Autour d'une table, cinq personnes, dont quatre filles de niveau secondaire, et un homme, enseignant, qui supervise le journal étudiant.
Actualités Éducation LaSalle

La voix de Cavelier : nouvelle voie d’information par et pour les élèves de l’école Cavelier-De LaSalle

Un journal étudiant entièrement numérique vient de naître à l’école secondaire Cavelier-De LaSalle. C’est une première sur tout le territoire du Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB), car La voix de Cavelier possède sa propre page web, indépendante de celle de l’école.

« Quand j’avais présenté le projet à la direction, l’idée était de créer un produit par et pour les élèves », relate l’enseignant d’univers social aux quatrième et cinquième du secondaire, Cédric Courtemanche. 

Originaire des Cantons-de-l’Est, où il a fait son secondaire, l’enseignant se souvient encore de la place marquante qu’avait le journal étudiant dans la communauté scolaire. Il n’a cessé de remarquer l’absence de journaux similaires dans plusieurs des établissements où il a enseigné.

Il y a deux ans, les élèves de l’école ont critiqué à quel point il était difficile de se tenir au courant de ce qu’il se passe dans l’établissement, se souvient le directeur d’école, Robert Beaudin. Disséminer l’information sur ce qui s’y déroule régulièrement est devenu encore plus nécessaire, car l’école avait fait l’objet de plusieurs reportages, dans les grands médias montréalais, sur des cas de violence et de harcèlement.

« [La couverture médiatique] donnait l’impression qu’on était un milieu violent, alors que ce n’était pas mon expérience, raconte M. Courtemanche. Ce qu’on retenait de l’école n’était pas pleinement représentatif de ce qu’on était. »

La population de 1800 élèves a fini par partager cette impression. Plusieurs élèves n’étaient plus fiers de fréquenter Cavelier-De LaSalle, témoigne le directeur. Aujourd’hui, le journal sert à partager « les choses vraiment géniales » qui ont lieu dans cette « grosse école », plaide M. Courtemanche. 

Le conseiller au volet numérique du Bureau des communications du CSSMB, Mathias Schoemer, a également offert son expertise pour préparer le site. Amorcé en août, le projet s’est concrétisé seulement en novembre avec le lancement du journal. Mais, des élèves avaient déjà soumis des articles en octobre pour publication.

Cet automne, l’excitation et l’impatience étaient au rendez-vous. 

Improviser et s’adapter

La voix de Cavelier se veut un journal indépendant, aux mains seules des élèves, pour leur permettre de publier directement leurs reportages et leurs textes d’opinions. M. Beaudin a accepté dès le départ que le site du journal soit séparé de l’école. 

« On s’est mis à créer un avion qui était déjà en vol, et on vit encore ce moment là », souligne M. Courtemanche, le rédacteur en chef de l’équipe de 19 élèves qui collaborent à ce média étudiant. Corriger les textes, donner les affectations, éditer les articles soumis, programmer les publications : ces tâches « dépassent les limites » de ses fonctions d’enseignant. 

Le rythme est effréné, car La voix de Cavelier publie ses articles tous les mercredis. Les rencontres entre M. Courtemanche et les élèves se font sur la pause du midi ou dans le couloir, quelques minutes avant la reprise des cours.

Malgré la frénésie, tout est fait pour que les élèves prennent du plaisir à produire du contenu sur des sujets proposés par M. Courtemanche ou sur leurs propres idées.

C’est le cas de Xenia Martinov. Elle a notamment écrit un profil de son enseignant d’arts plastiques à l’occasion de sa retraite, mais aussi un reportage sur le marketing dans les jeux vidéo. « Je suis une personne timide, qui a peur de montrer son travail, mais le journal m’aide à m’exprimer », confie-t-elle.

Une révélation

« Je pensais que les journaux étaient ennuyants et que c’est seulement les adultes qui les lisent. Mais là, [vu les commentaires que je reçois], je me rends compte que c’est pour tous les publics »,  admet Frida Angel Francis, qui a développé un long article au sujet de la Journée mondiale des enseignants.

Si La voix de Cavelier permet de faire rayonner les projets et les personnes de l’école, le journal a aussi pour but de débattre, d’informer et de critiquer. « Je veux que le journal reste. J’aime débattre des opinions, comme on le fait en culture et citoyenneté. Pour d’autres, ça permet de sortir de la zone de confort », déclare Rebecca Ménard.

En témoigne le ton d’un article à paraître qu’elle cosigne avec une camarade. Les auteures critiquent la limite d’un seul membre de la famille par élève pouvant assister à la cérémonie des toges. 

« Pour vrai, les élèves n’ont pas le temps de parler et la voix pour dire “Hé, j’aime pas ce que l’école a fait”, analyse sa co-auteure, Maude Bernier. Le journal permet ça, des élèves peuvent venir nous voir : “Hé, cette situation, fait un article dessus !”, sans nous imposer quoi que ce soit. »

La voix de Cavelier va également inclure de la caricature, mentionne M. Beaudin. « Je fais confiance. Un article peut faire réfléchir toute l’école. »

La photo de couverture de cet article a été prise par Aziz Mestiri le 5 décembre 2024. De gauche à droite : Xenia Martinov, Cédric Courtemanche, Maude Bernier, Rebecca Ménard et Frida Angel Francis.


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Aziz Mestiri
Aziz Mestiri est journaliste au pupitre et sur le terrain à Nouvelles d'Ici ainsi que chargé de projets. Originaire de Tunisie, Aziz s’est formé en psychologie et en sociologie à l’Université de Montréal où il a travaillé dans des équipes de recherche en sciences humaines. En 2021, il se réoriente vers le journalisme, en rejoignant les Hebdomadaires de l’Ouest de l’ancien Journal Métro. Sélectionné au stage estival du quotidien Le Devoir en 2023, il a ensuite occupé les fonctions de chef de section au journal étudiant Le Quartier Libre. Aziz est passionné de journalisme sous toutes ses formes (reportages, pupitre, etc.), et il aime discuter des subtilités du quatrième pouvoir avec le grand public.