Dans le cadre des Journées du patrimoine religieux 2024, La Société d’histoire de Lachine a présenté, le 8 septembre dernier, une double conférence sur Ozias Leduc, l’artiste à qui l’on doit les peintures de l’église des Saints-Anges.
Monique Lanthier a entretenu le public présent à la conférence de la vie de l’artiste et Dominique Chalifoux de son apport à l’église des Saints-Anges-Gardiens de Lachine.
Un peintre québécois
Ozias Leduc (1864-1955) est un peintre québécois connu pour son apport à l’art religieux au Québec. Originaire de Mont-Saint-Hilaire, son père était menuisier, charpentier et pomiculteur. Quand Ozias Leduc est tout jeune, l’un de ses professeurs détecte son talent artistique et l’encourage en lui offrant du matériel pour dessiner.
À 16 ans, il déménage à Montréal, et à 17 ans il travaille à l’atelier de Luigi Capello qui l’initie à la décoration religieuse. Cet autodidacte priorise le dessin, la couleur et la composition. En 1894 il revient à Saint-Hilaire et se construit un atelier derrière la maison de ses parents. Aujourd’hui, il est possible de visiter sa maison familiale.
En 1897, Ozias Leduc part à Paris où il visite des églises et des musées. Il loue un atelier dans le 6e arrondissement et découvre l’artiste Puvis de Chavanne qui renouvelle alors le style de décoration d’église. Le Québécois lui emprunte ses couleurs douces et ses perspectives en hauteur.
Une fois que M. Leduc effectue la décoration de l’église de Saint-Hilaire, la peinture religieuse devient son gagne-pain. Il décore ainsi une trentaine d’églises au Québec, dans les Maritimes et aux États-Unis. Il fait aussi des natures mortes, des portraits et des paysages, ainsi de de la photographie et s’implique dans la vie de son village.
Il meurt en 1955, à 90 ans, après avoir exercé son art pendant 65 années. L’église de Shawinigan-Sud est sa dernière grande œuvre.
En 1996, le Musée des Beaux-Arts de Montréal (MBAM) lui a consacré une grande exposition avec 250 de ses œuvres. En septembre 2024, le MBAM a exposé une autre œuvre de l’artiste, L’heure mauve, dans le cadre d’une exposition en cours.
Une contribution d’importance à l’église des Saints-Anges
Lors de la conférence à Lachine, Dominique Chalifoux a présenté l’apport d’Ozias Leduc à l’église des Saints-Anges. Auparavant conservatrice au musée de Lachine, cette dernière a obtenu du MBAM un dossier avec les esquisses préparées par M. Leduc pour son contrat avec l’Église des Saints-Anges-Gardiens.
Ses recherches lui ont permis de comprendre un peu mieux la démarche de l’artiste. Après un incendie, l’église avait été reconstruite en 1920, mais la décoration intérieure ne fut achevée que plus tard. Ozias Leduc obtient alors le contrat en 1930, avec un échéancier serré de seulement 6 mois pour compléter la commande. Il fait la conception de l’ouvrage et a toute une équipe qui transpose les œuvres sur place.
À 66 ans, il a beaucoup d’expérience, mais a besoin d’aide pour un travail qui se fait sur de hauts échafauds. Il a, entre autres, embauché un jeune peintre de 25 ans, Paul-Émile Borduas, qui se fera connaître plus tard par sa participation au Refus global (un mouvement avec lequel rentrera en opposition les Plasticiens de Louis Belzile qui a vécu à LaSalle).
Le thème des anges est important dans la religion chrétienne. Au cours de l’histoire, on les représente de multiples façons : un humain avec trois ou une paire d’ailes, un chérubin grassouillet ou autrement. Ozias Leduc les a plutôt représentés en jeunes hommes androgynes au visage éloquent.
La majorité des œuvres de l’artiste dans l’église des Saints-Anges se trouvent en hauteur, près du plafond.
Au fond du chœur se distinguent 7 anges : Saint-Gabriel, Saint-Michel, Saint-Raphaël et d’autres avec toute leur symbolique religieuse. Au-dessus se trouve un agneau au milieu d’un ciel étoilé.
Au total, dans l’église, il y a 72 anges de toutes dimensions. Les têtes en duo sont de ¾, pour que les personnages se parlent tout en regardant les visiteurs. Chaque peinture a été discutée, réfléchie. C’est la ferveur envers Dieu qui était recherchée, comme la religion le requérait. Dans ces années où les fidèles allaient régulièrement à la messe le dimanche, le temps de scruter chaque détail de décoration ne manquait pas.
Le chauffage, la poussière et le temps n’épargnent pas les œuvres d’art. L’ensemble des décorations a dû être restauré en 1959. Alphonse Lespérance a apporté alors d’importantes altérations aux œuvres. La palette de couleurs a beaucoup changé, des modifications importantes ont été faites et ont même, dans certains cas, dénaturé les œuvres originales d’Ozias Leduc.
L’église des Saints-Anges-Gardiens demeure une pièce importante de l’histoire québécoise à découvrir si vous passez à Lachine.
La photo de l’église des Saints-Anges à Lachine a été prise par Marie Guertin en septembre 2024.
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