Il y avait foule ce 5 décembre au Théâtre du Grand Sault du Centre culturel et communautaire Henri-Lemieux à LaSalle. Pour cause, la consultation publique sur l’avenir de l’ex-école Allion dans le quartier du Bronx s’y tenait, une consultation organisée par l’Arrondissement.
Depuis l’abandon des activités en 2007, le site de l’ancienne école a fait l’objet de plusieurs projets de transformation. En cette fin d’année 2024, l’Arrondissement a pris l’initiative de lancer une consultation publique sur le potentiel de requalification du bâtiment pour présenter des scénarios « réalistes répondant au mieux aux besoins de la communauté », comme l’indiquait l’annonce officielle.
Les résidentes et résidents du quartier étaient venus nombreux pour en apprendre davantage sur les scénarios de développement à l’étude et interagir avec les personnes élues et les fonctionnaires chargés d’expliquer les propositions et de noter les suggestions du public. « On s’attendait à ce qu’il y ait des gens qui viennent, mais vraiment, là, ça a été au-delà de mes attentes. On voit l’intérêt que le projet provoque chez les gens », confie Claude Dorion, président d’Allions-Nous. Cet organisme a été fondé, il y a quatre ans, autour du projet de requalification du bâtiment pour en faire un pôle culturel et communautaire.
La colère d’Agnès et des autres
Les visiteuses et visiteurs ont consulté les nombreuses planches et posé des questions. Certains ont formulé des propositions sur des post-it fournis par les organisateurs, d’autres sont repartis déçus et chargés d’appréhensions sur l’avenir de leur quartier.
Déception, colère et peur. C’est ce que ressentait Agnès Pamart à sa sortie de la salle où se tenait la consultation. Pour elle, les bâtiments présentés dans les scénarios sont énormes et hauts. L’école et son annexe déjà en place sont déjà imposantes, mais l’ensemble est patrimonial et fait partie du quartier, « mais rajouter par-dessus deux étages, je trouve ça fou », fulmine-t-elle. Mme Pamart craint sérieusement que les logements soient la seule option. « J’ai peur qu’on nous impose des logements, parce qu’il n’y a pas l’air d’avoir d’alternative », conclut-elle.
La crainte de densification est partagée par une autre personne, ancienne élève de l’école, qui a préféré garder l’anonymat. « C’est plus que la 4e et la 5e avenues combinées, c’est trop grand, trop de monde », a-t-elle confié à Nouvelles d’ici.
Pour sa part, Isaac Doughty, employé de l’Éco-quartier LaSalle, s’est inquiété de la disparition des espaces ouverts, dans les trois scénarios, devant l’implantation de bâtiments d’habitation. Pour lui, conserver, c’est mieux que reconstruire, parce qu’« en conservant le patrimoine du bâtiment qui existe déjà, on évite le gaspillage, et on évite de dépenser cette énergie sans raison ».
Explications de la mairesse
Questionnée par Nouvelles d’Ici sur ce qui a poussé l’Arrondissement à passer à l’action maintenant, la mairesse de LaSalle, Nancy Blanchet, explique que « c’est parce qu’on veut qu’il se passe quelque chose avec la commission scolaire qu’on a fait cette initiative ». C’est de la Commission scolaire Lester B. Pearson (CSLBP) qu’il s’agit. Propriétaire du bâtiment, elle veut vendre, selon Mme Blanchet.
Les efforts pour récupérer le bâtiment au profit de la communauté ne semblent donc pas avoir abouti. La démarche actuelle de l’Arrondissement se voudrait donc programmatique. L’objectif serait de baliser en amont l’avenir du bâtiment et d’éviter un scénario qui n’obtiendrait pas un certain niveau d’acceptabilité sociale.
« Ce qu’on veut absolument, c’est pouvoir indiquer à la commission scolaire quelles seront les balises à l’intérieur desquelles un futur projet pourra se développer. » Mme Blanchet précise que le but de la consultation est de cerner « ce que les citoyens sont prêts à accepter dans ce bâtiment-là et qu’est-ce qu’ils ne veulent absolument pas, afin de bien orienter la commission scolaire dans son exercice de vente du bâtiment ».
Par ailleurs, il n’y a rien qui empêche le comité Allions-Nous, précise Mme Blanchet, de revenir à la charge et de renégocier avec la commission scolaire.
Rentabilité ou acceptabilité ?
De son côté, le président d’Allions-Nous a affirmé que son organisme ne cessera pas « de travailler et négocier avec la commission scolaire pour avoir plus que ce qu’on a aujourd’hui ». Il a aussi indiqué que son organisme veut être impliqué dans la démarche de l’Arrondissement. « On veut qu’Allions-Nous soit présent à travers les processus qui vont être enclenchés à partir de maintenant », a-t-il dit.
L’Arrondissement essaie d’anticiper les possibilités en prenant en compte l’aspect financier, qui va motiver le vendeur du bâtiment, ainsi que le potentiel de développement d’un côté et d’un autre tous les enjeux exprimés par la population du quartier, notamment en matière de densité, de hauteurs, de stationnement et d’environnement. « C’est sûr qu’on est conscient qu’il faut que ce soit rentable. Il faut que ce soit socialement acceptable aussi et que ça respecte la trame urbanistique qu’on a présentement », souligne M. Dorion.
Présent lors de cette soirée, le député fédéral Louis-Philippe Sauvé a regretté l’absence de scénario qui inclut la préservation des deux bâtiments, c’est-à-dire l’annexe et l’école Allion, tout en disant comprendre les enjeux économiques.
Pour beaucoup, le scénario idéal est de récupérer le bâtiment patrimonial et de pouvoir le préserver tout en lui donnant une fonction bénéfique pour la communauté.
« Je veux vraiment être là pour favoriser le consensus et faire en sorte que, s’il y a des enveloppes fédérales qui sont disponibles pour des projets de cette sorte, on puisse les obtenir », a déclaré M. Sauvé en conclusion.
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Jusqu’au 12 décembre 2024, il est encore possible de remplir un court sondage en ligne dans le cadre de cette consultation publique.
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Les photos dans cet article ont été prises par Nouri Nesrouche le 5 décembre 2024.
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