Depuis le 13 décembre, des organismes communautaires phares du quartier Pointe-Saint-Charles, dans Le Sud-Ouest, sont propriétaires du terrain vacant du 1295, rue de Laprairie. Une future infrastructure réunira sous le même toit une variété de services d’aide, menacés actuellement de la reprise des locaux où ils se trouvent.
C’est un bâtiment de six étages qui y sera construit dès 2025. Sur les deux premiers, des organismes occuperont 1812 m2, l’équivalent d’un quart de terrain de football. Au-dessus, 52 unités de logement social seront créées.
Logements sociaux, mais aussi friperie communautaire, centre des femmes, halte-garderie, comité logement, cuisine collective et épicerie solidaire: un véritable pôle communautaire à usage mixte verra le jour, le premier de son genre dans Le Sud-Ouest.
« C’est un moment historique pour Pointe-Saint-Charles, car c’est le moment où on met la main sur l’avenir de nos groupes communautaires », affirme d’emblée le chargé de projet à La Petite Maison sur Laprairie (PMSL), Gabriel Townsend Darriau.
La PMSL est le regroupement des organismes qui gèrera collectivement les deux premiers étages. Chacun est présent depuis plus 50 ans dans le quartier.
Ensemble, ils servent environ 5000 personnes, en provenance d’autres quartiers du Sud-Ouest et de Verdun, également.
L’enveloppe totale pour construire la bâtisse n’est pas encore dévoilée publiquement, indique M. Townsend Darriau.
Pour financer en partie le chantier, la PMSL mène une campagne de levée de fonds. Au moment d’écrire ces lignes, celle-ci a permis d’amasser près de 45 000 des 50 000 $ escomptés. La PMSL prévoit réunir au total 100 000$, car la Caisse Desjardins du Sud-Ouest de Montréal doublera chaque dollar donné.
S’adapter
Créée sept ans auparavant par quatre organismes, la PMSL a vu le jour dans une « situation critique », décrit M. Townsend Darriau, alors que sévit toujours « une crise de locaux communautaires abordables » à l’échelle de Montréal.
Le quatuor de la PMSL comprend le groupe d’aide aux parents Famille en action. L’organisme se situe sur la rue du Centre, dans un bâtiment privé. À chaque renouvellement de bail aux trois ans, leur loyer a doublé.
Les trois autres sont Madame Prend Congé (Centre de femmes de Pointe-Saint-Charles), le Club populaire des consommateurs de Pointe-Saint-Charles et le Regroupement Information Logement (RIL).
Ces derniers sont basés dans un bâtiment excédentaire du Centre de services scolaire de Montréal (CSSM), collé à l’École primaire Charles-Lemoyne. Leurs baux avaient initialement une durée de quinze ans. Sauf que depuis sept ans, les contrats de location ont vu leur durée restreinte à deux ans d’abord, puis un an. La reprise des locaux approchait.
2 170 000 $ de Montréal pour les deux terrains
« Dès le début, l’Arrondissement et le milieu communautaire ont rêvé ce projet ensemble », relate le maire d’arrondissement, Benoit Dorais. Le Sud-Ouest et la Ville de Montréal ont cédé le site pour un dollar symbolique à la PMSL, après avoir acquis et préparé deux terrains pour la somme totale de 2 170 000 $.
Pour le premier, la Ville a émis un avis de réserve en 2019 puis exproprié le terrain, moyennant une indemnité de 1 025 000 $ à son propriétaire privé. Une vieille école délabrée se situait sur le site, démolie l’hiver dernier au coût de 417 000 $. Avant d’être privé, le terrain appartenait à l’ancienne Commission scolaire de Montréal, qui avait acheté le site à la Paroisse Saint-Gabriel avoisinante.
La Paroisse a également vendu un deuxième terrain à la Ville de Montréal pour le projet de la PMSL, en échange de 728 000$. Le Sud-Ouest a contribué 500 000$ à cette transaction.
Plusieurs champs de compétences s’imbriquent pour enregistrer ces deux terrains acquis au cadastre, registre public des parcelles de la province entière. L’opération était préalable au transfert de propriété à la PMSL.
« Ça a été extrêmement difficile et long de par les règles ministérielles et les règles de la Ville, mentionne le maire du Sud-Ouest. Cela a pu être réglé seulement au mois d’octobre. »
Une solution reproductible?
« Le pôle communautaire va améliorer la résilience et le tissu social. C’est un projet qui se veut solidaire, pour le quartier en entier », estime M. Townsend Darriau.
Alors que la crise d’abordabilité du logement et des locaux ne promet pas de ralentir, il est convaincu que le projet de la PMSL ne sera pas le dernier d’une « cohorte de pôles communautaires » qui se constitue à Montréal.
M. Dorais est confiant que le projet de la PMSL est reproductible, du moins pour s’en inspirer. La nouvelle politique de cession d’immeubles de la Ville de Montréal et sa stratégie immobilière d’acquisitions de terrains permettra de céder rapidement des terrains à des organismes à but non lucratif (OBNL), selon lui.
Par voie de communiqué, la Concertation en développement social de Verdun (CDSV) a justement annoncé la fondation du Pôle communautaire de Verdun. Cet OBNL envisage l’achat du presbytère de l’église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs pour loger des organismes.
L’image de couverture est une prospective réalisée par la Coopérative d’architecture Pivot.
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