Niché sur la rue Wellington, l’une des rues les « plus cools du monde » selon le magazine Time Out, un lieu se distingue. Seul ou en famille, les Verdunois et Verdunoises de tous les âges s’y trouvent une passion commune : la lecture.
Dès le premier pas franchi, le vacarme extérieur laisse place à des rires entre une caissière et une cliente, et une discussion presque inintelligible entre une mère et son bambin. Des bruits de pages qui tournent se font entendre et leurs odeurs emplissent le lieu. Le propriétaire, en pleine discussion avec la clientèle, a le sourire aux lèvres. Il fait froid dehors, mais à l’intérieur, La Librairie de Verdun bouillonne de chaleur humaine.
Anciennement appelée Sons et Lettres, cette librairie indépendante a ouvert ses portes il y a maintenant 18 ans. Les anciens propriétaires, natifs de Verdun, étaient prêts à mettre la clé sous la porte lorsque Philippe Sarrasin et Johanne Méthé, en couple et propriétaires actuels , ont pris la relève.
La Librairie de Verdun, le nom tout simple de leur librairie n’est pas anodin. Il a été choisi pour non seulement forger une identité forte au commerce, mais aussi pour que la clientèle puisse se l’approprier, s’y sentir comme chez elle.
Propriétaire de trois librairies indépendantes à travers Montréal, M. Sarrasin explique qu’« on trouvait que ça cadrait bien avec la philosophie d’une librairie de quartier de la nommer La Librairie de Verdun. Tu sais où c’est ! »
Verdun en métamorphose
Verdun est un quartier qui a subi de nombreux changements ces dernières années. L’embourgeoisement du quartier a créé un environnement où cohabitent différentes réalités socio-économiques et culturelles. Cet enjeu, avec toutes ses nuances et ses subtilités, M. Sarrasin semble le saisir avec une aisance intuitive.
« C’est le rôle de chaque librairie de s’adapter à sa clientèle. On est une librairie qui est très généraliste. On essaye de toucher à tous les types d’âge et d’intérêt », souligne le propriétaire. « Nous, notre rôle, c’est de faire en sorte que tout le monde se sente bien, puis trouve un livre à son goût. Par choix, on a décidé de ne pas se spécialiser », ajoute-t-il.
La mission de la librairie est claire et tangible : elle aspire à être une médiatrice entre la culture et la population locale. « On est une vitrine de la littérature pour le quartier. Personne n’est obligé de rentrer ici. Ce n’est pas une épicerie. On vient [à la librairie] par choix », souligne M. Sarrasin.
La diversité sous toutes ses formes
En tant que commerce de quartier et petite équipe, la diversité actuelle de l’équipe de la librairie est un fruit du hasard, mais le hasard fait bien les choses selon son propriétaire. Politique ou pas, cela n’a pas empêché cette librairie indépendante de transformer la littérature vendue en emblème de la pluralité culturelle.
« On fait la promotion d’une littérature diversifiée. On pousse énormément la littérature d’ici. C’est un choix d’encourager la littérature québécoise. Cela étant dit, au sein de cette littérature, il y a une diversité culturelle qui est là et qu’on va pousser aussi », dit-il.

Chaque centimètre carré est optimisé. Chaque étagère regorge d’une sélection soigneusement rangée de romans, d’essais, de poésie, de livres jeunesse, mais ce qui saute aux yeux, ce sont les publications québécoises et autochtones mises en relief sur des tables tout près de l’entrée.
Une envie limpide se fait sentir de la part de cette librairie de faire rayonner le Québec et sa littérature. « C’est notre littérature à nous. Forcément, si l’on ne le fait pas, qui le fera ? », fait valoir M. Sarrasin. Dans cette librairie, la vente de livres québécois n’est pas seulement une question de désir, mais aussi une nécessité. Les ventes s’amplifient depuis les dernières années.
Un espace de diffusion culturelle
La Librairie de Verdun ne fait pas que vendre des livres. Avant la pandémie, elle organisait régulièrement des événements littéraires. Des rencontres avec des autrices et des auteurs locaux, des ateliers de lecture pour enfants, tout était prétexte à se retrouver, à échanger, à enrichir son univers littéraire.
À l’occasion de ces événements, la librairie devenait une petite scène vivante, où les livres prenaient vie, où les idées se confrontaient, où les auteurs et autrices rayonnaient à travers leur publication.
Un aspect manquant à l’atmosphère de la librairie et qui fera son retour dans un futur plus ou moins proche selon le propriétaire. Le lieu reste tout de même un havre pour les créateurs. Les lancements de livre sont toujours au rendez-vous à la librairie.
Le propriétaire explique que la librairie s’adapte aux changements d’aujourd’hui sans aucune résistance. On ne fait pas de militantisme à la Librairie de Verdun. On s’engage à aider la communauté verdunoise à se forger une passion pour les livres et à aiguiser leur curiosité à l’aide de ressources disponibles.
Un modèle de commerce qui marche
La démocratisation du numérique a créé des défis économiques considérables pour les disquaires et les clubs vidéo, qui ont vu leur modèle disparaître au cours des dernières décennies. Malgré tout, La Librairie de Verdun persévère.
« Les impacts n’ont pas été aussi désastreux ici. Les gens sont encore bien attachés au papier. On vend davantage de livres en papier que de livres numériques. Le numérique est devenu important, mais ce n’est pas un aspect insécurisant pour nous. Le virage est pris », souligne M. Sarrasin
Il ajoute que la librairie répond à un besoin d’offrir autre chose que le livre le plus vendu du moment, même si elle le vend aussi. C’est une expérience différente de magasiner chez La Librairie de Verdun.
Un mélange de contact humain et de richesse littéraire qui fait sortir du lot. « Si tu me demandes, tu la verras où, la librairie dans 20-25 ans, je ne suis pas capable de te répondre. C’est une très bonne question parce que je ne peux pas y répondre », admet Philippe Sarrasin. On vit dans le moment présent dans cette librairie.

Nihel Barkati
Collaboration spéciale
Passionnée de littérature et de musique, Nihel Barkati est une étudiante en journalisme au Cégep André-Laurendeau et résidente de Ville-Émard. Elle s’adonne à l’écriture automatique, à la philosophie et à la création musicale.
La photo en haut de cet article a été prise par Nihel Barkati.
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