C’est à l’invitation de Québec Solidaire Verdun que la population et quatre panélistes du fédéral, du provincial, du municipal et du communautaire ont parlé de logement et plus particulièrement de sa situation à Verdun. L’atelier-conférence a eu lieu le 27 novembre aux Habitations Entre Deux-Âges, un endroit qui offre des logements à prix abordable aux personnes âgées de 75 ans et plus.
Après un portrait de la situation verdunoise par l’animatrice de la soirée, Louis-Philippe Sauvé, député fédéral de LaSalle-Émard-Verdun, Andrés Fontecilla, porte-parole de Québec Solidaire en matière de logement et d’habitation (en remplacement d’Alejandra Zaga Mendez, députée de Verdun), Kaïla A. Munro, conseillère d’arrondissement de Verdun et Marie Frédérique St-Onge, coordonnatrice du Comité d’action des citoyens de Verdun (CACV), ont tour à tour présenté leur analyse avant de répondre aux questions du public.
Le logement sous la perspective fédérale
« On voit la misère de nos concitoyens, on voit ce qui se passe, on voit les prix qui augmentent et je pense qu’il y a tout à fait lieu d’être préoccupé. Le logement, c’est un besoin fondamental. Si on ne peut pas se loger, on ne peut pas être en sécurité, on ne peut pas être en santé ! », s’est exclamé d’entrée de jeu, M. Sauvé.
Bien qu’il ait affirmé que les raisons derrière la crise du logement soient multifactorielles, il a pointé du doigt, entre autres, le sous-investissement au cours des 30 dernières années de la part du gouvernement fédéral. Aussi, la hausse des taux d’intérêt rend difficile le financement de la construction et donc, il y a trop peu de mises en chantier.
« Au gouvernement fédéral, les solutions proposées sont inadaptées en matière de logement, parce que les programmes fédéraux sont souvent soumis à des conditions. On sait que le gouvernement de monsieur Trudeau, qui est très centralisateur, cherche tout le temps à assujettir son financement à des conditions », a déclaré le député du Bloc québécois.
Se fiant à un rapport de son collègue, Denis Trudel, M. Sauvé a proposé plusieurs solutions, dont l’augmentation du financement dédié au logement social et communautaire, la simplification des programmes et l’arrimage avec les programmes du Québec, ainsi que la réduction des taux d’intérêt pour la construction de logements destinés aux personnes à faible revenu.
Le logement sous la perspective provinciale
« Souvent, on va dire que la crise du logement est une crise de l’offre. C’est-à-dire qu’on ne fait pas assez de logements pour l’ensemble de la population. Ce n’est pas tout à fait faux, mais c’est insuffisant. Bien que l’immigration joue un rôle dans cette crise du logement, elle n’en est pas la cause », a analysé M. Fontecilla, puisqu’il avance que la crise du logement remonte à bien avant la croissance exponentielle de l’immigration.
Selon lui, il s’est construit quand même beaucoup de logements depuis quelques années, mais ces unités ne correspondent pas aux besoins de la population, avec une abondance de condominiums et du locatif haut de gamme.
D’après ses observations, les bas taux d’intérêts ont alimenté la spéculation immobilière, l’éviction massive de familles à faible revenu, des augmentations de loyer abusives et le harcèlement envers des locataires pour qu’ils quittent leurs logements à bas loyer.
Parmi les solutions proposées par M. Fontecilla se trouvent une plus importante régulation du marché, les investissements dans la construction de logements, particulièrement des logements sociaux ou des habitations à loyer modique (HLM), mais aussi, la création de fiducies foncières.
Le logement sous la perspective municipale
De son côté, Mme Munro a tenu à remettre en contexte ce que peut faire et a fait la Ville de Montréal en matière de logement. Elle a mentionné que la popularité de Verdun cause des taux d’inoccupation très bas. Dans l’arrondissement, 7% des locataires sont devenus propriétaires en seulement quelques années.
Elle a exposé que plusieurs actions ont été posées par la Ville de Montréal et l’Arrondissement pour tenter de juguler cette crise, dont l’agrandissement et le recentrage du service de l’Habitation.
Aussi, la formalisation du droit de préemption et la création du Règlement pour une métropole mixte (RMM) ont été évoquées. « C’est sûr que, localement, on se pose de sérieuses questions sur notre bilan, parce qu’on veut voir plus de logements hors marché et on veut des outils efficaces », a-t-elle avoué.
Le logement sous la perspective communautaire
Pour terminer ce tour de table, Marie Frédérique St-Onge a brossé un sombre portrait de la crise du logement et de ses impacts sur les Verdunoises et Verdunois en mentionnant tout d’abord qu’il y a une très forte augmentation du nombre de demandes de services depuis les dernières années. Entre 2023 et 2024, c’est 35 % de plus de demandes de service qui ont été faites au CACV, pour un total de 1652 interventions.
« Une bonne proportion des propriétaires auxquels on fait affaire dans les dossiers qu’on traite, ce n’est plus le profil d’une famille qui s’achète un duplex et utilise ses revenus pour payer une partie de son hypothèque. Ce sont des investisseurs, ils sont organisés, ils sont très outillés. Ils ont beaucoup de ressources et ils voient les locataires comme une nuisance », a-t-elle tonné.
Elle a cité en exemple « un spéculateur immobilier bien connu à Montréal qui s’installe à Verdun, qui embauche des fiers-à-bras pour intimider les locataires, lors de la remise d’avis d’éviction, de travaux ou d’augmentation de loyer abusif ». D’autres auraient arrosé les locataires ou brisé leurs fenêtres avec des briques, après une audience au Tribunal administratif du logement (TAL).
Mme St-Onge a, entre autres, proposé d’arrêter de donner des permis pour des travaux non urgents « qui peuvent mener à des évictions », et de protéger les unités locatives contre des pratiques, comme les fusions. Malgré cela, elle se réjouit de voir l’esprit de communauté très fort et l’entraide entre les locataires à Verdun.
De nombreuses questions de l’assistance
Autant des jeunes que des moins jeunes étaient présents à cet atelier-conférence.
Micheline Vermette, elle-même propriétaire et anciennement au CACV, loue un logement pour 725$/mois et a affirmé que « les logements sur les avenues sont vieux et il y a des propriétaires qui sont vraiment épouvantables », en mentionnant un cas où une personne l’a appelée à minuit, car son propriétaire venait lui réclamer plus d’argent que son loyer.
Elle se désolait d’ailleurs de voir certains d’entre eux abuser des personnes nouvellement arrivées au pays qui ne connaissent pas encore leurs droits.
Pierre Gauthier, président du conseil d’administration d’Habitations Entre Deux-Âges, a rappelé le projet immobilier sur le terrain adjacent qui est dans les cartons depuis des années, mais qui peine à sortir de terre, et se demandait comment les différents paliers de gouvernement pouvaient financer adéquatement ce type de projets.
M. Sauvé lui a principalement répondu que les perspectives ne sont pas encourageantes au fédéral avec les déficits et la possibilité d’élections prochainement. M. Fontecilla a également mentionné les déficits à Québec et a plaidé pour une mobilisation collective et des milieux financiers en faveur du logement. Pour sa part, Mme Munro a mentionné qu’il faut tous se liguer pour parler et régler la question du coût de la vie.
La photo en haut de cet article a été prise par Carl Sincennes le 27 novembre 2024.
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