L’arrondissement de LaSalle a aujourd’hui une bibliothèque de grande envergure. Mais ce lieu de rassemblement est le résultat des efforts de bénévoles, de débats municipaux, du travail de son personnel et d’une forte vision d’architecture.
Les débuts
En 1954, la citoyenne Lucie Laliberté déplore dans Le Messager, le journal local de l’époque à LaSalle, que la ville n’a pas de bibliothèque. L’association athlétique LaSalle prend la balle au bond et sollicite des dons de livres auprès de la communauté. Les livres reçus sont approuvés par l’aumônier avant d’être acceptés.
Une première bibliothèque ouvre en 1959 dans un petit local sur la rue Jean-Milot. Au départ, comme les bénévoles sont principalement anglophones, il y a peu de livres en français. Par la suite, on crée un comité francophone pour corriger la situation.
Le 18 mars 1962, des locaux sont inaugurés au deuxième étage du Centre commercial Pont-Mercier, coin Lafleur et Clément, avec de nouveaux livres et un nouveau conseil d’administration. En 1972, les locaux sont agrandis. La ministre des Affaires culturelles de l’époque, Marie-Claire Kirkland Casgrain, assiste à sa réouverture.
Au fil des années, plusieurs bénévoles s’impliquent. Parmi eux, Henri Loiselle (1940- ) en tant que président des Amis de la bibliothèque, Leta Graydon Stinson (1903-1989) qui préside le comité de classification et Anna Rovira (1920-2008) qui deviendra directrice de la bibliothèque. Tous défendent sans cesse les intérêts de la bibliothèque de LaSalle. On organise des collectes de fonds, sollicite des subventions et recherche des commanditaires.
En octobre 1973, le conseil de ville décide de municipaliser ce service et rachète la bibliothèque pour 1 $. On pense rapidement à des locaux plus grands, mais un aspect politique complique la réalisation.
En 1980, le conseil de ville propose la construction d’un complexe municipal au coin de la rue Dollard et du boulevard De La Vérendrye. Ce complexe inclurait l’hôtel de ville, la bibliothèque et des installations sportives. L’opposition fait valoir que les coûts seraient trop importants. La population s’exprime contre, et le maire Gérald Raymond doit reculer. Il procédera plutôt à l’achat et la rénovation de l’usine Burroughs Wellcome pour y établir l’hôtel de ville.
L’Octogone, premier édifice
En 1983, le ministre des Affaires culturelles confirme une subvention de 1,8 M $ pour un nouvel édifice au coin des rues Dollard et Salley. Le coût total sera de 3,9 M $. Le 24 novembre 1984, c’est le maire Michel Leduc qui inaugure le Centre culturel l’Octogone. L’espace est passé de 500 à 3000 pieds carrés. La bibliothèque a 100 000 livres, emploie environ 40 personnes et compte 25 000 membres. Les livres sont classés selon le système Dewey avec de petites fiches en carton. L’informatisation des opérations a lieu graduellement de 1985 à 1994, et la diffusion du catalogue sur internet se fait en 2000.
Le nom de la bibliothèque est tiré de sa forme, deux octogones dont le plus grand abrite la collection adulte et l’autre celle pour enfants. De grandes fenêtres apportent un éclairage naturel et la vue sur le parc Félix-Leclerc. L’œuvre de Claude Lamarche Signal dans l’espace, en forme de grande flèche jaune, attire l’attention sur la bâtisse et sert de logo.
Évolution des bibliothèques
À l’ère numérique et avec la prédominance des écrans, des lieux dédiés seulement au livre papier et où le silence est de rigueur auraient pu être abandonnés.
Les bibliothèques sont au contraire devenues des milieux de vie, des espaces de socialisation et d’échange. C’est un service gratuit qui offre des activités culturelles ou communautaires, par exemple les services d’un écrivain public.
L’autrice Lula Carballo décrit son expérience de l’Octogone dans un balado. Elle est arrivée d’Uruguay à 14 ans et partage comment ce lieu est devenu son refuge, lui donnant un sentiment de sécurité et l’aidant à apprendre le français.
Construction du nouvel édifice
En 2017, la Ville de Montréal lance un concours d’architecture pour moderniser l’Octogone et les propositions des différentes firmes sont présentées aux LaSallois et LaSalloises. Un comité d’expert a déterminé le gagnant : la firme Anne Carrier Architectes.
Le projet a coûté 44,9 M $, et a été financé dans le cadre de l’Entente sur le développement culturel entre la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec. Ce programme a permis la rénovation, l’agrandissement et la construction d’autres bibliothèques à travers la ville, dont les bibliothèques Marc-Favreau (Rosemont-La Petite-Patrie), Maisonneuve (Mercier-Hochelaga-Maisonneuve) et Saul-Bellow (Lachine).
Pendant les travaux, la bibliothèque l’Octogone a été hébergée pendant 30 mois à la Place Newman, sur l’avenue Dollard. Un article dans Nouvelles d’Ici a souligné sa réouverture qui a eu lieu le 29 septembre 2023.
Aujourd’hui
Aujourd’hui, on retrouve à la bibliothèque l’Octogone la plus grande collection de bande dessinée du réseau des bibliothèques de la Ville de Montréal. Il contient un café au rez-de-chaussée, le Phylactère (bulle d’une BD). La grande flèche jaune et la vue sur le parc ont été préservées. Dans ces grands espaces lumineux, il y a des lieux de détente, des salles dédiées aux rencontres, un système automatisé de retour de livres et un mur végétal.
L’œuvre suspendue En circulation de Karilee Fuglem se trouve au centre de l’escalier en colimaçon. La première partie est dans la courbe de l’escalier central et la deuxième partie dans la mezzanine.
La photo de couverture montre la construction de l’Octogone en 1983. Source : Archives de l’arrondissement de LaSalle
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