Pour commémorer la tuerie à l’École polytechnique de Montréal, le projet Couverture Montréal 2025 a invité les habituées et habitués du café verdunois Komma Rosta le 6 décembre pour tricoter et crocheter des carrés dans le but de collecter des dons pour des refuges pour femmes.
C’est la mission que s’est donnée Nori Bortoluzzy, fondatrice de Nota Bene et organisatrice du projet Couverture Montréal 2025.
Cette initiative, grandement inspirée du projet Viva Vittoria en Italie, s’évertue à sensibiliser la population sur les violences dues au genre en tricotant ou crochetant des carrés de 50cm x 50cm qui, par la suite, seront assemblés pour en faire de grandes couvertures.
Puis, le 10 mai 2025, celles-ci couvriront l’Esplanade Place Ville-Marie à Montréal et « les visiteuses et visiteurs pourront faire un don minimum et choisir une couverture en échange », explique l’organisatrice, en anglais, dans une entrevue avec Nouvelles d’Ici.
Autrement dit, cette journée servira à collecter des fonds. Les dons recueillis reviendront à quatre refuges pour femmes, à savoir : l’Auberge Shalom, Chez Doris, Le Chaînon et le Foyer pour femmes autochtones de Montréal.
Unique en son genre, ce projet s’installe en Amérique du Nord pour la première fois après que Mme Bortoluzzy, elle-même d’origine italienne, l’ait découvert par hasard lors d’un de ses voyages dans son pays natal.
« Je pensais que c’était une belle façon de sensibiliser en impliquant la communauté. Tricoter et crocheter, tout le symbolisme du tricot consiste à travailler avec vos mains pour y mettre beaucoup de soin et de compassion. Pour moi, cela reflète simplement ce que j’aimerais transmettre avec ces survivantes, ces femmes qui ont enduré la violence », confie Mme Bortoluzzy.
Tricoter n’est qu’un prétexte
Une ambiance chaleureuse règne dans le café, situé au coin des rues Melrose et Wellington à Verdun. En ce début de soirée, quelques personnes, majoritairement des femmes, prennent chacune place dans un coin et se mettent à tricoter calmement, alors que d’autres bavardent en groupe.
Pour Odile Joron, étudiante au certificat en journalisme multiplateforme à l’Université de Montréal, tricoter n’est qu’un prétexte pour rencontrer de nouvelles personnes. Selon elle, cette activité permet de créer un espace sécuritaire pour réunir des femmes de la communauté, d’encourager les rencontres et de tisser de nouveaux liens.
« Le prétexte est que les femmes se regroupent dans chaque communauté, dans chaque quartier. C’est comme ça qu’on a plus de force », affirme Mme Joron.
Sensibiliser dès le plus jeune âge
April* et ses deux jeunes filles, Kaiya et Chloé, se sont déplacées de Notre-Dame-De-Grâce spécialement pour prendre part à l’activité de crochet.
« En tant que mère, j’essaie toujours de trouver des occasions de nous ouvrir aux autres, de redonner ou de nous impliquer. De plus, en tant que maman de deux filles, surtout avec cette cause de la violence contre les femmes, c’est comme si ça nous touchait de plus près » , explique-t-elle.
Avant de venir au café, April a pris le temps d’expliquer à ses filles le raisonnement derrière l’activité et de cette journée si marquante au Québec. L’ainée, Kaiya, avoue que c’est très triste d’apprendre qu’un homme a pu commettre un tel crime envers des femmes. Par la suite, sa mère ajoute que « la sensibilisation est importante, surtout dans cette génération afin que l’histoire ne se répète pas. »
*April et ses filles ont préféré ne pas partager leur nom de famille.
Les photos dans cet article ont été prises par Myrialine Catule le 6 décembre 2024.