Les commerces d’une ville sont essentiels à un milieu de vie agréable pour la population. À LaSalle, au gré de différentes périodes démographiques et des crises économiques, les petits magasins de quartier ont dû faire face aux grandes surfaces et l’évolution des différents types de centres d’achat.
Les débuts des commerces et magasins à LaSalle
La fin du régime seigneurial à Montréal, enclenchée par l’affaire du moulin Fleming, est suivie de la révolution industrielle qui contribue à l’urbanisation accélérée de LaSalle. Vers 1920, des quartiers commencent à apparaître : les Highlands, le Bronx (ou Village des Rapides) et le Centre.
Comme dans plusieurs banlieues nord-américaines, les commerces se regroupent sur certaines rues, souvent près d’une église. Ainsi les gens sans voiture peuvent faire leur épicerie, leurs achats en pharmacie, à la ferronnerie et autres.
Les années d’après-guerre amènent une grande prospérité où la société de consommation se met en place. La population a les moyens de se payer des produits vantés dans la publicité dans les journaux, à la radio et, depuis peu, à la télévision.
Dans les années 1950, les activités commerciales de LaSalle se concentrent sur la rue Centrale et la rue Édouard, là où il y a la plus grande densité de population. Entre 1954 et 1963, le nombre de commerces passe de 187 à 329, tout en se diversifiant. En plus des épiceries et des pharmacies, se trouvent désormais des magasins généraux, des salons de coiffure, des garages et des cliniques de médecine, dentisterie et autres.
En 1957, un des premiers centres d’achat au Québec est inauguré: le Centre d’achat Pont Mercier, au coin de la rue Jean-Milot et de l’avenue Lafleur. Son emplacement est judicieusement choisi, près de plusieurs quartiers importants. Il est aussi facilement accessible à la clientèle vivant sur la rive sud ou du côté nord du canal Lachine.
À l’origine, le Centre d’achat Pont Mercier avait 12 magasins côte-à-côte situés sur l’avenue Lafleur. À la suite de son succès, 30 magasins sont ajoutés pour « former le plus gros centre d’achats en existence au Québec à cette époque », selon l’édition du journal Le Messager de LaSalle du 7 septembre 1960. Il deviendra la Promenade Lafleur, puis la Plaza Sami Fruits actuel.
Les propriétaires des petits commerces ont dû faire, au cours des années, de nombreux efforts pour contrer la concurrence. Ils se regroupent pour s’entraider avec des regroupements comme les marguilliers d’église ou commissaires d’école, puis plus tard avec les Chevaliers de Colomb, le club Optimiste ou Richelieu. Un autre exemple de promotion à cette époque est un concours pour la reine de LaSalle avec des candidates parrainées par les commerces.
Croissance fulgurante de la population des année 1960 et 1970
Durant la période des années 1960 à 1970, il y a un boom domiciliaire à LaSalle. La population double en huit ans, pour passer de 36 285 en 1963 à 72 912 en 1971. Le secteur se veut une banlieue moderne et accueillante pour les jeunes familles.
Le centre Mon-Mart s’installe au coin de la Vérendrye et Shevchenko en 1961. D’une superficie de 150 000 pi2, il propose une nouvelle façon de magasiner, tout sous un même toit, où on peut facilement comparer les prix et profiter d’un immense stationnement.
Cette chaîne de magasins américaine bouleverse les habitudes des consommateurs et consommatrices qui, jusque-là, allaient sur la rue Wellington à Verdun ou sur la rue Édouard dans le Bronx. Mais le Mon-Mart est rapidement concurrencé par la Place LaSalle.
En 1964, à l’angle des boulevards Bishop Power et Champlain, le centre d’achat Place LaSalle ouvre avec principalement les magasins Steinberg et Miracle Mart et 25 autres petits magasins. Steinberg aura beaucoup de succès au Québec, jusqu’à sa faillite en 1992. Mon-Mart ne résiste pas à la concurrence, il ferme rapidement.
La compétition est rude pour tous. Selon Denis Gravel et Bruno Boucher dans Propriétaires et promoteurs à LaSalle, « les petits commerces en souffrent beaucoup et plusieurs d’entre eux devront fermer boutique, les autres devant s’accommoder de maigres revenus ».
De nombreux autres centres d’achat naissent par la suite. En 1970, Le Messager de LaSalle annonce la construction de deux nouveaux centres commerciaux, qui seront inaugurés l’année suivante en 1971.

Le premier est le centre d’achat Le Cavalier, à deux pas de la Place LaSalle. Il comporte une épicerie Dominion et un magasin Woolco.
Le second est Place Newman, aussi inauguré en 1971, au coin des boulevards Dollard et Newman, bien situé pour desservir la paroisse Sainte-Catherine-Labouré avec 35 magasins, dont un Zellers et un Steinberg.
D’autres projets plus modestes apparaissent avec des petits centres commerciaux comme le Riverside Plaza et la Plaza Airlie.
Plusieurs entrepreneurs et commerçants quittent pour s’installer sur le boulevard Newman qui devient une artère commerciale de premier plan. À l’ouest, un Canadian Tire ouvre en 1968, avant de déménager plus tard près du Carrefour Angrignon.
Crise économique des années 1980
Le Carrefour Angrignon ouvre en 1986 avec 200 commerces et est bien accueilli, de même que le Réno-Centre. Mais, par la suite, le projet Super Carnaval sur le boulevard Newman suscite une vive controverse.
La firme Burnac Leaseholds Corporation de Toronto, derrière le projet du Super Carnaval, a annoncé que le projet de 30M$ créera du travail pour 1 500 personnes. Les petits commerçants craignent pour leur avenir, avec à leur tête, Robert Cordner, opposant au maire Michel Leduc.
Ils sont irrités que la municipalité ait changé le règlement de zonage pour permettre que l’ancien terrain de la Maislin passe d’un usage industriel à un usage commercial. Après de multiples péripéties judiciaires, l’administration Leduc a le feu vert et le Super Carnaval ouvre en 1986.
Les centres d’achat se concurrencent entre eux. L’ouverture du Carrefour Angrignon entraîne un ralentissement économique sur certaines artères commerciales, comme sur la rue Dollard. Le centre d’achat Le Cavalier qui hébergeait un Walmart, ferme.
Dans les années 1980 et 1990, dans le quartier du Village des Rapides, une partie de la rue Centrale ressemble à une ville fantôme. Un comité de citoyen du Village des Rapides fait pression sur la Ville de LaSalle afin d’améliorer la situation.
En 1990, la ville met sur pied des projets de revitalisation pour les rues Centrale et Dollard. Entre 1993 et 1994, un montant de 4,6 M$ est investi sur ces deux rues pour déplacer des poteaux électriques et de téléphones, élargir les trottoirs, améliorer et uniformiser l’affichage commercial, installer de nouveaux lampadaires et du mobilier urbain.
Certaines places d’affaires réussissent à s’adapter. La Place LaSalle se refait une beauté, accueille de nouvelles boutiques et le cinéma Cinéplex Odéon.
Années 2000 et aujourd’hui
Le Carrefour Angrignon doit aussi s’adapter: les magasins Sears, Eaton, Pascal, Zellers y ont fermé. Les centres commerciaux sont maintenant axés sur le style de vie et cherchent à attirer la clientèle avec un cinéma, des restaurants et des endroits où flâner.
Un nouveau type de centre commercial apparaît: les Power centres avec des commerces en plein air. À LaSalle, Walmart, Canadian Tire et autres franchises s’installent au coin du boulevard Newman et du boulevard des Trinitaires.
Les temps changent. On a développé des commerces en fonction de l’automobile, mais aujourd’hui des quartiers privilégient leurs commerces de proximité, atteignable à pied.
L’Arrondissement de LaSalle et la Ville de Montréal planifient maintenant les secteurs commerciaux en fonction du transport multimodale : à pied, à vélo, en auto et en transport en commun. Les nouveaux grands stationnements doivent prévoir des îlots de verdure.
Pour en savoir plus, la firme d’urbanisme BC2 présente un schéma de l’évolution des typologies commerciales et l’avenir des centres commerciaux.
L’image de couverture réunit deux images du même endroit. La première est le centre d’achat Pont Mercier, prise en 1965 et fournie par la Société historique Cavelier de LaSalle. La seconde a été prise par Marie Guertin. Il s’agit de la Plaza Sami Fruits qui a depuis pris la place du centre d’achat Pont Mercier.
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