Dans le cadre d’une initiative organisée par Amnistie internationale, des habitantes et habitants de Verdun se sont retrouvés le 8 décembre au café Lili & Oli, sur la rue Wellington, pour rédiger des dizaines de lettres de soutien s’adressant à des personnes, dans plusieurs pays, ayant subi un préjudice à cause de leur militantisme.
C’est la quatrième année consécutive qu’Amnistie internationale Verdun organise ce qu’elle appelle un « marathon d’écriture » dans ce café. Les participantes et participants interrogés par Nouvelles d’Ici ont perçu, en cet atelier, une manière d’appuyer les gens ayant exercé leur liberté d’expression, et qui en ont payé le prix.
Selon Micheline Vermette, bénévole au sein de l’organisme, certaines des personnes détenues peuvent être privées d’accès à des soins de santé, voire torturées. D’après Christophe Martel, participant à l’atelier, celui-ci permet de faire face au sentiment d’« impuissance » devant une telle situation. « C’est à peu près la seule chose qu’on peut faire [pour les aider] », dit-il.
Les participantes et participants sont invités à déposer une pièce de monnaie dans un panier pour aider l’organisme à payer les timbres, mais ne sont pas obligés. D’ailleurs, les associations qui défendent une cause demandent souvent un engagement pécuniaire, mais écrire une lettre ne coûte rien, si ce n’est un peu de temps, souligne M. Martel.
Lui et sa conjointe, Catherine Boudreau, ont choisi d’écrire à Manahel al-Otaibi. Cette défenseuse des droits de la femme a été condamnée à 11 ans de prison pour avoir publié sur les réseaux sociaux une photo d’elle sans abaya (habit traditionnel féminin d’origine arabe), en Arabie Saoudite. Mme Boudreau se dit « complètement outragée » des motifs de détention de la militante. La Verdunoise a écrit son message en arabe – quoiqu’avec l’aide de l’alphabet latin – pour être sûre que sa destinataire comprendra. « Sois forte, tu n’es pas seule », peut-on y lire.
Ce marathon d’écriture est une initiative internationale. Ainsi, selon Mme Vermette, « ce n’est pas la longueur du message qui compte », mais plutôt la quantité de lettres qui fera la différence. Elles feront que la personne les recevant ne se sentira pas oubliée, explique-t-elle. D’après M. Martel, ces correspondances peuvent aussi servir de « moyen de pression » envers les autorités.
75 % des personnes à qui écrit Amnistie internationale se feraient libérer ou verraient leurs conditions de détention améliorées, suite aux lettres qu’elles reçoivent. M. Martel apprécie le fait que l’organisme suive la trace des résultats, car cela montre que les lettres produisent réellement un effet sur le terrain.
Linda Duchesne et Pierre Boudreau ont décidé de consacrer leur dimanche matin à écrire à l’ensemble des neuf destinataires. « On est de tout cœur avec eux », dit Mme Duchesne. Ce sont souvent pour de bonnes causes que ces personnes s’expriment, pense-t-elle. « Ton gouvernement t’emprisonne juste parce que tu n’es pas d’accord avec lui. C’est surtout ça qui me pose problème », complète M. Boudreau, l’air indigné.
Le marathon d’écriture se poursuivra ce samedi 14 décembre à la bibliothèque de L’Île-des-Sœurs et ce dimanche 15 décembre à celle de Jacqueline-De Repentigny, dans le quartier Desmarchais-Crawford.
À qui s’adressent les lettres ?
Les lettres envoyées par Amnistie internationale Verdun s’adressent à neuf destinataires. Leurs situations se résument ainsi :
- Ana De Silva, influenceuse, emprisonnée deux ans pour avoir critiqué le gouvernement angolais sur TikTok;
- Joel Paredes, militant, a perdu l’usage de son œil droit après avoir reçu une balle en caoutchouc tirée par un policier lors d’une manifestation en Argentine;
- Manahel al-Otaibi, condamnée à onze ans de prison pour avoir publié une photo d’elle sans abaya en Arabie Saoudite;
- Maryia Kalesnikava, impliquée en politique biélorusse et principale figure de l’opposition, également condamnée à onze ans de prison;
- Oqba Hashad, étudiant égyptien détenu depuis plus de quatre ans, fait toujours face à des poursuites judiciaires à cause du militantisme de son frère;
- Şebnem Korur Fincani, médecin légiste, risque deux ans de prison après avoir ouvert une enquête sur la possible utilisation d’armes chimiques par l’armée turque en Irak;
- Kyung Seok Park, leader sud-coréen des droits des personnes handicapées, fait face à des poursuites judiciaires pour son militantisme;
- Dan Dinh Bach, avocat écologiste, a été condamné à cinq ans de prison pour évasion fiscale, au bout d’un procès jugé inéquitable par les Nations unies;
- 75 militantes et militants Wetʼsuwetʼen, en Colombie-Britannique, risquent une peine d’emprisonnement pour avoir défendu un territoire ancestral contre la construction d’un gazoduc.
Les photos dans cet article ont été prises par Théo Bou Eid le 8 décembre 2024.
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