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Histoire à revoir aujourd’hui: les origines de Verdun à travers deux personnages

Article modifié le 28 avril 2025, pour apporter des correctifs avancés par l’historien Denis Gravel quant aux noms de Verdun et à l’année à laquelle Zacharie Dupuis a reçu ses terres.

Cette année, en 2025, Verdun fête ses 150 ans, sauf que ses débuts remontent à encore plus loin, jusqu’au 17e siècle. Au cœur de cette histoire, se trouvent les vies et les mésaventures de deux personnages, le militaire Zacharie Dupuis, et le pionnier René Cuillerier.

Zacharie Dupuis

Né soit en 1608 ou en 1610 en France, Zacharie Dupuis s’est orienté vers une carrière militaire dès sa jeunesse. Après son arrivée en Nouvelle-France, il est nommé commandant au fort de Québec en 1656, mais il n’y reste pas longtemps et s’installe ensuite à Ville-Marie.

Ancienne plaque commémorative de Zacharie Dupuis à Verdun, disparue lors de l’élargissement du boulevard LaSalle. Crédit photo: Répertoire du patrimoine culturel du Québec

En 1663, les Sulpiciens acquièrent l’île de Montréal.  Ils construisent des moulins et distribuent des concessions. La population coloniale, qui cherche à s’installer sur l’île, est toujours sur le qui-vive pour éviter les embuscades iroquoises. 

À l’origine, le territoire de Verdun est délimité par le fleuve Saint-Laurent et la rivière Saint-Pierre, bien avant qu’on ait l’idée de creuser le canal de Lachine et le canal de l’Aqueduc. Verdun porte différents noms selon les époques et les écrits : Côte-des-Argoulets ou Côte de la rivière Saint-Pierre. 

Paul Chomedey De Maisonneuve est le gouverneur général et il cherche à assurer la sécurité de la population coloniale. Il constitue un corps de milice composé de volontaires, lancé le 27 janvier 1663 sous le nom de la  Milice de la Sainte-Famille.

Le major Dupuis est proposé pour former les rangs. Il succède à Lambert Closse, tué lors d’une attaque iroquoise, ses deux fusils ayant fait défaut. En 1665, Zacharie Dupuis agit à titre de gouverneur intérimaire de Montréal, en remplacement de Maisonneuve. 

Le major a environ 60 ans lorsqu’il se marie, le 22 octobre 1668, avec Jeanne Groissard, de 20 ans sa cadette. Son contrat de mariage est visible sur le site de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BANQ)

En 1671 et en échange de ses services, Zacharie Dupuis reçoit 320 arpents, au bas du Sault-Saint-Louis, aujourd’hui nommé les rapides de Lachine. Le choix du nom de Verdun lui est attribué. Zacharie Dupuis désignait ainsi son fief en souvenir de son village natal, Saverdun, du comté de Foix en France. 

Lambert Closse et Jeanne Mance derrière, tels que représentés par le sculpteur Louis-Philippe Hébert, sur la Place d’Armes à Montréal. Crédit photo : Marie Guertin

Sa concession (désignée sous le numéro 512) est sur la route du commerce de la fourrure. Elle correspond aujourd’hui au quartier Crawford de Verdun. Zacharie Dupuis obtiendra ensuite l’Île-aux-Hérons et les îles adjacentes. 

L’année 1673 fut une année de grand deuil pour les Montréalistes, qui déplorent la disparition de Jeanne Mance, la fondatrice de Ville-Marie. Soeur Marguerite Bourgeoys et Mme Dupuis, que Jeanne Mance aimait tout particulièrement, se relaient auprès d’elle lorsqu’elle tombe malade. 

Le major Dupuis et son épouse sont durement marqués par le décès de la fondatrice de Ville-Marie. À la suite de ce décès, Zacharie Dupuis cède, à 67 ans, tous ses biens à la Congrégation Notre-Dame. Comme il est dépourvu de descendance, il ajoute que la Congrégation doit les héberger, lui et sa femme.

Le major Dupuis ne fut pas longtemps à leur charge. Il meurt trois ans plus tard, le 1er juillet 1676.

René Cuillerier

Un autre personnage marque les débuts de Verdun. Né en 1640, René Cuillerier arrive en Nouvelle-France en 1659, après avoir quitté La Rochelle en France. 

On le dit de tempérament dynamique et entreprenant. En 1661, il se rend à l’île à la Pierre, dans le Saint-Laurent, pour extraire des matériaux pour la construction du séminaire de Montréal. 

Les Iroquois attaquent les travailleurs, et René Cuillerier est fait prisonnier avec d’autres, puis torturé. Il a failli ensuite être brûlé, quand une Iroquoise est intervenue. Elle « le demanda pour tenir la place de son frère », raconte l’historien Julien Déziel dans le livre Histoire de Verdun.

L’homme réussit finalement à s’enfuir au printemps 1663, pour se rendre à Orange (aujourd’hui Albany dans l’État de New-York) et regagner Montréal. En 1665, il se marie et reçoit la concession numéro 524 de la Côte-des-Argoulets. 

Les Argoulets sont de jeunes colons à qui le gouverneur Maisonneuve a ordonné de s’établir entre la rivière Saint-Pierre et le Sault Saint-Louis. Ils sont nommés ainsi en l’honneur des arquebusiers français du 16e siècle, réputés être de remarquables francs-tireurs.

La Côte-des-Argoulets. Source : Verdun, 125 ans d’histoire, 1875-2000, de Denis Gravel

Bien que René Cuillerier ne soit pas lui-même un Argoulet, il est un censitaire de la Côte-des-Argoulets. Chaque censitaire de ce lieu défriche ses terres et y construit sa maison, mais il doit aussi contribuer à la défense face aux Iroquois.

Par la suite, René Cuillerier vit à Lachine, dans la partie aujourd’hui nommée LaSalle. En 1668, il rachète une concession de Robert Cavelier de LaSalle ,tel que démontré par l’archive concession de terre de la BANQ. 

Tel que le décrit le frère Stanislas, dans Historique de Ville LaSalle, l’ancien Lachine: ‘C’était un brasseur d’affaires. On ne finit plus de compter les concessions qu’il se fit octroyer…et les transactions commerciales qu’il opéra’. 

Sa maison fortifiée fut renommée Fort Cuillerier. Son emplacement est estimé aujourd’hui aux environs de la 80e avenue et du boulevard LaSalle, à LaSalle.

Un homme hautement apprécié de son entourage. Il eut 16 enfants et une nombreuse descendance, qui contribua à peupler la partie ouest de l’île.

De nombreux autres personnages contribuent au développement de Verdun. Étienne Campeau qui eut 15 enfants, un des rares argoulet qui demeura par la suite à Verdun.  Jean Milot, le Verdunois qui migra vers Lachine et acquerra en 1669 une partie du domaine de René-Robert Cavelier de LaSalle.

L’image de couverture réunit une photo prise par Karine Joly (la rue Wellington à gauche), et une prise par Marie Guertin (la statue du gouverneur Paul Chomedey De Maisonneuve)


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Marie Guertin
Résidente de La Salle depuis 40 ans, Marie est nouvellement retraitée. Elle a maintenant du temps pour ses nombreuses passions : les voyages, ses petits-enfants, les évènements culturels, l’histoire, le vélo électrique et le pickleball. Elle est aussi membre de la première cohorte des ateliers d’initiation au journalisme citoyen de Nouvelles d’Ici.