Puisque la dernière campagne électorale fédérale s’est concentrée sur des enjeux nationaux, même si elle ne se déroulait que dans LaSalle–Émard–Verdun, peu connaissent le nouveau député élu le 16 septembre dernier, Louis-Philippe Sauvé.
À l’invitation de Nouvelles d’Ici, ce dernier a répondu aux questions d’une douzaine de journalistes professionnels et citoyens dans les locaux de votre journal local, le 1er novembre dernier.
Une transition rapide, mais difficile
D’entrée de jeu, M. Sauvé a confirmé que la transition de candidat à député s’est faite rapidement. S’étant couché à 4h du matin le 17 septembre en raison de l’annonce tardive des résultats, il s’est levé dès 7h30 pour préparer sa première conférence de presse le matin même, puis prendre la direction d’Ottawa pour assister à son premier caucus du Bloc québécois.
Il a ensuite commencé à embaucher son personnel et à naviguer à travers les dédales administratifs pour prendre possession du bureau, ouvert au public depuis le 28 octobre, dans les mêmes locaux que son prédécesseur, David Lametti.
« Lorsque nous sommes arrivés au bureau de circonscription, nous n’avons pu prendre possession d’aucun dossier de citoyens. Il a fallu évidemment faire du ménage, mais il n’y a pas eu d’aucune façon de transferts de dossier. Je ne vais pas jeter la pierre sur M. Lametti », dit-il en ajoutant qu’ils devraient bientôt se rencontrer pour un café, et que ce genre de situation arrive souvent.
« Si jamais les électeurs décidaient que je ne devrais pas les représenter à nouveau, ou si un jour je faisais le choix de pas me représenter, je confierai les dossiers à mes successeurs pour les citoyens qui en feront le choix, parce que c’est un partage de données confidentielles », précise-t-il en soulignant que la situation l’avait fâché à son arrivée au bureau.
Des enjeux locaux
M. Sauvé entend être « très présent sur le terrain », ainsi que dans « toutes les activités publiques d’importance ». De plus, afin d’être au diapason de la communauté et de bien connaître ses enjeux, il planifie déjà de recommencer le porte-à-porte.
« Le député que je veux être, c’est à la fois un organisateur communautaire, mais aussi un écrivain public », dit-il. L’élu affirme qu’il sera un député à l’écoute.
Concernant le secteur Ville-Émard/Côte-Saint-Paul de la circonscription, il remarque que l’espace autour de l’îlot patrimonial de l’église Saint-Paul est délabré. Il a donc prévu de mandater un stagiaire en urbanisme pour monter un dossier sur la question et proposer des solutions aux élus municipaux ainsi qu’à la communauté.
Plus largement, le nouveau député fédéral veut également agir dans le dossier du déneigement de la piste multifonction du canal de Lachine, de compétence fédérale, en interpellant le ministre de l’Environnement et en menant des procédures à la Chambre des communes pour dénouer l’impasse.
À LaSalle, il veut poser des gestes pour le redéveloppement de l’école Allion dans le Bronx, afin de tenter de faire avancer le dossier et permettre l’occupation permanente des lieux.
Par rapport au logement, Louis-Philippe Sauvé veut mettre de la pression sur le gouvernement fédéral pour augmenter le financement, tout en tenant compte des compétences partagées sur la question avec le gouvernement provincial. Il veut également renseigner les élus municipaux sur les programmes fédéraux qui peuvent les aider à agir.
Concernant Hickson-Dupuis, il affirme que « même si ce projet-là est imparfait, j’aime mieux avoir plus de logements que pas de logements construits du tout. Il y a une part importante de logements abordables et sociaux dans ce projet-là ».
Par rapport à l’immigration et à la francisation, il dit que « le Bloc québécois est pour une immigration réussie. Donc, c’est de donner les moyens aux gens qui viennent s’installer au Québec de pouvoir réussir leur vie. La francisation en fait partie. Des délais raisonnables en matière d’immigration, ça fait aussi partie de la recette ».
D’ici la fin de son mandat, qui pourrait arriver plus tôt que tard en raison de la situation du gouvernement minoritaire de Justin Trudeau, M. Sauvé compte principalement agir sur les dossiers reliés au logement, à l’intégration et l’immigration, au français et à l’indépendance.
« Pour moi, c’est surtout de convaincre les gens du bien-fondé, de prendre le temps d’expliquer les raisons derrière l’indépendance aux gens de LaSalle–Émard–Verdun. Je vais travailler à augmenter le nombre de membres de l’association bloquiste locale », s’exclame-t-il en ajoutant qu’il veut se rapprocher des communautés anglophones et allophones.
Dans le même ordre d’idées, il souhaite organiser des cérémonies de citoyenneté québécoise, où des drapeaux du Québec seront remis aux nouveaux citoyens et citoyennes canadiens. Il aimerait également offrir gratuitement des cours de francisation, ou encore tenir des soirées de discussion en français, à son bureau.
Il concède d’ailleurs que, sur les situations strictement locales de juridiction municipale ou provinciale, il a un impact limité comme député fédéral.
Qui est Louis-Philippe Sauvé ?
Affirmant haut et fort que c’est la cause indépendantiste et son passé comme militant qui motivent son entrée comme député, il indique que c’est le président de la circonscription au Bloc québécois qui l’a approché.
« C’est un rêve ce qui se passe en ce moment pour moi. Jamais, je n’aurais pensé pouvoir représenter mon quartier à la Chambre des communes. C’est un peu une surprise. Cette victoire est une surprise méritée. On a beaucoup travaillé, mais je vis en ce moment mon rêve le plus fou », avoue-t-il candidement devant les journalistes professionnels et citoyens de Nouvelles d’Ici.
« Je crois profondément en notre régime démocratique. Je pense qu’avec une autre façon de faire de la politique, ça pourrait peut-être redonner confiance aux gens envers les institutions. Je suis très préoccupé par le fait qu’il y a une baisse constante des taux de participation », poursuit-il.
Soulignant l’abolition des élections scolaires dans le système francophone, il s’inquiète de la disparition potentielle de notre système démocratique dans un demi-siècle, si on continue dans la même voie.
Il invite d’ailleurs les citoyennes et citoyens à s’engager, non seulement en faisant de la politique, mais aussi en défendant leurs intérêts aux conseils d’arrondissement et, évidemment, en votant.
Questionné sur son âge, 31 ans, il le voit comme un avantage, puisqu’il se considère à la fois en forme et plus mature qu’à 20 ans pour exercer sa fonction. Assumant son rôle avec « humilité », il confie être actuellement en apprentissage, même s’il a déjà travaillé durant six années sur la Colline parlementaire à Ottawa.
« C’est beaucoup de pression, surtout dans une circonscription qui n’est pas exactement une forteresse bloquiste. Puisqu’on sait que des élections arriveront plus tôt que tard, je ne cacherai pas que, parfois, je vis ça avec un peu d’anxiété, mais je suis capable d’en prendre », affirme M. Sauvé.
Fort de sa formation universitaire en histoire, il croit que c’est important de connaître le passé pour ne pas répéter les mêmes erreurs. Il pense également que les problèmes politiques sont des questions non résolues du passé, incluant celle de l’indépendance du Québec, selon lui.
Dans le même ordre d’idées, il considère qu’il est important d’être un bon lecteur et un bon écrivain en politique.
Les photos dans cet article ont été prises par Aziz Mestiri le 1er novembre 2024.
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