À Verdun, le système alimentaire fait face à des défis majeurs, exacerbés par des infrastructures insuffisamment adaptées et un financement limité. Ces obstacles nuisent à la capacité de la communauté à répondre efficacement aux besoins alimentaires des résidentes et résidents démunis, nécessitant une action collective pour établir des solutions durables.
C’est ce qui ressort de la présentation des résultats d’une étude sur le Système alimentaire verdunois (SAV). Cette mise à jour réalisée par la table du quartier, la Concertation en développement social de Verdun (CDSV), a été présentée le 22 octobre à la mairie d’arrondissement de Verdun devant plusieurs membres d’organismes communautaires, des représentantes de l’arrondissement, un chercheur universitaire ainsi que des citoyennes et citoyens de Verdun.
Selon le document présenté par l’agente de concertation, Christiane Rochon, l’objectif de la mise à jour du SAV est de « développer une compréhension commune des manières dont nous sommes organisés à Verdun pour favoriser l’accès à l’alimentation des personnes vulnérables du quartier ». Le SAV se veut donc un outil d’analyse qui « permettra d’identifier les composantes à bonifier et celles à renforcer, dans une perspective de lutte à la pauvreté et d’amélioration de la sécurité alimentaire ».
C’est quoi le SAV ?

Un système alimentaire local regroupe l’ensemble des éléments et activités liés à la production, la transformation, la distribution, la préparation et la consommation de denrées alimentaires sur un territoire donné.
À Verdun ce système est incarné par des banques alimentaires, des cuisines communautaires, le circuit alimentaire court, des épiceries, des jardins communautaires comme les Jardins de Max, et bien entendu, beaucoup de bénévoles.
Cette chaîne de solidarité agit pour aider des personnes dans le besoin. À titre d’exemple, en 2023, 4 426 paniers alimentaires ont été distribués mensuellement à Verdun et le chiffre pourrait être revu à la hausse pour 2024, selon Mme Rochon.
La gentrification croissante dans l’arrondissement et la hausse des loyers qui l’accompagne mettent de plus en plus de familles dans la difficulté d’accès à l’alimentation, d’où une pression croissante sur les intervenants.
Des obstacles logistiques à surmonter pour lutter contre la faim à Verdun
Le document de présentation du SAV fait ressortir le peu de diversité dans l’offre de distribution alimentaire et une baisse du nombre de cuisines collectives dans le quartier, ce qui pousse les personnes vulnérables à combler leurs besoins alimentaires à Pointe-Saint-Charles.
La proximité des services alimentaires est compromise par des défis logistiques importants. L’étude fait ressortir que les organismes communautaires locaux font face à des difficultés importantes pour trier et transporter les denrées alimentaires, mais aussi gérer les surplus, faute de lieux d’entreposage.
De plus, le départ de membres clés des équipes de gestion entraîne une perte de savoir-faire crucial, accentuant l’importance d’un partage de connaissances structuré.
Financements insuffisants
La question du financement demeure également un obstacle de taille à Verdun. Trois ressources luttent contre l’insécurité alimentaire, mais leur financement est un défi. Seuls le Centre d’éducation des adultes (CÉA) Champlain et le Projet PAL disposent de fonds de base pour leurs services alimentaires.
Beaucoup d’organismes dépendent de dons et de levées de fonds, entraînant un investissement en temps considérable pour un soutien souvent imprévisible.
La cessation des financements d’urgence post-pandémie a accentué la précarité, alors que les besoins alimentaires persistent. Les acteurs soulignent le manque de financements récurrents, entravant leur capacité à répondre efficacement aux demandes.
10 défis à relever
L’étude a aussi identifié dix défis clés pour le SAV, allant de la diffusion de l’information sur les ressources alimentaires à la pérennisation des services de transformation. Parmi ceux-ci, l’amélioration de l’accès pour les personnes ayant des contraintes et la diversification des services offerts sont primordiales.
La création de liens entre producteurs locaux et sécurité alimentaire est également essentielle, tout comme l’amélioration de la connaissance des ressources disponibles et leur interconnexion.
Pour favoriser des solutions innovantes et durables, il est nécessaire aussi de pérenniser les services de transformation alimentaire existants, et garantir un financement suffisant et à long terme, selon l’étude.
Un appel à l’action
Cette mise à jour du SAV est la conclusion d’une démarche portée par Verdun sans faim, un comité thématique de la CDSV. C’est un outil « pertinent » qui permet de « prendre du recul pour mieux comprendre ce qu’on fait », et mieux « choisir la direction où l’on veut aller », explique Mme Rochon à Nouvelles d’Ici.
La présentation a été couronnée par un échange riche de questionnements mettant en lumière la nécessité d’une action prioritaire et concertée pour transformer ce système et mieux répondre aux besoins variés de la population de Verdun. À la CDSV, des discussions et des actions dans ce sens ont déjà été entamées et un appel à participer au processus est lancé.
En apprendre plus
La photo d’ouverture a été prise par Nouri Nesrouche le 22 octobre 2024.
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