieux lumineux

En attendant les résultats de la recherche, en cours d’analyse, Lama Boustani ne cache pas sa surprise de découvrir à quel point Montréal est perçue comme une ville verte par les personnes immigrantes interviewées. « Ce n’est pas une perception de la ville que j’avais et ce qui est intéressant dans ce projet, c’est qu’on redécouvre la ville à travers les yeux des autres. », souligne-t-elle.

Les personnes découvertes lors des « marches » portent souvent des stigmates dus à leurs parcours migratoires. Mais toutes désignent des lieux qui leur ont apporté de la joie, de la paix ou d’autres émotions positives dans leur démarche d’ancrage dans ce nouveau territoire. « Ce sont des lieux que j’ai choisi de qualifier comme “lumineux”, parce qu’on a souvent tendance à voir l’immigration comme une expérience douloureuse, mais même au travers des difficultés, il reste des moments de joie et pour moi c’était vraiment beau de pouvoir découvrir les lieux qui se rattachent à ces émotions-là », explique encore la chercheuse géographe.

Prochains rendez-vous dans le Sud-Ouest, à LaSalle et à Verdun

La prochaine exposition de Tisser la ville est prévue à Saint-Michel au mois de septembre, mais elle retournera dans le Sud-Ouest en automne. Le public laSallois pourra aussi découvrir ce travail de recherche en novembre prochain au Centre Prisme pour une durée qui n’a pas encore été communiquée. Enfin, l’exposition se vistera en janvier au Café Jardin de Verdun.

Toutes les dates sont mises au fur et à mesure sur le site internet : tisserlaville.ca.

La photo d’ouverture a été prise par Dominique Claire-Marie pour le projet Tisser la ville.