Au Carrefour jeunesse emploi du Sud-Ouest (CJESO), des jeunes entre 15 et 18 ans ont choisi d’assister à une formation durant le congé scolaire de la relâche. Plusieurs se préparent à leur première recherche d’emploi, jusqu’à simuler les conditions réelles de l’entrevue d’embauche.
« On aimerait vous dire que le marché de l’emploi c’est le monde des licornes, où il suffit juste de déposer son CV », lance la conseillère en emploi Amanda Jean au groupe de neuf, le mardi 4 mars.
Le formation se déroule en deux journées. Lors de la première, le 3 mars, l’équipe d’animation a initié le groupe aux préceptes du bon CV, suivi ensuite d’une séance de rédaction. Le jour suivant, place aux stratégies même de la recherche et du ciblage des emplois.
« Année après année, je suis toujours très surprise qu’on ait autant de jeunes, pendant leur congé scolaire », affirme en entrevue la conseillère en persévérance scolaire, Roxane Côté-Laberge, également membre de l’équipe d’animation. La formule en est à sa neuvième année d’existence.
Après la pause dîner du mardi, il était temps de mettre en pratique toutes les connaissances accumulées : les jeunes déposent leur CV auprès d’autres membres de l’équipe du CJESO, qu’ils n’ont jamais rencontrés. S’ensuit alors une simulation d’entrevue.
« Plus on a de rencontres [avec les jeunes], plus on se connait », décrit Mme Jean. Mais la familiarité n’est pas typique du marché de l’emploi. À l’aise, le choix des mots est moins critique, « mais l’employeur, il ne te connaît pas, donc il se dira “elle n’est pas fiable ”» si la démarche n’est pas ajustée.
Dès l’ouverture de la porte, il faut incarner à chaque instant la posture du recruteur, avance le coordonnateur du CJESO, Vincent Chamard-Morin, habitué à simuler le recruteur. « C’est un grand stress d’aller vers un premier emploi. “J’ai pas d’expérience, pourquoi il m’engagerait ?” », illustre-t-il. Selon lui, le but de l’exercice est moins d’apprendre à se vendre et plutôt d’apprendre à se connaître.
Emploi et scolarité: synergie ou bras de fer ?
La conseillère en communication du CJESO, Coralie Delisle, joue pour la première fois le rôle de potentielle employeuse.
Lorsqu’elle avait 15 ans, Mme Delisle a couvert des quarts de travail de nuit les fins de semaine à un emploi étudiant. Sa famille a voulu parler aux gérants pour faire changer son horaire. Cela « avait fait beaucoup de frictions » entre elle et ses parents. « Avec le recul, faire des shifts de nuits ? Moi même en tant que parent, je n’accepterai pas », dit-elle.
Au Québec, l’âge minimum légal pour travailler est de 14 ans. Une personne tenue de fréquenter l’école ne peut travailler plus de 17 heures par semaine, dont un maximum de 10 heures entre le lundi et le vendredi.
À titre de conseillère en persévérance scolaire, Mme Côté-Laberge est la seule de son équipe qui rencontre les personnes de moins de 16 ans, « pour qu’ils ne décrochent pas des bancs d’école ».
Un « petit travail » motive à poursuivre l’éducation, soutient-elle, car l’expérience de l’emploi développe la compétence et la confiance en soi. Le diplôme scolaire devient ainsi un objectif professionnel dans la quête d’une carrière.
Travailler, c’est « avoir de l’expérience », déclare le jeune Rodrigue, 16 ans. Mais aller à l’école est tout aussi crucial « pour la personne que je deviendrai plus tard dans la société », tranche-t-il.
Son homologue, Atiyat, est venue avec sa famille du Soudan en 2019. Au Québec, « j’ai réalisé qu’il y a des opportunités d’emploi pour les jeunes comme moi qu’il n’y a pas dans mon pays. Je dois saisir l’occasion », affirme la jeune femme de 18 ans, qui voulait travailler depuis ses 15 ans.
Ses parents trouvaient qu’elle était trop jeune à ce moment-là. Aujourd’hui, ils comprennent son désir d’autonomie, sa « personnalité de base », mais continuent de la soutenir pour qu’elle ne manque de rien.
L’image de couverture de cet article a été prise le 4 mars par Aziz Mestiri.
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