Pumptrack à L’Île-des-Soeurs : encore en débat avant le coup d’envoi des travaux à l’automne 2025

Article modifié le 26 février. Un correctif a été apporté, pour indiquer que la piste à rouleaux en tant que telle est encerclée par une aire protégée, sans en faire partie.

La construction de la future piste à rouleaux de L’Île-des-Soeurs et l’aménagement de son site débuteront à l’automne 2025, a confirmé l’Arrondissement de Verdun durant une séance d’information en ligne le 19 février. L’ancien kayakiste d’Équipe Canada et Lachinois, Hugues Fournel, était même présent pour tenter de convaincre l’opposition du bien fondé du projet.

« On m’a appelé dans les derniers jours pour venir faire un plaidoyer sur la piste à rouleaux », a indiqué l’olympien de Londres 2012 quelques instants avant la période de questions. Depuis sa retraite sportive, M. Fournel est devenu expert-conseil en matière de récréotourisme de plein air. Il est impliqué avec sa sœur et ancienne co-équipière dans l’organisme Tous sur l’eau à Lachine.

Dans le cadre de ses fonctions à titre de gestionnaire d’un centre de plein air à Québec, il a « développé, payé, et construit » une pumptrack, a-t-il indiqué. « C’est des infrastructures qui sont hyper-rassembleuses, pas juste pour les jeunes. Ce sont des infrastructures qui sont hyper multigénérationnelles », a insisté le Lachinois, qui maintient que l’enfance, l’adolescence, les parents et les personnes aînées y trouveront leur place.

Le plaidoyer de M. Fournel est venu après la description du projet par l’ingénieur de l’arrondissement, Steve Vadeboncoeur. Il a notamment expliqué le raisonnement quant au choix du site, un choix qui n’a pas manqué de susciter l’ire de plusieurs Insulaires depuis l’annonce du projet.

Une pétition, lancée par Élyse Morin auprès de la population, a ainsi récolté 3 415 signatures depuis le 16 juin 2024. Les signataires s’opposent à l’emplacement du projet de pumptrack, mais en contestent également le coût annoncé. « Nous ne connaissons pas les conséquences potentielles de cette construction sur la biodiversité locale, mais nous sommes assurés que les perturbations seront significatives », indique la pétition.

Durant la période d’échanges, l’opposition au projet a côtoyé les opinions favorables. Les discussions en ligne étaient tendues. Le débat a notamment porté sur la représentativité des sondages conduits par l’Arrondissement, face à celle de la pétition de Mme Morin.

La réunion à distance a rassemblé plus de 80 personnes, dont l’entièreté du conseil d’arrondissement de Verdun. La mairesse, Marie-Andrée Mauger, a déclaré au début que la piste à rouleaux « est un projet dont nous sommes fiers. »

Mais dans les dernières minutes de la séance, elle a avoué que c’était « un peu crève-coeur de vouloir faire un projet dans le quartier L’Île-des-Soeurs où on nous a beaucoup dit qu’il y avait peu d’investissements» et « un manque d’infrastructures de toutes sortes ».

ll n’y a pas de lieu parfait, a-t-elle ajouté, avant de réitérer « l’engagement et l’ardeur de faire un beau projet pour toutes les générations. »

Une logique d’élimination

L’enveloppe planifiée du projet devrait atteindre 1,8 M$, taxe incluses. La somme inclut environ 419 000 $ pour des travaux de génie civil mais aussi de décontamination du site en raison du remblai. Si un développement commercial ou résidentiel est impossible à moins de dépenser « une fortune » selon l’ingénieur, le ministère de l’Environnement autorise un usage de type parc pour le niveau de contamination évalué.

Ce dernier a approuvé les mesures proposées de mitigation des impacts néfastes sur la biodiversité locale. La friche, terrain de chasse pour plusieurs oiseaux de proie, sera maintenue. La population locale de couleuvres brunes, espèce menacée, sera capturée puis évacuée du site des travaux au printemps. Elle sera ensuite réintégrée dans le secteur, qui devrait comprendre six hibernacles pour les reptiles.

La piste à rouleaux verra le jour sur le terrain du parc Adrien-D.-Archambault, juste au nord du Lac des Battures, à l’est du boulevard de la Forêt. La majeure partie de ce terrain est comprise dans les neuf hectares ajoutés tout récemment au répertoire des milieux naturels conservés de la Ville de Montréal, dans le cadre du 150e anniversaire de Verdun. 

Le site de la piste à rouleaux conserve un usage de type parc, tout en étant encerclé par une bande de 30 mètres de large qui fait partie des aires protégées. Cette même bande sépare la piste des maisons du secteur.

Ce site était l’un des quatre du parc Adrien-D.-Archambault envisagés pour ce nouvel aménagement. Il a été retenu notamment parce que les travaux ne nécessiteront pas d’abattage d’arbres. L’aplatir demandera le moins de remblayage possible, ce qui réduit les coûts potentiels. M. Vadeboncoeur a assuré que les excavations seront « de surface », atteignant au maximum deux mètres pour planter les lampadaires.

Le terrain est également suffisamment grand pour accueillir une piste et des aménagements sur son pourtour. L’Arrondissement voulait utiliser un terrain le plus plat possible appartenant à la Ville de Montréal, d’une superficie d’au moins 3 500 m², a détaillé l’ingénieur. Les terrains au Parc de la Fontaine et au parc Marin ne convenaient pas. La piste à rouleaux en tant que telle occupera 850 m², car en bas de ce seuil, « ça devient un peu redondant dans les différents parcours », a indiqué M. Vadeboncoeur. 

L’équipe voulait également un endroit qui ne nécessiterait pas de retirer une autre installation pour aménager la piste, utilisable durant l’hiver. Ainsi, l’emplacement derrière le centre Elgar était éliminé en raison de la présence d’une patinoire et d’une aire de jeux. Le terrain vacant au croisement du chemin du Golf et Roland Jeanneau n’était pas viable, car il est destiné à « un futur usage communautaire » . Il est l’un des deux terrains qu’a achetés la Ville de Montréal en 2024.

Le chantier ne prévoit pas la création de nouvelles places de stationnement. « On veut vraiment inciter à la mobilité active. Il va y avoir une amélioration de la piste cyclable pour ramener [au pumptrack]», a assuré la cheffe de section de l’Aménagement des parcs et espaces verts de Verdun, Frédérique Magnan-Lauzon, en réponse à une question. Elle a ajouté la piste à rouleaux est un « projet de quartier ». La question provenait de Simon Leblanc, un résident du Sud-Ouest. 

L’image de couverture provient de l’Arrondissement de Verdun.