Le boulevard LaSalle est une des routes les plus anciennes au Canada. Avant de devenir une artère panoramique de LaSalle et de Verdun, de nombreuses étapes historiques ont marqué son évolution.
Premières utilisations par les autochtones et les colons
Les débuts du sentier qui longe la rive nord des rapides de Lachine remontent à des milliers d’années. Autrefois, le transport se faisait principalement par bateau et les rapides étaient un obstacle majeur.
Les autochtones, tout comme les premiers Européens et Européennes, devaient donc prendre pied sur la terre ferme pour les contourner. Plusieurs explorateurs célèbres ont utilisé cette voie, comme Jacques Cartier, Samuel de Champlain et Louis de Buade, comte de Frontenac.
Au fil des années, le chemin se développe peu à peu comme chemin de portage, permettant de contourner les rapides. Vers 1680, il y a très peu de chevaux. Pour voyager, on attelle un bœuf à une charrette ou un traîneau, selon les saisons. Le chemin est important parce qu’il permet d’acheminer le blé aux moulins à vent ou à eau des seigneurs.
En 1735, on l’appelle le chemin du roi. C’est la seule voie qui permet de relier la paroisse des Saints-Anges de Lachine à la paroisse Notre-Dame de Montréal. En bordure de l’eau, le chemin est parfois marécageux, fréquemment inondé, et souvent impraticable à certaines périodes de l’année.
Sous le régime français, la direction du réseau routier est sous la responsabilité du grand-voyer. Ce dernier, avec l’aide de députés grand-voyer, répartit des corvées d’entretien des routes entre les habitants et habitantes.
Sous le régime anglais, le nom du chemin du roi change pour le Lower Lachine Road. Il y aura aussi le Upper Lachine Road (Côte-des-Neiges) et le Middle Lachine Road (Côte-Saint-Paul) pour rejoindre Lachine à partir de Montréal.
Les années 1800 et début 1900
En 1805, une loi autorise les péages afin de recueillir les sommes nécessaires à l’entretien du chemin, dont un entre Lachine et LaSalle et un autre entre Verdun et LaSalle. Les sites exacts des péages changent au cours des années.
En 1820, un nouveau revêtement pour les routes apparaît : le macadam, de son inventeur MacAdam. On revêt la chaussée de pierre concassée et de sable au moyen d’un rouleau compresseur. On entreprend des travaux de macadamisation sur le Lower Lachine Road entre 1846 et 1847.
Les modes de transport évoluent. Sur la route, on peut y voir des carrioles, des diligences, des tramways à chevaux puis des tramways électriques.

En 1901, le Lower Lachine Road est renommé Chemin Saint-Laurent, puis Chemin Riverside en 1907. C’est alors la propriété de la compagnie privée Montreal Turnpike Trust.
En 1915, le gouvernement du Québec abolit les barrières à péage. La nouvelle ville de LaSalle reçoit une subvention pour racheter le chemin et le renomme chemin LaSalle en 1917. Verdun avait déjà récupéré la partie sur la nouvelle digue en 1898.
Utilisation par l’automobile
Au début du 20e siècle, le transport automobile devient de plus en plus prévalent. À Montréal, en 1908, il y a 400 véhicules. En 1923, le nombre atteint les 70 700.
L’état de la route en souffre. Les bosses et nids-de-poule génèrent de nombreuses plaintes, mais l’entretien des chemins coûte cher aux municipalités. En 1922, LaSalle requiert que les coûts soient assumés par le gouvernement provincial, arguant le caractère régional de la voie entre le pont Victoria et l’ouest de la ville.
Après de longs pourparlers, la facture est partagée entre Québec et la municipalité. En 1928, on entreprend des élargissements et une réduction des virages dangereux pour rendre le chemin LaSalle plus sécuritaire.
En 1956, avec l’aide du gouvernement Duplessis, la route est élargie de 20 pieds (6.1 m) à 46 pieds (14 m). C’est maintenant le boulevard LaSalle.
À partir de 1977, le terrain de l’ancien golf se couvre d’immeubles, surtout résidentiels. Le comité Espaces verts LaSalle exerce des pressions. La municipalité change le zonage d’une large bande de terre au bord du fleuve afin de planifier un large parc.
On veut détourner le boulevard LaSalle pour le faire passer un peu plus à l’intérieur des terres, mais ce nouveau tracé passe au milieu de la salle à manger du Manoir Ogilvie, immeuble historique abandonné. La Société historique de LaSalle lève les boucliers pour protéger l’immeuble.

Selon Denis Gravel et Bruno Boucher dans Propriétaires et Promoteurs à LaSalle, « Le manoir disparaît dans les flammes d’un incendie criminel en février 1981. Le gouvernement du Québec […] s’apprêtait à le classer bien culturel. L’incendie criminel, ou du moins la couverture médiatique qui s’ensuivit, constituera une des causes principales de la défaite de Gérald Raymond en 1983 ». Le détournement du boulevard finit par se faire à partir des années 1990.
Dans les années 1980, la Ville de LaSalle investit dans l’amélioration des rues et leur pavage. On fait des trottoirs, pose des lampadaires, améliore les conduites d’eau potable et d’égouts.
Aujourd’hui
Le sinueux boulevard LaSalle s’étend sur 13 km à LaSalle et à Verdun. Cette route panoramique offre une vue imprenable sur le Saint-Laurent.
Il y a maintenant plusieurs autres routes tels l’autoroute 20, les boulevards de La Vérendrye et Newman, et d’autres qui ont permis de réduire l’achalandage sur le boulevard LaSalle.
La Ville de Montréal et l’Arrondissement le modifient graduellement pour réduire sa largeur avec des extensions de trottoirs. Cette mesure contribue à diminuer la vitesse automobile et priorise la sécurité des piétons et cyclistes.
Aujourd’hui, beaucoup de Montréalais et Montréalaises préfèrent emprunter ce boulevard pour admirer le fleuve, même s’il n’est pas le plus rapide. Sa particularité est que peu de terrains privés sont situés entre le boulevard et le fleuve, contrairement à la majorité des autres arrondissements de Montréal.
La photo de couverture est un photocollage constitué à partir d’une image du boulevard LaSalle prise par Marie Guertin en 2025, et celle d’un laitier livrant son produit en 1910, image d’archive de l’Arrondissement de LaSalle.
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