Salon de l’automne au centre Henri-Lemieux : des artistes LaSallois revisitent le livre comme objet d’art

Jusqu’au 23 novembre, le Centre Henri-Lemieux à LaSalle ouvre ses portes pour accueillir le traditionnel Salon de l’automne.

Grâce à la participation active des membres de l’Association des artistes de LaSalle, organisatrice de l’événement, cette exposition collective présente un éventail de créations allant des peintures et estampes aux gravures et collages. Le public a l’opportunité d’explorer une grande diversité de styles artistiques, des médiums originaux ainsi que des palettes de couleurs allant des teintes douces aux nuances vibrantes.

Les œuvres exposées s’étendent sur différents formats, invitant ainsi à une immersion tactile et visuelle. Ce mélange d’approches et de techniques enrichit l’expérience des visiteurs, leur permettant d’apprécier non seulement la technique, mais aussi les émotions véhiculées à travers chaque œuvre.

« Livre objet d’art », une réinvention créative

L’Association des artistes de laSalle, qui existe depuis plus de 45 ans, organise deux expositions par an. Le Salon de l’automne et le Salon du Printemps. Le reste de l’année, indique la présidente Ginette Poissant, est meublé avec des cours, des ateliers et des conférences, mais très régulièrement aussi « des projets collectifs qui réunissent beaucoup de nos membres qui aiment participer à des défis qui les amènent souvent hors de leurs pratiques connues et courantes ».

L’exposition actuelle se démarque particulièrement par l’intégration d’un projet audacieux et innovant intitulé « Livre objet d’art ». Projet qui met en lumière le potentiel des livres anciens, transformés en autres œuvres d’art.

Le résultat est impressionnant : des livres métamorphosés en sculptures, en cahiers d’artistes ou encore réarrangés de manière à créer des œuvres surprenantes, délirantes et provocatrices. « Ça a eu beaucoup de succès. Les gens ont été étonnés de la variété d’expressions et de démarches qu’on voyait quand même à travers les propos de chacun des artistes », affirme la présidente de l’association.

Réflexion sur les mots

Transformer un livre en œuvre d’art en le découpant, en déchirant ses pages peut d’abord sembler choquant. Mais aucun livre précieux n’a été endommagé, rassure Mme Poissant. Il s’agit en fait de livres obsolètes, endommagés par le temps, des rebuts, et « c’était vraiment dans le but d’utiliser une ressource qui se serait retrouvée à la poubelle », explique-t-elle.

Elle-même grande lectrice, elle en avait deux dans ses cartons, et puis l’occasion s’est présentée pour leur donner une seconde vie. Mme Poissant participe donc avec deux œuvres. L’une de ces œuvres s’intitule Les mots vers toi : cette installation délicate au symbolisme puissant présente des pages de livres découpées en formes organiques, flottant en l’air comme autant de mots d’amour.

L’œuvre évoque l’idée que les mots ont le pouvoir de s’échapper d’un livre et de toucher les gens. En plaçant le livre verticalement et en le laissant légèrement ouvert, l’artiste suggère que la connaissance et les émotions contenues dans les pages sont prêtes à être partagées. Les mots et phrases découpés qui semblent s’échapper peuvent symboliser la fluidité de la pensée et l’importance de la communication dans nos vies.

La manière dont les mots semblent « entrer en contact avec » invite à s’interroger sur sa propre relation avec la lecture et l’écriture. Cela peut susciter des réflexions sur la manière dont les mots peuvent influencer nos vies, nos émotions et nos interactions avec les autres.

Justesse des mots, ambivalence du pouvoir

Le livre, la lecture, la connaissance et la liberté d’expression sont au cœur de cette exposition de 42 œuvres, riche et débordante de créativité. « Oser parler », « Babel », « Hommage au Petit Prince », retiennent, entre autres, l’attention.

« Le Pouvoir », signée par Carole Dessureault, représente un livre ouvert verticalement, avec des figurines d’hommes escaladant ses pages. Les personnages, aux expressions déterminées, illustrent la quête éperdue du pouvoir. Ceux couchés, après une chute, mettent en lumière les conséquences souvent violentes et injustes de cette quête de pouvoir. Des mots comme « argent », « narcissisme » et « corruption » sont intégrés au bas, soulignant l’ambivalence du pouvoir et ses implications éthiques.

Artiste reconnue, dont les œuvres font partie de la collection de l’Arrondissement de LaSalle, Carole Dessureault exprime ici des sentiments mêlés de tristesse et de colère face au mal qu’infligent certains puissants « narcissiques » à notre monde.

À Nouvelles d’Ici, elle explique qu’au départ elle voulait réaliser une œuvre d’art visuel, mais qu’avec le salon l’idée a changé.

Le Centre Henri-Lemieux se transforme ainsi en une plateforme dynamique d’échange où l’art et la littérature se rencontrent de manière inédite. Cet événement est l’occasion pour le public de redécouvrir le livre sous un jour nouveau et d’apprécier la créativité et l’engagement des artistes en redonnant vie à des objets oubliés.

Lancement du Prix du public Nancy Blanchet

À l’occasion de l’édition 2024 du Salon d’automne, un nouveau prix a été lancé pour récompenser l’artiste dont l’œuvre aura récolté le plus grand nombre de votes du public. Le prix du public Nancy Blanchet est marrainé, comme son nom l’indique, par la mairesse de LaSalle. Il a été présenté et lancé lors du vernissage de l’exposition, le 6 novembre dernier. Les bulletins de vote et l’urne sont disposés à l’entrée de la galerie d’exposition. Tout visiteur peut y participer.

L’œuvre choisie parle public sera révélée le 25 novembre.

Toutes les photos dans cet article ont été prises par Nouri Nesrouche en novembre 2024