À Pointe-Saint-Charles, les initiatives citoyennes ne manquent pas. Le Collectif 7 à nous, fondateur et animateur du Bâtiment 7 s’implique notamment pour la protection de l’environnement. Sa Ruelle bleue-verte, projet pilote de récupération et gestion des eaux pluviales est « le premier projet du genre dans tout le Québec », selon Lindsey Weller, responsable horticole au sein de la Fermette, un organisme issu du Bâtiment 7 et consacré à l’autonomie alimentaire du quartier. C’est cet organisme qui est chargé de la gestion des espaces extérieurs du bâtiment, les Jardins collectifs et la Ruelle bleue-verte, et organise des visites périodiques de ce projet innovant.
Vendredi 11 octobre, Mme Weller fait sa tournée avec des étudiantes en Action culturelle de l’UQAM.
Qu’est-ce que la Ruelle bleue-verte ?
Le concept de ruelle bleue-verte se veut une réponse aux problèmes causés par la densification urbaine et l’imperméabilisation des sols. Ces problèmes font de plus en plus parler d’eux : îlots de chaleur ou inondations dues à la surcharge des canalisations souterraines.
À Pointe-Saint-Charles, la ruelle a trouvé sa place sur un grand terrain vague qui devait accueillir un nouveau développement immobilier, avant que la résistance citoyenne n’empêche le projet et récupère le site pour l’utiliser au profit de la communauté.

Sur une distance de 150 mètres, une allée en béton longe le Bâtiment 7. De loin, on distingue seulement une voie qui permet aux piétons de traverser le terrain en friche. Mais, de plus près, on découvre un aménagement complexe à plusieurs fonctions.
L’allée s’intègre dans un système de récupération de la pluie qui tombe sur le toit plat du bâtiment. Au lieu de couler dans les canalisations des eaux usées, l’eau va se déverser dans des bassins naturels longeant l’allée de part et d’autre, et munis d’un système de bio-rétention pour absorber lentement l’eau. Une végétation dense et agréable borde toute l’allée.
Une ruelle pour retenir l’équivalent de plus de 3 piscines olympiques d’eau de ruissellement
Le 9 août dernier, la tempête tropicale Debby a provoqué des inondations dans plusieurs villes du Québec et son lot de dégâts considérables à Montréal. Sur la ruelle bleue-verte de Pointe-Saint-Charles, en revanche, les bassins naturels ont absorbé l’eau sans laisser la moindre trace.
« Bien qu’il s’agisse d’une infrastructure à l’échelle d’un (grand) terrain, nous avons constaté que les bio-rétentions avaient absorbé l’eau tombée en 72 heures sans aucune érosion ou végétaux abîmés », précisait le 23 août dernier le Bâtiment 7 sur sa page Facebook.
Forts de ce constat, les ingénieurs travaillant avec le collectif ont émis l’hypothèse que la ruelle aurait dépassé sa capacité d’absorption initialement prévue, et que l’ouvrage a plus probablement permis, depuis sa mise en fonctionnement, d’éviter de reverser au réseau l’équivalent de 3 piscines olympiques.
À l’origine du projet

Il y a environ 14 ans, une réflexion a été engagée sur les pluies qui tombent des toits plats de Montréal et leur impact sur les réseaux souterrains et le reste de l’infrastructure municipale de gestion des eaux pluviales.
Une quarantaine de partenaires étaient impliqués, dont le Collectif 7 à nous, basé dans l’arrondissement du Sud-Ouest.
La réflexion a été couronnée par un rapport adressé au service de l’eau de la Ville de Montréal mettant en exergue le lien entre la déconnexion des drains des toits et les ruelles vertes.
En 2016, ces partenaires ont créé l’Alliance ruelle bleue verte avec l’objectif de développer des pratiques innovantes pour la gestion durable des eaux de pluie. Deux projets pilotes sont sortis du lot : la ruelle turquoise dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et la ruelle bleue-verte dans Pointe-Saint-Charles dans l’arrondissement du Sud-Ouest.
Mutualisation
Afin de contourner les obstacles budgétaires et administratifs à ce projet innovant, la mutualisation s’est imposée comme la forme idéale pour partager la responsabilité de la gestion des eaux de pluie de la Ruelle bleue-verte entre les différentes parties prenantes. Les infrastructures étant situées à la fois sur un terrain privé et un terrain public, il a fallu signer une entente de mutualisation pour ce projet.

« C’est vraiment la première fois que l’arrondissement, la ville, accepte qu’on intervienne sur son terrain, et aussi qu’ils acceptent d’entretenir des infrastructures sur un lot privé […] et ça a pris une nouvelle réglementation qui a été créée pour que ça puisse arriver », souligne Mme Weller.
L’entente de mutualisation de la gestion de la Ruelle bleue-verte de Pointe-Saint-Charles est la première du genre au Québec. Elle peut maintenant servir de précédent pour les initiatives citoyennes futures.
La photo d’ouverture a été prise par Lindsey Weller.
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