Inventaire des couleuvres brunes par Héritage Laurentien
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Sans danger, mais en danger : les couleuvres brunes sur la piste cyclable de Verdun, l’Île-des-Soeurs et LaSalle

Si les serpents en général peuvent déclencher de nombreuses réactions de peur, les couleuvres brunes d’ici n’ont vraiment rien d’effrayant. 

Ces tout-petits serpents, qui viennent de faire l’objet d’un inventaire à Verdun-IDS et LaSalle commandité par Héritage Laurentien, se faufilent entre les herbes et les roches près des berges du Saint-Laurent. 

Couleuvres brunes : inoffensives, protégées mais en grand danger sur… la piste cyclable d’IDS !

Complètement inoffensives, elles sont particulièrement à risque en octobre. À l’automne, la piste cyclable riveraine entre LaSalle et l’Île-des-Soeurs devient la route de tous les dangers pour ces petits reptiles. “Quand l’air est plus frais, elles commencent à chercher un endroit où hiverner”, explique Virginie Michaud, coordonnatrice de l’éducation relative à l’environnement chez Héritage Laurentien. En chemin, il n’est pas rare qu’elle fassent une pause-détente sur l’asphalte noir, plus chaud sous l’action des rayons du soleil. “C’est ce qu’elles font en été, mais sur des roches”, souligne Mme Michaud. 

Longiformes, brunes et immobiles au milieu de la piste cyclable, les couleuvres brunes ressemblent alors à de fines brindilles. C’est à s’y méprendre de loin sur un vélo. Les cyclistes n’ont même pas le réflexe de les éviter pensant avoir à faire à de petites branches.

“On en a retrouvé plusieurs écrasées sur la piste de l’Île-des-Soeurs lors de l’inventaire qui vient de se terminer”, raconte la LaSalloise avant d’appeler les adeptes du vélo à la vigilance afin de ne pas nuire à cette espèce protégée. 

Une population à LaSalle et Verdun en légère diminution selon Héritage Laurentien

Réalisé à 10 ans d’écart du premier, l’inventaire des couleuvres brunes sur les berges de LaSalle et de Verdun a révélé une légère diminution de leur nombre. Entre 2011 et 2021, la baisse observée est de 13.5%.

Étudiante en maîtrise de Gestion de la biodiversité à l’Université de Montréal, Marie-Claude Rajotte a commencé ce travail de recensement l’été dernier, dans le cadre de ses études. Passionnée par les couleuvres depuis l’enfance, elle aimait déjà attraper ces mal-aimées pour les observer avant de les relâcher. Pour son projet de recherche, elle a suivi un protocole identique à celui de l’inventaire de 2011 afin de déterminer l’évolution de la population à LaSalle, Verdun et l’Île-des-Soeurs. 

L’approche adoptée se base sur la capture des couleuvres, leur marquage et leur recapture. “Cette méthode permet d’estimer au mieux la taille de la population”, explique Mme Rajotte.

Cette dernière a attrapé, mesuré et numéroté au feutre permanent des couleuvres brunes sur 9 secteurs de l’Île-des-Soeurs pendant 6 semaines à raison de 3 jours par semaine cette année. “Pour les individus de plus de 20 cm, nous avons aussi identifié leur sexe”, précise-t-elle. 

Victimes d’accidents de vélo ?

Au-delà de la légère baisse du nombre total de couleuvres brunes comptabilisées, l’inventaire a révélé un changement dans le ratio entre les mâles et les femelles. Le ratio était de 1 pour 1 en 2011, mais de 2 femelles pour 1 mâle en 2021.

La constitution de la population a aussi changé avec la présence de moins de jeunes femelles. “Les plus âgées sont de meilleures reproductrices, mais cette baisse pourrait poser un problème dans quelques années”, alerte l’étudiante en gestion de la biodiversité.

La multiplication des collisions mortelles avec les roues des vélos sur la piste cyclable pourrait être l’une des causes de cette mortalité chez les jeunes spécimens.

En danger, mais sans danger

Protégée, la couleuvre brune est l’une des plus urbaines qui existent. On la retrouve d’ailleurs majoritairement sur l’Île-de-Montréal, à l’exception de quelques secteurs de Laval. “On n’en trouve pas sur la rive Sud”, confirme Virginie Michaud. Jouant un rôle important dans l’écosystème d’ici en se nourrissant de nombreux insectes, elle est très sensible aux polluants. 

En revanche, elle ne présente aucun danger pour vous. Mme Michaud est catégorique : il n’y a aucun serpent dangereux au Québec, contrairement à d’autres parties du monde. 

“Les couleuvres ne mordent pas car leurs petits crocs servent uniquement à manger les petites proies qu’elles attrapent”. De simples ustensiles de table en quelque sorte qui ne vous blesseront jamais plus que les épines d’un framboisier… 

La photo en haut de cet article a été prise par Virginie Michaud et est une composition de deux clichés pris lors de l’inventaire des couleuvres brunes.


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Karine Joly
Résidant dans le Bronx à LaSalle depuis 2004, Karine a fondé Nouvelles d'Ici avec un groupe de citoyennes et citoyens en octobre 2020. Elle en est la rédactrice en chef, à titre bénévole, depuis ce lancement. Journaliste locale en presse écrite et radio au début de sa carrière en France, elle a aussi été managing editor de la section Cities & Towns d'une grande dot com américaine à New York. Karine a ensuite fondé sa famille et un centre de formation en ligne pour les professionnels de la communication numérique universitaire. Elle travaille pour une université à Montréal depuis décembre 2022.