Le mardi 21 janvier, les représentants des propriétaires du site au 8, Place du Commerce à L’Île-des-Sœurs, ont fait face à une salve de questionnements et de critiques mêlés de frustration de la part des citoyens et citoyennes présents à cette première consultation publique.
Au Centre communautaire Elgar, une cinquantaine de personnes est venue assister à la présentation du projet conjoint du Groupe Mach, du Groupe DuCan Corporation et de PUR Immobilia. Le public a également suivi un document complet toujours disponible sur le site de l’arrondissement de Verdun, les explications des modalités d’approbation référendaires, et a pu prendre la parole.
Contexte du projet
Acquis en décembre 2023, ce terrain de 12 077,4 m² prévoit la construction d’un immeuble de 13 étages comprenant 502 unités résidentielles et 2 382,7 m² d’espaces commerciaux. Bien que le projet ait reçu l’aval du Comité consultatif d’urbanisme (CCU), il nécessite des autorisations pour des usages multifamiliaux, ainsi que des dérogations au Règlement de zonage.
Le projet est assujetti à une évaluation dans le cadre du Règlement sur les projets particuliers de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (RCA08 210 003).
Le projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI), présenté mardi, prévoit entre autres des conditions sur les déchets et résidus de la démolition, la mise en conformité au règlement visant à améliorer l’offre en matière de logement social, abordable et familial, l’architecture, le stationnement et les supports pour vélos.
La hantise d’un nouveau Griffintown
Le public présent le 21 janvier n’était pas au diapason des qualités vantées par le document de présentation.
« On ne veut pas que ça devienne un Griffintown », a lancé Helena Pozdniakova. Une hantise partagée par Geneviève Guay, présidente de l‘Association des propriétaires et résidents de L’Île-des-Sœurs (APRIDS). Celle-ci a rappelé le caractère enclavé de L’Île-des-Sœurs et ses enjeux chroniques, notamment celui de l’accès à l’île et le déficit en équipements d’accueil.
« Avant d’aller de l’avant avec ces projets de développement, est-ce qu’on a prévu d’améliorer l’infrastructure routière ? », demande Dominic Zeppattini.

La peur d’une densification incontrôlée a été exprimée par plusieurs personnes. Jacques Sorin a demandé si « l’étude de circulation a tenu compte des 1 200 logements annoncés à la Cité de l’Île, et des 300 logements qui sont construits déjà ». Ce à quoi a répondu « oui » la conseillère d’arrondissement de Verdun et présidente de la séance, Céline-Audrey Beauregard.
Des reproches ont été adressés aux représentants de l’arrondissement concernant la propension à valider des projets qui ajoutent à la densification, alors que l’île ne dispose pas d’un seul pied carré pour construire une garderie.
« On arrive projet par projet, avec très visiblement une augmentation de la population, une augmentation du nombre de logements qui vont être triplés par rapport à ce qui avait été prévu quand le plan d’urbanisme a été déclenché. Ça va à un rythme fou, et en plus, on a un problème d’infrastructure majeure », a déclaré Mme Guay, rappelant l’impuissance face au manque de terrains pour construire des écoles.
« Il va falloir parler au gouvernement du Québec », à qui elle reproche d’imposer la densification de L’Île-des-Sœurs sans pour autant fournir des services. Un cri de colère que Mme Beauregard s’est engagée à transmettre au conseil d’arrondissement.
Salve de critiques
L’inquiétude autour du va-et-vient des camions de chantier a été exprimée aussi, avec le souhait d’une réglementation stricte qui ferait en sorte d’amortir l’impact sur la circulation et la qualité de l’environnement.
En réponse à la question d’une citoyenne, l’annonce du délai d’exécution, soit 60 mois de la première pelletée à la livraison, a accentué l’appréhension parmi l’assistance.
Plusieurs intervenantes et intervenants ont critiqué la conception même du projet. Yvon Grant estime que « c’est une muraille qu’on nous impose à L’Île-des-Sœurs », en alignant des critiques en rapport avec la volumétrie et un verdissement non visible par les habitants de l’île.
« Dans l’ensemble, il n’y a pas d’harmonie, estime Béatrice Fortin. Il y a trop de vitrage. Ça ne colle pas au cachet de L’Île-des-Sœurs. » À quoi réagit le directeur du développement du territoire et des études techniques de l’arrondissement de Verdun, Daniel Potvin, en expliquant que « la bonne nouvelle » est que le coefficient de vitrage a été revu à la baisse récemment, par une nouvelle réglementation, et que cet aspect-là sera examiné lors du Programme particulier d’urbanisme (PPU).
Pierre Barrieau, représentant de la firme d’urbanisme Gris Orange Consultant, chargé des études techniques du projet, a dû intervenir plusieurs fois pour répondre aux questions du public et tenter de rassurer.
Tâche difficile devant le flux d’interventions chargées de critiques. Pour sa part, M. Potvin a invité le public, à la fin de la séance, à faire confiance aux membres professionnels qui travaillent à l’arrondissement pour garantir l’intérêt de la population vis-à-vis de ce projet.
Prochaines étapes
Après l’assemblée publique tenue mardi 21 janvier, le calendrier prévoit plusieurs rendez-vous avant l’adoption de la résolution en mars 2025, notamment :
- Adoption du second projet de résolution : CA du 4 février 2025 ;
- Avis public sur la tenue du registre — approbation référendaire ;
- Adoption de la résolution : CA du 4 mars 2025 ;
- Certificat de conformité : Mars — avril 2025 ;
- Entrée en vigueur de la résolution.
La photo en ouverture a été prise par Nouri Nesrouche le 21 janvier 2025.
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