Les organismes communautaires offrant des paniers de Noël ne manquent pas dans le Grand Sud-Ouest de Montréal. Durant les temps des Fêtes, ceux-ci collectent des dons dans l’espoir d’offrir des boîtes remplies d’aliments périssables et non périssables pour soutenir les familles les plus vulnérables. Toutefois, la demande continue de s’accroître d’année en année au grand dam de ces organismes.
Contrairement au sondage publié par le Conseil canadien du commerce de détail en collaboration avec Léger 360 qui prédit que les Canadiens dépenseront en moyenne 972$ durant cette période (ce qui représente une augmentation de 8% par rapport à 2023), plusieurs organismes communautaires du Sud-Ouest affirment vigoureusement que, pour beaucoup de personnes, ce ne sera pas le cas. Nouvelles d’Ici s’est penché sur le sujet.
Quelle est la situation à Lachine ?
La guignolée de Lachine offre une aide alimentaire aux familles à revenu modique à l’occasion des Fêtes depuis plus de 40 ans. Par contre, si ce n’était la décision du Carrefour d’entraide Lachine (CEL) de reprendre les rênes de ce service, cette tradition aurait disparu, affirme Guylaine Paquin, directrice de CEL.
En date du 28 novembre, Mme Paquin avoue avoir compilé 900 sollicitations pour les paniers de Noël avant même d’avoir atteint la date de fin d’inscription, soit le 30 novembre. Selon elle, « la situation d’aide alimentaire est catastrophique ».
Le CEL, étant aussi une banque alimentaire à longueur d’année, s’attendait à recevoir beaucoup d’inscriptions pour la guignolée en dépit des critères de sélection mis en place pour contrôler le nombre de candidatures.
En entrevue avec Nouvelles d’Ici, la directrice se questionnait sur la manière pour subvenir aux besoins d’autant de personnes.
« À date, il n’y a quasiment rien de rentré », confie Mme Paquin. Étant en attente de réponse de nombreuses requêtes de subventions, elle ajoute avoir besoin de 50 000$ à 55 000$ pour être certaine de pouvoir combler la demande. « On va faire avec ce qu’on a », dit-elle tout simplement.
Tout de même, le CEL veut absolument assurer un beau temps des Fêtes aux 900 personnes inscrites. Pour cela, Mme Paquin songe à utiliser les cartes-cadeaux d’épicerie qui lui restaient de l’an dernier et, afin d’alléger le fardeau de l’organisme, le Collège Sainte-Anne de Lachine fera des boîtes pour 90 larges familles de la liste du CEL.
Malgré cela, Mme Paquin affirme qu’avoir repris la guignolée de Lachine reste une surcharge de travail énorme pour elle et son équipe. Cette nouvelle mission les empêche de régénérer plusieurs de leurs activités festives par faute de budget. « En ce moment, les organismes communautaires, on tire tous de la langue, on a tous de la misère ! », s’exclame-t-elle.
À Verdun, une situation choquante
Du côté de Verdun, dès le début du mois de novembre, divers organismes locaux et des églises se sont affairés dans la préparation des paniers de Noël. Certains fournissent ce service depuis plusieurs décennies déjà. Néanmoins, cette année, les organismes sont choqués par la demande grandissante au sein de la population.
L’organisme communautaire Toujours Ensemble offre des services de sécurité alimentaire depuis plus de 30 ans à Verdun, et c’est en 1999 qu’il inclut le service de panier de Noël, aujourd’hui d’une valeur de 200 à 250$, pour soutenir les familles à faible revenu pendant les Fêtes.
Le 19 novembre, Toujours Ensemble lance sa campagne d’inscription. Quelques jours avant la fin du mois, les 325 places sont toutes comblées, affirme le conseiller au développement philanthropique, Vincent Ploux. Malgré cela, les inscriptions pour avoir des places ne cessent pas, ajoute-t-il, car « elles ont déjà toutes été dévalisées dans le Grand Sud-Ouest ».
M. Ploux admet que des résidentes et résidents des quartiers à proximité les contactent pour s’inscrire à leur liste, puisque « la demande d’aide a explosé dans toutes les régions de Montréal ».
Toujours Ensemble priorise les membres de la communauté verdunoise et de L’Île-des-Soeurs avant d’ouvrir la liste aux autres. Cependant, à ce jour, l’organisme se trouve dans l’impossibilité de pallier cet accroissement.
M. Ploux admet devoir rediriger ces familles vers des organismes, des églises et des paroisses avoisinants en espérant qu’elles trouvent une place.
Souvent considéré comme un deuxième recours par les autres organismes communautaires de Verdun, le projet Panier de Noël, organisé par la paroisse Saint Willibrord, redirige maintenant les demandeuses et demandeurs vers d’autres endroits cette année, affirme la coordonnatrice du projet, Angèle Laflèche.
Mme Laflèche indique que la paroisse Saint Willibrord offre ce service à Verdun depuis plus de 100 ans, mais qu’aujourd’hui, il y a un grand besoin de le maintenir, surtout avec le changement de population dans l’arrondissement ces dernières années.
« On a pris plus que ce qu’on a planifié. La vérité, c’est qu’on pensait qu’on aurait autour de 200 cette année, mais il y a un gros besoin. Donc, on a ajouté 10 de plus, 20 de plus. Maintenant, on est plus haut que ce qu’on a planifié », dit-elle en gloussant nerveusement.
Maintenant que les inscriptions sont officiellement terminées, Mme Laflèche explique qu’ils sont en mode préparation intensive afin de maintenir leur promesse envers les 240 familles.
Même si le projet panier de Noël a dépassé la limite initiale, les demandes continuent d’affluer à la paroisse. « Ça me brise le cœur de devoir refuser les requêtes, dont la plupart sont de nouveaux arrivants », se désole-t-elle, « mais il y a une limite aussi, c’est la même chose avec tous les organismes ».
C’est pour cela que les organismes communautaires de Verdun s’entraident pour ne pas laisser ces familles dans le besoin, affirme Mme Laflèche, mais ça ne s’arrête pas là. Parfois, elle doit entrer en communication avec des organismes en dehors de son quartier.
« Des fois, on a des appels de personnes qui habitent [à Montréal-Nord]. Je dis : “Qu’est-ce que tu fais ? On est loin ! Je ne peux pas livrer à Montréal-Nord.” Donc, je transfère », explique-t-elle.
Depuis qu’elle est très jeune, Mme Laflèche s’implique dans ce projet et le coordonne depuis près de 14 années d’affilée. Pour elle, offrir de son temps pour la préparation de paniers de Noël, c’est plus qu’un don de soi, « c’est une partie de ma vie, de la vie de ma famille aussi, c’est une partie de mon identité », confie-t-elle. Cette tradition transgénérationnelle se poursuit dans sa famille et, dès qu’elle en a l’occasion, elle invite les gens de son entourage à donner de leur temps pour l’assemblage des boîtes qui débutera dès le 8 décembre.
Également, la paroisse a mis sur pied un système de panier de Noël personnalisé. Mme Laflèche tente d’offrir, comme un cadeau à chaque famille, deux à trois boîtes de denrées d’une valeur approximative de 200$ chacune.
Elle exprime vouloir « que la personne sache que quelqu’un pense à elle, que ce n’est pas de sa faute et que ce n’est pas négatif de demander un panier ».
Dans Le Sud-Ouest, la demande a explosé également
Il y a un mois de cela, le Comité d’éducation aux adultes (CÉDA) a proposé aux organismes homologues des quartiers de Saint-Henri et de la Petite-Bourgogne de desservir leurs bénéficiaires durant le temps des Fêtes.
Grâce à un financement de Moisson Montréal, ceux-ci pourront offrir 450 paniers de Noël, explique un membre de CÉDA, Louis-Marc Chiasson. Par la suite, une quarantaine d’organismes communautaires, dont Épicentre Saint-Henri, leur ont fourni les noms de leurs bénéficiaires désirant avoir accès à ce service.
Toutefois, Yannick Bourassa, agent communautaire à Épicentre Saint-Henri, affirme se retrouver avec une quarantaine, voire une cinquantaine de leurs membres à devoir soutenir avec des paniers de Noël, car il ne reste plus aucune place sur la liste du CÉDA.
« On croyait pouvoir inscrire tout le monde de notre liste de bénéficiaires au CÉDA mais, dans la mesure où ce n’est pas possible, on a dû se retourner de bord et puis trouver d’autres solutions qu’on doit créer nous-mêmes », explique M. Bourassa.
Il mentionne que Épicentre Saint-Henri sera soutenu par Moisson Montréal afin d’aider les familles membres de l’organisme uniquement, « mais c’est sûr qu’on pourrait servir encore plus de personnes, mais c’est la limitation des denrées [qui les retiennent] », confie-t-il.
…et à LaSalle ?
« Effectivement, c’est parce que le besoin est de plus en plus grandissant à LaSalle », explique l’adjointe exécutive de Bienvenue à l’immigrant (BAI), Évelyne Chouambou. Cela va faire cinq ans que BAI prend la responsabilité d’aider les familles laSalloises vulnérables en leur offrant des paniers de Noël.
Mme Chouambou ajoute que, l’an dernier, l’organisme a aidé 300 familles avec des paniers de Noël d’une valeur de 300$ chacune, remplis de produits frais et non périssables, grâce aux dons privés.
Depuis le début du mois de novembre, BAI a débuté la campagne d’inscription. Les LaSalloises et LaSallois peuvent s’y inscrire à travers un formulaire numérique publié sur leurs réseaux sociaux et lors de séances en présentiel à la banque alimentaire HOPE, à LaSalle. Déjà, l’organisme rapporte avoir récolté 152 inscriptions, soit 500 individus.
Mme Chouambou dit vouloir arrêter les inscriptions à 300 familles comme l’an dernier mais, dépendamment de l’aide financière reçue, l’organisme espère pouvoir aller au-delà de cette limite.
La présidente de BAI, Henriette Mvondo, précise aussi que la Table de développement social de LaSalle, avec laquelle BAI travaille en concertation, se charge de la recherche de financement, contrairement aux éditions précédentes.
« On est confiant que les LaSallois ont toujours été très généreux, sensibles au bien-être de toute la communauté et même des communautés vulnérables », affirme Mme Mvondo. Selon elle, le plus important est d’assurer le bon déroulement de l’opération.
Tous les organismes communautaires mentionnés sont à la recherche de bénévoles pour les aider à préparer et à livrer les paniers.
La photo de couverture a été prise en 2022 par Christine Vallières lors de la préparation des paniers de Noël par Toujours Ensemble.
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