Après Verdun, Lachine et Le Sud-Ouest, c’est au tour de LaSalle d’accueillir la tournée du projet LEVIER. Rêver l’avenir des quartiers et imaginer le Grand Sud-Ouest de Montréal en 2050, c’est la vision pour laquelle une équipe de recherche interdisciplinaire, issue de l’Université de Montréal (UdeM), de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et de l’École de technologie supérieure (ÉTS), cherche à mobiliser le public.
Cette équipe interdisciplinaire, réunie dans le cadre du projet LEVIER, est venue lundi 16 décembre à LaSalle rencontrer le milieu communautaire et des personnes élues pour imaginer le Grand Sud-Ouest de Montréal tel qu’il pourrait être en 2050.
L’atelier de co-réflexion, qui s’est déroulé dans les locaux de la Table de développement social de LaSalle (TDSL), a pour objectif de favoriser une collaboration étroite avec les acteurs et actrices de terrain pour co-créer des projets pilotes structurants, basés sur leur expérience et leur vision de la ville.
L’atelier organisé lundi avec la TDSL est le cinquième d’une série qui a permis aussi de rencontrer des acteurs locaux à Hickson-Dupuis à Verdun, Pointe-Saint-Charles, Ville-Émard, et à Lachine-Est et Ville-Saint-Pierre.
« Notre but aujourd’hui, c’est comment peut-on imaginer un style de vie direct dans ce quartier, sans enlever tout l’emploi, mais sans renforcer des valeurs de banlieues qui ne reprennent pas notre empreinte écologique », a expliqué à Nouvelles d’Ici le professeur à l’École d’architecture de l’UdeM, Daniel Pearl.
À la tête de ce projet depuis le début, M. Pearl a souligné lundi l’importance d’établir des synergies entre la recherche académique et les besoins locaux, en se concentrant sur la revitalisation de LaSalle, un secteur qu’il considère comme déstructuré, ayant un potentiel inexploité. Pour lui, il s’agit de poser la question « c’est quoi l’avenir de nos villes ? », et de faire en sorte que notre ville soit « mixte, complexe, abordable », avec un style de vie qui comporte « tous les aspects qu’on cherche dans une ville du 21e siècle ».
Le projet LEVIER : une démarche innovante
Depuis six ans, le projet Levier a permis aux étudiants et étudiantes de réaliser 80 projets de recherche-action dans le Grand Sud-Ouest de Montréal, sur un territoire qui s’étend de Bridge Bonaventure à l’est, jusqu’à l’extrême-ouest de Lachine.

En s’inspirant d’une approche d’urbanisme écosystémique, le projet vise à réactiver la vie dans les rues, les espaces publics et les infrastructures vertes. En utilisant 50 indicateurs, l’approche de diagnostic écosystémique s’inspire des méthodes développées par l’agence d’écologie urbaine de Barcelone. Ce modèle repose sur quatre principes fondamentaux : compacité, complexité, efficacité métabolique, et cohésion sociale.
L’objectif général du projet est de renforcer les collaborations avec les acteurs locaux pour mettre en œuvre des stratégies d’écologie urbaine et d’économie circulaire.
À travers des expositions interactives et des ateliers de co-construction, LEVIER cherche à initier une opérationnalisation de ces résultats de recherche pour transformer durablement le territoire.
LaSalle : un potentiel à exploiter
LaSalle est perçue comme un secteur souffrant d’un zonage monofonctionnel et d’enclavement, notamment en raison des infrastructures routières telles que les autoroutes et les voies ferrées. Une situation qui limite les opportunités de développement et de mixité urbaine, selon des travaux exposés lundi. Sur les planches présentées à l’occasion, les étudiants et étudiantes ont identifié des enjeux majeurs, notamment le manque de mixité dans les secteurs de type banlieue, dominés par des centres commerciaux, et la dépendance à l’automobile qui en découle.
Lors de l’atelier, M. Pearl a évoqué la nécessité de « réinventer la ville sur la ville » en intégrant des principes d’urbanisme écosystémique.
Les participants et participantes ont discuté des moyens de verdir et densifier le secteur tout en préservant l’emploi et en prenant en compte le développement social.

L’atelier a également mis en lumière les préoccupations des citoyens concernant la mobilité et l’éloignement du centre-ville. Les personnes élues présentes, Josée Troïlo et Benoit Auger, l’attachée politique Julie Drolet, le coordonateur de l’Éco-quartier Isaac Doughty, Rémi Daigle de la TDSL et Henri Chevalier, directeur général de la CDEC LaSalle-Lachine, ont partagé leurs réflexions sur la nécessité d’améliorer les infrastructures et d’attirer des emplois pour rendre LaSalle plus attrayante pour les jeunes.
Les travaux estudiantins proposaient des synergies innovantes, notamment autour du canal de Lachine, et des secteurs en voie de devenir une friche industrielle.
Ils ont proposé, entre autres, d’ajouter près de 36 000 logements et de créer 164 hectares d’espaces verts pour améliorer la qualité de vie des habitants. Les propositions visent également à promouvoir la mobilité active, facilitant l’accès aux services et réduisant la dépendance à la voiture.
Une démarche participative pour l’avenir
Cet atelier de co-création a permis aux participantes et participants d’exprimer leurs idées et leurs préoccupations. M. Pearl a insisté sur l’importance de ce dialogue, affirmant que le projet LEVIER vise à encourager des projets pilotes qui traduisent les théories académiques en actions concrètes sur le terrain.
Une nouvelle phase de recherche est prévue pour janvier 2025, avec l’intention de réanalyser les résultats des ateliers et d’inviter les citoyens et citoyennes à collaborer avec les étudiants et étudiantes sur des projets concrets.
La photo de couverture a été prise par Nouri Nesrouche le 16 décembre.
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