Plus d’une trentaine d’enseignantes et d’enseignants en francisation du Syndicat de l’enseignement de l’Ouest de Montréal (SEOM) et de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) ont manifesté bruyamment avant la rentrée des classes le 6 novembre, devant le Centre d’éducation des adultes Champlain à Verdun, pour dénoncer les « coupures en francisation ».
« C’est vraiment pour dénoncer les coupes en francisation, pour dénoncer que le gouvernement dit que le service peut être offert ailleurs, alors qu’on a des enseignants qualifiés qui font ça depuis plusieurs années, on a des locaux au Centre de services scolaires Marguerite-Bourgeoys (CSSMB) », affirme Sophie Milot, présidente du SEOM.
Elle dit que le CSSMB a tenté d’allonger le plus possible la période de grâce, en écoulant l’entièreté de son budget dédié à la francisation. Au total, 10 enseignantes et enseignants n’auront pas droit à un renouvellement de contrat. Concrètement, des classes de francisation ne pourront pas rouvrir. Les élèves ainsi touchés doivent se rabattre vers le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) afin de pouvoir poursuivre leurs cours.
Pour certains, le cheminement vers l’emploi est bloqué, selon elle, car ils ne pourront pas atteindre le niveau requis par les employeurs.
Il faut savoir que le budget total dédié à la francisation n’a pas été réduit, mais les critères ont changé et c’est ce qui cause la situation actuelle, nous explique-t-on. Le financement pour 2024-2025 est octroyé en fonction du nombre d’élèves de 2020-2021, soit durant la pandémie de COVID-19. Auparavant, les centres de services scolaires pouvaient déplacer des sommes provenant d’autres services pour boucler leur budget en francisation. Le ministère de l’Éducation l’interdit maintenant.
« Le gouvernement nous dit que ce n’est pas une coupure, que c’est juste qu’ils répartissent l’argent autrement. Mais, nous on a les locaux, on a du personnel qualifié, on a d’autres services. En fait l’école, le centre, c’est plus que seulement des services de francisation, il y a un accueil, un parcours d’immigration, il y a du soutien », poursuit Mme Milot.
Elle rapporte que ses membres sont fâchés, sous le choc, inquiets pour eux-mêmes, mais aussi pour les étudiantes et étudiants. Elle souligne également que ce n’est pas le CSSMB qui bloque les fonds, mais bien le gouvernement.
À la grandeur de la province
Annie-Christine Tardif, vice-présidente à la vie professionnelle pour la FAE, confirme que les enjeux rencontrés au CSSMB sont également présents partout au Québec et que la situation risque d’empirer avec le temps, particulièrement en région. Déjà, certaines municipalités comme Granby n’ont plus de services en francisation avec le Centre de services scolaire local.
« On revendique que le MIFI transfère plus de sommes dans les centres de services scolaire, mais aussi qu’il redonne la marge de manœuvre aux centres. C’est la première année que l’on voit ça. Il y a eu un ordre à l’effet d’interdire d’utiliser toute autre enveloppe dans laquelle il pourrait rester de l’argent pour franciser plus d’élèves », dit-elle.
Elle rapporte que des cégeps seraient contactés par le MIFI pour ouvrir de nouveaux groupes avec des « formateurs non-syndiqués », une situation qu’elle dénonce.
« Ces coupes sont inacceptables et nous demandons au gouvernement d’assurer le maintien de ce service essentiel à l’accueil des nouveaux arrivants. C’est un exemple flagrant que leur perte de contrôle de nos finances publiques aura des impacts importants partout au Québec. On doit corriger le tir pour offrir une intégration réussie à ceux qui contribueront au Québec de demain », a réagi, par courriel, Frédéric Beauchemin, député de Marguerite-Bourgeoys et porte-parole du Parti libéral du Québec en matière de finances.
« Je suis solidaire des professeurs et des élèves en francisation au Centre d’éducation des adultes Champlain qui voient des classes disparaître. Je déplore les coupures en francisation du gouvernement Legault qui ont de graves conséquences. Apprendre le français permet de s’intégrer au Québec, et j’en sais quelque chose. La CAQ doit se rétracter ! », a aussi déclaré, par courriel, Alejandra Zaga Mendez, députée solidaire de Verdun.
La photo en haut de cet article a été prise par Carl Sincennes le 6 novembre 2024.
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