L’abandon du projet de transport structurant du Grand Sud-Ouest par Québec en mars survient alors que du développement immobilier majeur est en vue à LaSalle-Ouest et à Lachine-Est, secteurs marqués par la congestion routière chronique. À défaut d’une plus grande offre de transport collectif, de nouveaux logements s’accompagneront d’une hausse du trafic. Face à la décision du gouvernement provincial, les mairesses des deux arrondissements concernés restent résolues.
Optimiste, la mairesse de Lachine est convaincue qu’il ne s’agit pas d’un abandon permanent, mais plutôt d’un retrait temporaire, en citant l’état d’avancement du dossier d’opportunité du projet de transport structurant réalisé par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM).
Le ministère des Transports « retarde de devoir regarder le projet et dire “Ok, on va le mettre dans le dossier d’affaires”, parce qu’une fois qu’ils le mettent dans le dossier d’affaires, ça doit venir avec l’argent », avance Maja Vodanovic.
Selon elle, le projet de transport structurant pourrait être remis dans le Plan québécois des infrastructures (PQI) l’année prochaine.
« Il est possible que cette année, il n’y avait pas l’argent, mais qu’ils vont le mettre l’année prochaine », spécule Mme Vodanovic, alors que le budget du Québec 2025-2026 projette un déficit de 11 G$. « J’ai des échos que c’est un peu ça », « qu’on arrête parce qu’il n’y a pas assez d’argent » pour tous les projets, affirme-t-elle.
Également membre du comité exécutif de la Ville de Montréal, Mme Vodanovic explique qu’« on fait un peu la même chose au municipal: des fois on a trois, quatre projets, mais avec les coûts, on en fait juste deux » avant de reporter les autres.
L’espoir qui tue ?
Le développement de l’ancienne zone industrielle de Lachine-Est prévoit jusqu’à 7 800 nouvelles unités d’habitation.
« Ça fait depuis les années 1980 que Lachine travaille à ravoir le tramway. On ne peut pas abandonner, parce que sinon on va être pris dans des bouchons de trafic pas possibles », avertit l’élue. Pour le réseau de tramways, Lachine est arrivé plus loin qu’on n’est jamais arrivé », déclare-t-elle.
LaSalle et Lachine sont enclavés, c’est-à-dire que la majeure partie de leurs frontières respectives sont des barrières naturelles, et les axes de mobilité pour les franchir sont limités. Résultat : quand la population se déplace, la congestion routière y est récurrente, y compris pour se déplacer à l’intérieur des secteurs.
« On ne perd pas espoir que ce projet là va voir le jour », tranche la mairesse de LaSalle, Nancy Blanchet. Dans son arrondissement, un projet de 1 800 logements est à l’étude sur le boulevard Newman, objet d’une consultation publique quant à l’avenir de ses abords. Par ailleurs, le futur quartier de LaSalle-Ouest accueillera 2 000 nouveaux logements.
« On ne pouvait pas se permettre d’attendre que le gouvernement du Québec priorise [le transport structurant du Grand Sud-Ouest] dans ses budgets pour penser le redéveloppement des terrains privés qui bordent le boulevard, car c’est déjà en action », souligne Mme Blanchet.
Elle ajoute qu’une pénurie de logements frappe Montréal, si bien qu’« on ne peut pas limiter le développement de nouveaux foyers à LaSalle parce qu’on n’a pas assez de transport collectif. »
Ainsi, la pression immobilière laSalloise « devient un argument pour que le gouvernement du Québec nous suive dans cette aventure-là, puis finisse par investir » dans le développement du transport collectif, affirme Mme Blanchet.
Où sont passés les 800 M$ du fédéral
En 2019, Québec et la Ville de Montréal avaient conclu une entente sur une enveloppe fédérale de 800 M$. Cette somme était alors réservée à l’usage exclusif de la Société de transport de Montréal (STM).
Une série d’échanges avait eu lieu entre le président du Conseil du trésor, Christian Dubé à ce moment-là, et la mairesse de Montréal, Valérie Plante, tel que le révèle une demande d’accès aux documents. La Ville de Montréal avait conclu une entente de principe avec le gouvernement provincial, pour allouer cette somme au projet de tramway de la Ville de Québec plutôt qu’à la STM.
En échange de ce transfert de l’enveloppe fédérale de 800 M$, Québec avait notamment inscrit au PQI 2020-2030 le financement d’un lien structurant de tramway entre le centre-ville de Montréal et Lachine, le projet même retiré en mars dernier.
Le 19 juin, plusieurs organismes communautaires des arrondissements du Sud-Ouest et de Verdun organiseront une action en faveur de l’accessibilité universelle du réseau de la STM.
Le rendez-vous se veut aussi une mobilisation plus large pour le refinancement du transport collectif, et ce dans une perspective de justice sociale et environnementale, décrit le communiqué d’Action-Gardien transmis à Nouvelles d’Ici.
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