Parmi les dix athlètes de la délégation canadienne au 2024 Open Asian Police Taekwondo championship tenu au Vietnam, Gemma Pagano (11 ans) a remporté la première place contre 30 participantes. Son frère, Salvatore Pagano (10 ans), a décroché la quatrième place parmi 58 participants. Les deux sont membres de l’Académie GSC MMA à Lachine, dirigée par leur père Fortunato Pagano.
Pour les membres de la famille Pagano, il s’agissait de leur premier championnat à l’international, tel qu’indiqué dans une entrevue en français et en anglais avec Nouvelles d’Ici.
« Ce n’était pas facile», confie Salvatore. Lui, qui a eu 10 ans le jour de la compétition le 7 décembre, a affronté des champions de taekwondo plus grands et plus âgés que lui. Le frère et sa sœur combattaient dans la catégorie des moins de 32 kilogrammes.
Il ajoute que la compétition « était très technique parce que [les adversaires] kickaient sur la tête ». Or, les règlements qui régissent la pratique du taekwondo, au Québec et au Canada, interdisent les coups à la tête. Gemma et Salvatore ont dû s’adapter à ce tournoi, très différent de ce qu’ils connaissent localement.
Reste-t-il que les deux se sentaient prêts à affronter les meilleurs de leur division mondialement. Gemma et Salvatore pratiquent les arts martiaux depuis qu’ils sont capables de marcher, car leur père les a amenés sur le tapis à un très jeune âge. Chacun d’eux a pris part à plus d’une vingtaine de compétitions à travers le Canada.
Un entraîneur, mais aussi un père
Lors du championnat, Gemma devait combattre sur deux jours. Sous l’effet du stress, elle a tendance à vomir, avant ou après un affrontement. Sauf que le deuxième jour, au matin, l’aînée a eu des vomissements intenses, jusqu’au point de s’évanouir. Son père et entraîneur, Fortunato Pagano, avoue avoir été complètement désemparé.
« Je lui ai dit que je vais appeler la compétition, car tu n’as pas besoin de te battre, tu as gagné ton premier combat au niveau international. Je leur ai dit à tous les deux, vous avez gagné contre les meilleurs du monde, vous n’avez rien à prouver à personne. »

Toutefois, les symptômes n’ont pas empêché Gemma de vouloir continuer à combattre. Elle n’avait pas fait le trajet jusqu’au Vietnam pour ne pas terminer son match, se disait-elle. Elle est allée au stade et a remporté la première place de sa division, raconte M. Pagano.
« Comme un père, c’était la première fois que je voulais pleurer tant j’étais fier d’eux » évoque-t-il avec émotion, avant d’ajouter qu’ils « ne se donnent pas la chance d’être des enfants, parce qu’ils sont des athlètes aussi. »
En vue de les préparer à leur premier combat à l’échelle internationale, M. Pagano avait établi un entraînement rigoureux. « Je les aime, mais je n’étais pas gentil », avoue-t-il. Au plus profond de lui-même, il sait que ces enfants sont extraordinaires et c’est pour cela qu’il les pousse constamment à se dépasser.
Durant le mois précédant la compétition, les enfants Pagano faisaient trois heures d’entraînement par jour. À 5 h du matin, ils commençaient leur journée avec un entraînement de 45 minutes, reprenaient en mi-journée, et concluaient la série après le souper.
En fin de soirée, Gemma et Salvatore s’adonnent toujours à une séance de méditation d’une vingtaine de minutes pour contrôler leur stress. La préparation mentale est aussi importante que celle physique, tranche M. Pagano.
De nouveaux objectifs de carrière
Gemma trouve plus amusant de combattre au Vietnam qu’au Canada. Affronter des athlètes pratiquant différents styles de taekwondo, ainsi que l’ambiance du stade, l’ont complètement charmée. Elle espère pouvoir participer à d’autres compétitions de niveau international.
« C’est aussi amusant parce que nous pouvons visiter d’autres pays », ajoute-t-elle. Néanmoins, ce qu’elle a préféré le plus, c’était de pouvoir inclure les coups à la tête dans ses attaques, « parce que c’était trois points ».
Après leur performance au Vietnam, M. Pagano pense qu’il est grand temps que ses enfants passent au niveau supérieur. Selon lui, ils n’ont plus d’adversaires de leur niveau à affronter au Québec et en Ontario.
Gemma et Salvatore rapportent qu’à plusieurs reprises, ils ont dû combattre des adversaires de niveau inférieur ou supérieur au pays de l’érable. « Le premier combat que j’ai eu, c’était face à une ceinture noire à Toronto. Ce n’était pas plus difficile, mais ce n’était pas plus facile », se remémore Salvatore, qui a tout de même gagné le match.
M. Pagano espère pouvoir inscrire sa fille à l’Open du Canada 2025 de taekwondo, qui se déroulera en février à Montréal. Celui-ci permet d’accumuler des points au classement mondial et olympique. Cependant, les athlètes doivent être âgés de 12 ans et plus pour participer. Gemma atteindra l’âge légal en mai, trois mois après l’événement.
Toutefois, cela ne décourage pas M. Pagano, puisque ses enfants « se sont déjà entraînés avec l’équipe nationale ». Il est confiant qu’il parviendra à l’y inscrire, coûte que coûte.
C’est en décembre 2021 que M. Pagano a ouvert l’Académie GSC MMA sur la rue Notre-Dame à Lachine. Il l’a nommé GSC en l’honneur de ses trois enfants: Gemma, Salvatore et Caterina. Il est convaincu que l’apprentissage des sports de combat permet de sortir les jeunes de la rue. Il tente de briser les stigmates associés au quartier en enseignant les arts martiaux.
Ayant résidé à Lachine auparavant, il ressentait le besoin d’aider la communauté. Les arts martiaux sont un bon outil pour toucher les jeunes, selon lui. M. Pagano confie que certains et certaines n’arrivent pas à se permettre l’abonnement mensuel, compris entre 75 $ et 85 $ en fonction de l’âge. « Si je sais que le jeune n’a pas d’argent, je ne vais pas le mettre dehors. Il va s’entraîner quand même », confie le propriétaire.
La photo de couverture a été prise par Myrialine Catule le 13 janvier 2025.
Aziz Mestiri a collaboré à la rédaction de cet article.
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