Les séances d’audition des opinions de la consultation publique sur le projet de plan d’urbanisme et de mobilité (PUM) 2050 de la Ville de Montréal ont été lancées mardi 24 septembre. Elles sont webdiffusées sur le site de l’OCPM.
Francine Simard, commissaire à l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), a présidé cette première soirée de consultation, accompagnée par les commissaires Lise Gagné et Christian Gérard.
Comme l’a expliqué Mme Simard, un total de 94 personnes citoyennes ou représentant divers groupes ont indiqué la volonté de partager leur opinion avec les commissaires. Tout le monde sera entendu au cours de dix séances du 24 septembre au 3 octobre.
Ces opinions présentées oralement s’ajoutent aux milliers de questionnaires remplis en ligne, des interceptions faites sur le terrain, des opinions thématiques récoltées, et une dizaine de séances de discussions avec des groupes thématiques et des groupes à besoin particulier, en plus du forum citoyen sur les grands enjeux.
Cet engouement a été souligné en ouverture de la première séance d’auditions des opinions par le directeur général de l’OCPM, Philippe Bourque. « On est très fiers de ça. Je pense que ça témoigne de l’engouement, de l’affection que les gens ont envers leur ville, envers son développement, son avenir », a-t-il déclaré à l’assistance.
M. Bourque en a conclu « qu’il y a de l’intérêt envers cette démarche importante pour l’avenir de Montréal. »
À la suite de ces séances d’auditions publiques sur le PUM 2050, les commissaires procéderont à l’analyse de l’ensemble de l’information et l’Office soumettra son rapport à la mairesse de la Ville de Montréal, avant qu’il soit rendu public deux semaines plus tard.
Les recommandations de l’UQAM
Intervenant en premier, Priscilla Ananian, vice-directrice associée à la relance du Quartier latin à l’UQAM, a dévoilé un plan ambitieux pour revitaliser ce secteur en s’appuyant sur les expertises de l’université et en collaborant étroitement avec les parties prenantes. Avec les 40 000 membres de sa communauté universitaire, l’UQAM joue, selon elle, un rôle central dans la vie de Montréal. Saluant la version présentée du PUM, l’intervenante a formulé cinq recommandations pour son amélioration. Premièrement, elle propose de considérer les universités comme des partenaires clés du développement territorial, notamment pour la requalification urbaine et la carboneutralité. Mme Ananian suggère aussi de recourir systématiquement à l’expertise universitaire en planification urbaine, en particulier celle de l’UQAM, pour accompagner et évaluer le PUM, et insiste sur la finalisation du Programme Particulier d’Urbanisme (PPU) du Quartier latin, crucial pour l’UQAM et la ville.
La représentante de l’UQAM recommande ensuite de prioriser le logement étudiant abordable, essentiel pour l’attractivité universitaire de Montréal, et enfin, elle met en avant l’importance d’une vision intégrée du transport collectif, incluant le tramway, pour améliorer la cohabitation des différents modes de transport dans le Quartier latin.
Priorité au logement abordable
Les représentants de Rayside-Labossière, une firme d’architectes urbanistes, ont pris la parole par la suite pour souligner l’engagement communautaire et l’importance de l’implication sociale et des partenariats diversifiés. Lors des consultations sur le projet de ville, leurs recommandations, issues de tables rondes avec divers partenaires, ont été en partie intégrées au PUM, notamment en matière de bénéfices communautaires et d’équité territoriale. Ils ont insisté sur l’abordabilité des logements, proposant des solutions pour des logements abordables à long terme et une cible de 20 % de logements hors marché d’ici 2050. Ils ont également recommandé des stratégies de développement de logements sociaux et hors marché pour chaque arrondissement, en lien avec la mobilité et l’équité sociale.
La crise du logement à Montréal a marqué plusieurs interventions. Egor Matveev, un jeune citoyen de Montréal, soutient une vision de ville verte, juste et résiliente, liant mobilité et urbanisme. Il insiste sur l’importance de logements abordables près des transports en commun pour répondre à la crise climatique et aux besoins d’abordabilité.
De son côté, Christian Savard de l’association Vivre en Ville a appelé à un taux d’inoccupation de 7 % pour contrer la spéculation immobilière. Il a soutenu les objectifs du PUM d’augmenter le nombre de logements, notamment sociaux, mais a jugé les mécanismes de densification insuffisants, plaidant pour une libéralisation de certains types de densification pour atteindre ces objectifs.
L’intervenant a proposé une stratégie agressive d’acquisition foncière pour le logement social et a insisté sur l’importance d’augmenter le taux d’inoccupation pour résoudre la crise du logement.
Un corridor de mobilité pour Côte-Saint-Luc
M. Savard a également critiqué l’éparpillement des emplois, et insisté sur la nécessité de lier aménagement et transport pour réduire l’usage de la voiture.
Souvent liée à la problématique du logement, la question de mobilité a été également au cœur des interventions. Dida Berku, conseillère municipale et Mairesse adjointe à la ville de Côte Saint-Luc est venue spécialement pour présenter des recommandations afin d’améliorer la mobilité et la densification urbaine dans son arrondissement. Elle a souligné que Côte-Saint-Luc, enclavée par la plus grande cour de triage du Canada et des voies ferrées, nécessite un désenclavement via le corridor Cavendish, reliant Jean-Talon à Cavendish.
La première recommandation est de créer un corridor de mobilité durable le long de l’axe nord-sud Cavendish, intégrant tous les modes de transport. La deuxième est de prioriser cet axe en commençant par le carrefour intermodal au cœur du secteur Namur-De la Savane. Ensuite, elle recommande l’ajout de deux gares de train le long de la ligne Exo Saint-Laurent, et enfin, insiste sur la prise en compte des besoins de densification des villes voisines, incluant Côte-Saint-Luc, dans la planification du transport intégré au PUM.
Séparer le Vieux-Montréal du centre-ville
Lors de ces premières auditions, un résident du Vieux-Montréal a exprimé un fort sentiment d’appartenance à ce quartier historique, distinct du centre-ville. S’exprimant au nom de l’association des résidents du Vieux-Montréal, Ludovic Peronet a recommandé de ne pas intégrer le Vieux-Montréal au centre-ville et de considérer les faubourgs comme partie intégrante du quartier patrimonial. Il a plaidé pour une intensification graduelle du développement, un maximum de 100 logements par hectare, et une affectation résidentielle cohérente.
Il a également souligné l’importance de protéger les arbres matures, de verdir le quartier, et de transformer les stationnements en parcs pour enfants. Enfin, il a insisté sur le maintien des commerces de proximité. Le résident a proposé d’animer la place Jacques-Cartier toute l’année, notamment avec un marché de Noël. Il a recommandé une navette électrique pour le Vieux-Montréal, une gouvernance partagée entre la ville et le ministère, et un plan quinquennal pour protéger et valoriser le quartier historique tout en intégrant les résidents et résidentes dans les décisions.
Il faut souligner que la présidente de la commission et les deux commissaires ont interagi avec tout le monde en posant des questions ou en demandant des clarifications sur les propositions. Les intervenants et intervenantes ont déposé des mémoires détaillant leurs visions au niveau de la commission.
La culture négligée ?
La dimension culturelle a aussi été abordée. Le collectif SMAQ est venu défendre la cause des salles de spectacles privées de Montréal. Ces lieux de diffusion culturelle indépendants seraient touchés par une crise existentielle, selon Paola Dugit-Gros, Jon et Xavier Bordeleau qui ont proposé quatre recommandations pour éloigner ces établissements du danger de disparition.
Le SMAQ recommande de moderniser les normes de bruit, jugées inadaptées présentement et fatales pour ces salles, adopter le principe de l’agent de changement pour gérer les conflits de voisinage, simplifier l’obtention des permis avec un guichet unique et harmoniser les critères de permis pour les petites salles culturelles, et enfin soutenir l’acquisition des lieux de diffusion indépendants via un fonds dédié.
À la question de savoir si le SMAQ estime que le PUM donne sa juste place à la culture, Jon Bordeleau a répondu non. Un constat généralisé, basé, selon lui, sur des concertations avec plusieurs autres organismes culturels. « Je pense que la culture était vue comme un détail, au lieu d’un fil commun qui pourrait faire partie implicitement de plusieurs des actions et des objectifs », a-t-il regretté. La commission a pris note de ce point avant de lever la séance.
La photo d’ouverture est une photo d’archives des constructions à LaSalle prise par Gino Matta.
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