L’abandon du projet de transport structurant du Grand Sud-Ouest de Montréal par le gouvernement du Québec a provoqué une onde de choc au sein de la société civile à Lachine et à LaSalle. Acteurs économiques et sociaux des deux arrondissements ont exprimé leur déception, mais aussi leur détermination à poursuivre les efforts pour avoir un service de transport « digne de ce nom ».
La directrice de la Table de développement social de LaSalle (TDSL), Claude Lavoie, a fait part de sa grande déception face à cette décision. Soulignant les besoins cruciaux en transport dans l’ouest de l’île, elle affirme que son organisme ne compte pas rester passif.
Une initiative commune et concertée, poursuit-elle, a été lancée par la TDSL et Concert’Action Lachine pour s’asseoir autour d’une table avec la direction de l’ARTM.
« Quand les gens expriment leurs besoins, ils ont une voix. C’est eux qui font élire aux différents paliers gouvernementaux », insiste Mme Lavoie au sujet de la mobilisation citoyenne.
« Complètement inacceptable »
La directrice du Groupe de recommandations et d’actions pour un meilleur environnement (GRAME), Catherine Houbart, parle d’une « entrave au développement du secteur », alors qu’une croissance de la population lachinoise est anticipée.
« Globalement à Lachine, on attend une hausse de la population d’à peu près 50 % pour les 20 prochaines années. C’est impensable d’accueillir ces gens-là avec le réseau routier actuel sans ajouter du transport collectif structurant », reproche-t-elle.
Pour sa part, le directeur général de la Corporation de développement économique communautaire (CDEC) LaSalle-Lachine, Henri Chevalier, appelle à la persévérance, malgré cette mauvaise nouvelle qui « repousse de plusieurs années l’arrivée d’un transport en commun digne de ce nom dans la grande partie du sud-ouest ».
Pour lui, il ne s’agit pas d’un abandon du projet, mais de son retrait du Plan québécois des infrastructures (PQI), d’où la nécessité de poursuivre le travail de la société civile pour le réinscrire. « Il compte que le travail de préparation puisse continuer pour que le projet puisse démarrer le jour où les conditions seront réunies », a-t-il souligné en entrevue avec Nouvelles d’Ici.
Membre du groupe citoyen Imagine Lachine-Est, le Lachinois Jean-François Lefebvre dénonce la décision « complètement inacceptable » de Québec. Pour lui, le projet de tramway est essentiel pour le Grand Sud-Ouest montréalais, sous-desservi par les infrastructures de transport.
M. Lefebvre affirme que même si le projet a été retiré du PQI, les études continuent, et il est essentiel de « continuer à piloter le projet, puis le bonifier », afin de pouvoir l’inclure dans les futurs financements. Ainsi, cette « bévue gouvernementale » est une opportunité pour les communautés locales de rendre le projet encore plus pertinent pour leurs besoins, selon lui.
Appel à la mobilisation collective
Jean-François Lefebvre et Henri Chevalier ont tous les deux assisté au déjeuner d’échanges organisé le 26 mars au Studio 1111 du Cégep André-Laurendeau, afin de mobiliser les figures clés du milieu des affaires pour soutenir un projet de transport structurant dans le Grand Sud-Ouest.
L’ambiance de la rencontre a été plombée par la nouvelle de l’abandon, mais relevée néanmoins par le réalisme des participantes et participants, note M. Chevalier.
À cette occasion, la mairesse de LaSalle, Nancy Blanchet, a appelé les acteurs économiques et sociaux à une mobilisation collective pour faire pression sur le gouvernement afin de ne pas laisser ce projet en suspens.
Une position partagée par l’assistance, car « chaque année qui passe sans un transport structurant, c’est une occasion manquée pour l’essor économique du Grand Sud-Ouest », a déclaré Anne-Marie Lelièvre, directrice générale de la Chambre de commerce de Montréal Centre Sud-Ouest, par voie de communiqué.
En apprendre plus
La photo en haut de cet article a été prise par Carl Sincennes lors de la consultation publique organisée en janvier 2024 par l’ARTM à Lachine sur le transport structurant.
